Frédéric Boccara, les 86 milliards d'euros promis à la Grèce seront-ils suffisants pour répondre aux besoins?

Publié le par Humanité

 
L'économiste 
à Paris-XIII, membre de la commission économique 
du PCF répond à cette question : Les 86 milliards d’euros promis seront-ils suffisants pour répondre aux besoins ?

 

Le texte signé comprend un volet austéritaire, mais aussi un volet sur le déblocage de fonds, notamment la négociation d’un « nouveau programme du MES » (Mécanisme européen de stabilité), « entre 82 et 86 milliards d’euros », selon les estimations des institutions.

Ce volet explique, outre le rapport de forces très difficile, la signature du texte par Alexis Tsipras, qui y voit une arme dans la bataille. Engager de nouvelles dépenses est décisif. De plus en plus de voix le disent : pour sortir vraiment de l’ornière, la Grèce doit développer son potentiel humain et matériel. Cela veut dire des investissements productifs (point sur lequel une convergence est en train de monter) et développer les services publics (notamment éducation, santé, recherche, etc.).

Ces dépenses d’avenir font dans le même temps une impulsion de demande immédiate. Dans l’histoire, c’est par une nouvelle expansion sociale et productive (dont l’écologie) que l’on sort durablement de ces crises. Les fonds doivent être vraiment débloqués, sans que tout cela soit renvoyé sans cesse aux calendes par des négociations qui jouent la montre.

Ces 82 à 86 milliards d’euros seraient débloqué par le MES à la Grèce. Il faut savoir que le MES emprunte son argent aux marchés financiers, et donc le rembourse notamment à des taux d’intérêt élevés ! Il faut financer la Grèce à 0 % sans passer par les marchés financiers. Pour cela, il serait peut-être possible de passer par le MES ou, mieux, de créer un fonds européen de développement social et solidaire, à gestion démocratique, alimenté à 0 % par les euros de la BCE (autorisé par l’article 123.2 du traité de Lisbonne).

La Grèce doit pouvoir dépenser cet argent pour se développer, selon des critères précis, explicités démocratiquement, au lieu de la tutelle qu’on veut lui imposer.

En particulier, cet argent ne doit pas être englouti dans le remboursement de la dette, ce qui renforce la nécessite de la restructuration. Montrer l’exigence de dépenses nouvelles renforcera aussi la protestation contre les mesures d’austérité. D’autant plus si un mouvement social, citoyen et politique en France et en Europe s’organise pour cette autre utilisation de l’argent, interpellant la BCE et nos gouvernements (dont Hollande-Valls).

Cela répondrait aussi aux exigences démocratiques, sociales et productives dans chacun de nos pays.

Publié dans Grèce

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