Le Medef dogmatique sabote l'Assurance Chômage ...

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Le Medef dogmatique sabote l'Assurance Chômage ...

Jeudi, syndicats et patronat ont acté le naufrage de la négociation Unedic et du paritarisme, passant la main à l’Etat pour prolonger la convention actuelle. L’attitude de blocage du Medef depuis des mois est unanimement dénoncée. Un échec cuisant. Une faillite quasi inédite du dialogue social.

Syndicats et patronat, réunis hier au siège du Medef, sont arrivés à un constat de désaccord dans les négociations sur l’assurance chômage à l’issue de huit séances qui ont mené droit dans le mur, laissant de fait l’État aux commandes sur ce dossier épineux.

Depuis le refus du conseil exécutif du Medef, lundi dernier, de donner mandat à son négociateur pour une hausse des cotisations patronales, condition sine qua non pour les syndicats, toute perspective d’aboutir s’était éloignée. Une faillite totalement assumée par son négociateur Jean Cerutti : « Nous n’avons pas eu de mandat sur l’évolution des cotisations, c’est resté vrai jusqu’à la fin. »

Ainsi le Medef est prisonnier d'une vision archaïque des relations sociales en voulant imposer aux syndicats négociateurs une baisse du "coût du travail". Le patronat est dans l’incapacité de dépasser sa posture dogmatique visant à “punir” les chômeurs et les intermittents de ne pas vouloir travailler et qu'il accuse d'être trop payés pour rien !

Un comble quand on sait que le patronat ne cesse d'affaiblir notre pays en cassant l'emploi, au point qu'il en redemande avec la loi ElKhomri. Il est coupable et ne veut pas payer sa casse sociale. Alors il parasite les discussions depuis des mois. Pierre Gattaz menaçant même, un temps, de jouer la politique de la chaise vide contre une réécriture de la loi El Khomri, avant de se raviser.

Pour Éric Aubin, chargé des questions d’emploi à la CGT, « le patronat est entièrement responsable de cet échec, on ne s’est pas retrouvé dans cette situation depuis 1982 ! ». Un constat partagé par l’ensemble des syndicats. Véronique Descacq, représentante de la CFDT, estime qu’« il n’y a jamais eu de négociation ». Sur la même longueur d’onde, Éric Courpotin, représentant de la CFTC, déplore « beaucoup de mois de travaux pour rien, le Medef joue avec les demandeurs d’emploi ». « Il ne faut plus que les négociations se passent au Medef » De son côté, Jean-François Foucard, de la CFE-CGC, se dit aussi « inquiet sur le paritarisme. Ça fait deux ans qu’on demande une nouvelle façon de négocier, c’est un problème quand celui qui tient la plume (le Medef) est autiste à tout ce que les autres proposent ». Michel Beaugas, de FO, est, lui, excédé : « Il ne faut plus que les négociations se passent au Medef. Son président a une position plus politique que paritaire. »

Un communiqué du ministère du Travail a donc annoncé, hier après-midi, que l’État reprenait la main par décret pour prolonger l’actuelle convention au-delà du 30 juin, soulignant que « l’attitude du patronat a conduit au blocage ».

Reste à savoir dans quelles conditions ces règles d’assurance chômage vont être rallongées, sachant que l’État s’était engagé à réaliser 800 millions d’euros d’économies dans la loi de finances pour 2016. Pour Éric Aubin, cette prolongation ne doit pas se faire dans n’importe quelles conditions mais « en intégrant de nouvelles mesures de recettes pour l’assurance chômage, avec la surcotisation sur les contrats courts, des déplafonnements des allocations et cotisations comme nous le proposions, et doit aussi inclure les nouvelles règles pour les annexes 8 et 10 ».

Sur la question de l’accord intermittent du 28 avril dernier, le ministère du Travail a promis de le transposer au plus vite, assurant que « le projet de décret nécessaire à cet effet sera transmis au Conseil d’État d’ici à la fin du mois de juin et publié au Journal officiel d’ici à la mi-juillet, date à partir de laquelle il produira ses effets ». Mais tant que rien n’est gravé dans le marbre, la pression reste maintenue. À Avignon, 76,8 % des salariés réunis du festival in se sont déjà déclarés en grève.

Pour Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle : « Il vaudrait mieux que la ministre de la Culture vienne à Avignon avec le décret. »

Le ministère du Travail souhaite également que syndicats et patronat reprennent les discussions à la rentrée. Un délai impossible à tenir pour les participants, tant le Medef campe sur ses positions, crispé par la loi travail, l’approche de la présidentielle et des élections mi-2018 au sein de son organisation. « Notre vision passe par une nouvelle vision du contrat de travail, ose aussi Jean Cerutti, sinon on restera sur des blocages tels que ceux-ci. »

Non loin du siège de l’organisation patronale, quelques notes de l’Internationale version jazz s’élèvent.

Une centaine de manifestants, principalement des intermittents du spectacle, brandissent une banderole : « Le Medef, partenaire social, quelle comédie ! »

Tout est dit.

Publié dans Social

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