Biélorussie : étrange et inquiétante position de la CGT

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Gros week-end de débats et de mobilisations des biélorusses avec leur Président
Gros week-end de débats et de mobilisations des biélorusses avec leur Président

Gros week-end de débats et de mobilisations des biélorusses avec leur Président

La CGT a publié un communiqué sur la situation en Biélorussie que les lecteurs de notre Blog trouveront sur le site de la CGT.

Ce communiqué semble ignorer les enjeux géopolitiques de la période pour lesquels Trump et Macron font feu de tout bois pour déstabiliser cette partie de la planète (Est de l'Europe - Russie - Moyen Orient)

Elle doit connaitre la position de la Fédération des syndicats de Biélorussie, le plus grand syndicat du pays, dont les activités se sont étendues depuis 1991 au secteur privé et dont 75 % des membres appartiennent à ce secteur.

La direction de la CGT doit savoir que les forces d’opposition présentes en Biélorussie n’ont présenté aucun programme au moment où la pression des oligarques, tant russes qu'occidentaux, était très forte pour casser le modèle social de la Biélorussie, une société avec le quasi-plein emploi, des prestations sociales généralisées et un secteur public dominant qui se heurte à des pressions visant à soumettre le pays aux privatisations et au bradage des entreprises publiques.

La CGT devrait être sensible à ces enjeux. Elle sait bien que le capitalisme financiarisé lorgne sur certains marchés juteux et surtout lorgne sur la possibilité d'exploiter outrageusement les salariés de l'Est de l'Europe comme il l'a fait avec d'anciens pays soviétiques.

Le 17 août, le président Loukachenko s’est rendu au devant des ouvriers d'une usine de tracteurs de Minsk pour répondre à leurs questions et expliquer que dans une société de quasi-plein emploi comme en Biélorussie, ceux qui ne veulent pas travailler sont libres de le faire mais alors ils deviennent des chômeurs volontaires. Et s’ils préfèrent le système capitaliste, alors le chômage deviendra massif et ils n’auront plus la liberté de faire grève.

La CGT pourrait exiger en France que le Président Macron ait le même courage et vienne s’expliquer devant les multiples manifestants lors des manifestations des deux dernières années (Code du travail, Cheminots, Gilets Jaunes, retraités et contre son projet de casse des retraites) comme l’a fait le président de la Biélorussie.

Il n’a jamais été question de criminaliser les activités syndicales en Biélorussie où la majorité des entreprises sont publiques et où les syndicats participent aux consultations et aux décisions en jouant un rôle actif dans la mise en place de la politique du quasi-plein emploi et de maintien des garanties sociales et sanitaires de base en vigueur.

Les élections en Biélorussie n’ont pas été organisées à la va-vite, elles étaient prévues depuis longtemps. Si elles peuvent être contestées comme beaucoup d’autres élections dans le monde, y compris dans les pays occidentaux, rien ne permet d’affirmer que la campagne a été plus injuste ici qu’ailleurs car, si tel était le cas, pourquoi alors les candidats d’opposition se sont-ils présentés à ces élections ?

Parler de régime autoritaire depuis 26 ans, c’est contester toutes les élections précédentes, pourtant validées par différents organismes parmi lesquels l’OFCE. C’est donc contester l’honnêteté de ces organismes et des observateurs internationaux.

Les choix stratégiques d’un Etat sont faits par le pays concerné en toute souveraineté et qualifier l’indépendance et le non alignement choisis par la Biélorussie de « double jeu » parce que Minsk refuse de s’aligner sur Bruxelles, Washington ou Moscou, est inquiétant pour la CGT qui adopte une logique supranationale et de bloc telle qu’elle est mise en place par l’UE et l’OTAN et qui limite l’indépendance des peuples et le droit au contrôle public de son développement économique et social.

Les choix faits à Minsk de ne pas calquer le système social du pays sur celui de ses voisins de l’Est ou de l’Ouest, témoignent du refus d’accepter une politique de privatisations des fleurons de l’économie du pays au profit des capitalistes russes ou occidentaux. Le président Loukachenko a rappelé devant les ouvriers que s’il appliquait les choix faits dans les pays voisins, une partie des grévistes deviendraient alors des chômeurs conformément aux lois de ladite « économie de marché libre et non faussée » et qu’ils devraient définitivement cesser de travailler. La CGT souhaite-t-elle l’extension à la Biélorussie du régime économique et social injuste et inégalitaire en vigueur en France ?

Ce week-end, il y a eu deux manifestations « importantes » à Minsk, une pro-gouvernementale et une anti-gouvernementale. Rien ne permet d’accorder à une seule option politique le monopole de la représentativité « du » peuple de Biélorussie, contrairement à ce qu’affirme la CGT.

Les grèves dans le pays semblent par ailleurs partielles et localisées surtout dans la capitale, et la CGT n’a pas à prendre pour argent comptant les exagérations des groupes d’opposition ou des petits syndicats minoritaires du pays.

Rien ne permet d’affirmer que la grève s’étend, on a même l’impression que les propos de Loukachenko aux ouvriers de l’usine de tracteurs sur les conditions de travail dans les pays capitalistes a contribué à calmer les ardeurs des quelques mécontents.

Sources Page Facebook de Bruno Drweski

Publié dans Europe, International

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