Bravo ! Une place Jean Ferrat à Paris
Ce sont les habitants du quartier qui ont choisi de baptiser le lieu au nom de Jean Ferrat, disparu il y a tout juste cinq ans, témoignant une fois de plus de la place à part qu’il occupe dans le cœur des français. Ils sont des centaines : habitants du quartier, militants communistes, fan(e)s du chanteur. L’un d’entre eux porte la triple casquette.
La place sur laquelle donne ses fenêtres va désormais porter le nom de « celui qui a accompagné les grands moments de sa vie ». Une passante, qui finit son marché, est interpellée par les paroles de « Regarde toi Paname » : « Tu trouves la misère importune/Mais tu portes tes beaux quartiers…Mais à trois pas de tes hauts marbres/En face du quai de Passy/Y a des mômes de par ici/Qui n'ont jamais grimpé aux arbres »…
Elle repart avec le numéro spécial de l’Humanité sous le bras. Et ils sont nombreux à se l’arracher « ce journal que l’on vent le matin d’une dimanche ».
Car ici pas question d’édulcorer Ferrat. On est à deux pas du mur des Fédérés, du Square Marcel Rajman, au cœur du Paris populaire. « A rebours de toutes les incantations identitaires frelatés », rappelle la maire de Paris, entourée de Pierre Laurent et des élus communistes.
« Non, tu n’as pas chanté pour passer le temps », lance au micro Gerard Meys, ami et producteur de l’artiste, avant que sa fille, Véronique Estel, ne scande à son tour les vers du poète. Envahie d’émotion, la complice de toujours, Isabelle Aubret interprète « Ma France ».
En cette période qui sent le soufre, les mots du poète en soulèvent plus d’un, conscients « qu’ils tiennent l’avenir, serrés dans leurs mains vides ».