L'éditorial de Pierre Laurent dans la revue "Progressistes"

Publié le par Pierre Laurent

L'éditorial de Pierre Laurent dans la revue "Progressistes"

L'humain d’abord » dit nos valeurs, notre objectif, le chemin pour y parvenir. Ce choix vaut pour les sciences et les technologies. Nous n’avons ni à les subir ni à en attendre le remède miracle à la crise, aux inégalités et aux injustices.

Nous savons d’expérience que le progrès scientifique et technique ne signifie pas mécaniquement le progrès social. Souvent même, dans ce monde capitaliste et inégalitaire, dangereux pour l’environnement, il permet des régressions spectaculaires. La puissance mondiale des marchés financiers naît aussi de la puissance de l’informatique.

Pour satisfaire les besoins de chacun des humains sur cette planète, la performance en soi n’est pas toujours nécessaire. Elle doit s’accompagner de la recherche d’une économie de moyens.

Plus l’intelligence intégrée dans les outils est grande, plus ceux qui les utilisent doivent être formés. Plus la technique est forte, plus la politique doit reprendre ses droits.

Aujourd’hui, tout est possible ou presque, tout va très vite ou presque, alors comprendre ce qui arrive, en mesurer les enjeux, ne pas subir, pouvoir dire son mot deviennent les exigences de notre époque.

Le progrès ne vaut que s’il est partagé. Celles et ceux qui créent et produisent les richesses doivent en être les premiers destinataires. Le travail, la recherche doivent passer avant le capital. Le partage des avoirs doit s’accompagner du partage des savoirs et des pouvoirs.

Il s’agit de faire de la société, du peuple, les décideurs. Plus les possibles sont nombreux, plus la discussion sur ce qui est bon de faire, pour qui et pour quoi, devient essentielle. Plus les citoyens doivent être appelés à participer et plus la société doit leur en fournir les moyens.

On nous dit que la science et la technique sont des objets trop complexes pour en saisir le commun des mortels. C’est, au contraire, de leur non- participation au choix que naissent leurs peurs.

Les soi-disant experts, toujours les mêmes, expliquent en permanence ce qu’il faut penser. Il vaudrait mieux donner la parole aux véritables acteurs de la science et des technologies, aux syndicalistes, aux consommateurs, aux usagers, aux citoyens.

82 % des Français pensent que « si on nous écoutait les choses iraient mieux ». Nous le pensons aussi. La démocratie est fondée sur l’idée que, quels que soient son histoire, son niveau de vie, son intelligence, sa culture, chaque individu doit pouvoir participer, à égalité, aux choix politiques. L’impact des sciences et des techniques sur nos vies est tel qu’elles devraient faire l’objet de débats populaires et de décisions elles aussi démocratiques.

Plus la puissance des outils est grande, plus il faut en évaluer les effets, plus le peuple doit en être saisi. Pour aller vers une société plus humaine, nous avons besoin de citoyens plus savants et d’une science citoyenne.

Progressistes, qui fête ses deux ans d’existence, est un de ces outils précieux permettant le partage de l’information, des savoirs et nous questionne sur les enjeux scientifiques et techniques. Un grand bravo à l’équipe de rédaction qui anime ce travail depuis deux ans. 

 

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