Les communistes doivent rester les seuls maîtres des décisions qui les engagent pour 2017

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Les communistes doivent rester les seuls maîtres des décisions qui les engagent pour 2017

Comment construire le rassemblement? Quelles initiatives pour les législatives? Quel choix de candidature à l'élection présidentielle ? Comment faire en sorte de créer une dynamique qui conduise la gauche antilibérale et progressiste au second tour de la présidentielle de 2017? Telles sont les questions sur lesquelles se pencheront les 600 militants communistes qui se retrouveront, samedi, à la Cité des sciences et de l'industrie, à Paris.

Cette conférence nationale aura cependant pour mission principale de déterminer les choix de candidature à la présidentielle, qui seront ensuite soumis au vote de l'ensemble des adhérents du PCF avant la fin novembre.

Dans une situation qui va encore bouger à gauche ­ « nous ferons tout notre possible pour éviter un second tour droite-extrême droite à la présidentielle », insiste Olivier Dartigolles. ­Les communistes s'accordent à reconnaître que le contexte n'est pas des plus simples. Si la rupture est consommée depuis longtemps avec la ligne gouvernementale, les appels au rassemblement de la vraie gauche que le PCF a lancés n'ont pour l'heure pas abouti.

Les écologistes sont engagés dans une primaire qui se terminera lundi avec le second tour; ceux du PS qui s'opposent à la politique Hollande-Valls sont engagés dans leur propre primaire et le candidat donné comme le mieux placé, Arnaud Montebourg, accepte d'ouvrir sa porte aux communistes mais affiche ses distances avec Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a lancé seul sa candidature, il souhaite une campagne exclusivement dans le cadre du mouvement qu'il a lancé, La France insoumise (FI) qu'il dirige se fixe comme objectif de terminer devant le candidat du PS c'est à dire au mieux troisième du premier tour. Enfin concernant le rassemblement il le concoit comme un ralliement sans condition.

Ces dernières semaines, les assemblées locales de communistes se sont multipliées pour préparer le rendez-vous de samedi. « Travailler à l'unité des forces pour l'alternative à gauche, c'est ce qui fait le bien commun des communistes », explique Marie-Pierre Vieu à l'issue de ces débats.

Trois hypothèses ­ « prendre de nouvelles initiatives de rassemblement sans faire de choix de candidat »; ou bien appeler « à voter Jean-Luc Mélenchon en affirmant l'autonomie du PCF et sa démarche de rassemblement » ; ou encore « engager une candidature issue du PCF porteuse de ses idées et de sa démarche de rassemblement » ­ ont été élaborées, fin septembre, par le Conseil national du PCF.

Le débat a montré que les communistes souhaitent prendre les décisions qui conviennent  dès ce week-end donc pas question d'attendre plus longtemps. Il ne reste donc que deux options possible voire une seule!

Ainsi à la fin du week-end, seules les deux dernières pourraient être encore sur la table: « L'objectif de rassembler la gauche alternative était l'une de nos options, cela devient le coeur de notre stratégie », explique Olivier Dartigolles. « S'est également exprimée l'idée parmi les communistes qu'il est désormais temps d'entrer en campagne pour en être davantage acteur que spectateur », ajoute Marie-Pierre Vieu.

En amont de la conférence de samedi, une délégation du PCF a rencontré différentes forces de gauche, dont des représentants de La France insoumise piloté par Mélenchon et ses amis. « Nous avons dressé un certain nombre de constats communs mais nous ne tirons pas le même enseignement de l'expérience du Front de gauche, comme nous n'avons pas la même conception du rôle des partis ni du rassemblement de la gauche », résume Marie-Pierre Vieu qui, dans l'hypothèse où les communistes choisiraient la candidature de Jean-Luc Mélenchon, estime nécessaire « un autre dispositif pour construire un accord politique où tout le monde puisse exister », puisqu'il n'est pas question de « se rallier » à FI. C'est certainement une des conditions premières que les militants exigeront pour qu'ils se rallient à Mélenchon.


« Il n'y a pas de cadre politique plus large que La France insoumise parce que c'est un label commun et tout le monde est le bienvenu à condition de respecter le programme, et (le fait) que c'est la même campagne à la présidentielle et aux législatives », a déclaré Mélenchon. « On ne propose pas un cartel d'organisations comme le Front de gauche en 2012 mais un espace politique où l'on encourage la participation de ceux qui ne sont pas dans le cadre d'un parti », a à nouveau insisté Leïla Chaibi, future candidate aux législatives de FI, à l'issue de la rencontre avec le PCF.

Quant à la « charte », comprenant des conditions politiques et financières posées aux candidats aux législatives, elle aussi annoncée par FI mi-octobre, elle constitue un verrou supplémentaire. « Elle implique un engagement en termes politiques mais aussi financiers, ce n'est plus simplement un cadre ouvert mais un espace qui se constitue comme une force ou un parti politique », estime Marie-Pierre Vieu.

Quant à l'option d'une candidature communiste ou présentée par le PCF, il s'agirait de « porter dans le débat nos propositions et notre démarche de rassemblement », précise Olivier Dartigolles, ajoutant que le candidat désigné pourrait se désister en cas d'accord avec d'autres forces.

Dans un appel collectif des élus, des économistes, des dirigeants et de nombreux militants du PCF se sont exprimés en ce sens, avec un texte intitulé « Pour un choix clair » signé depuis par plusieurs centaines d'adhérents. « Une candidature issue de nos rangs, engagée dans la campagne pour porter nos propositions et poursuivre en grand nos efforts de rassemblement, peut au contraire faire bouger la situation à gauche », y écrivent-ils, jugeant qu'en revanche la candidature de Jean-Luc Mélenchon « n'est plus, aujourd'hui, une candidature de rassemblement ». Du fait de Mélenchon lui-même n'hésitent pas  affirmer nombre de communistes.

Certains des partisans de cette option estiment aussi que, dans la recomposition de la gauche qui s'annonce, le PCF doit jouer sa propre carte. Voire qu'au vu des positions prises par Jean-Luc Mélenchon sur certains sujets, en particulier ses déclarations sur l'immigration ou ses références à la nation, les désaccords seraient désormais trop profonds pour envisager de soutenir sa candidature.

De son côté, André Chassaigne, le chef de file des députés Front de Gauche, favorable à une candidature du PCF, a déclaré lors d'un point presse à l'Assemblée nationale: « Qui porte aujourd'hui la parole des communistes? Il faut un candidat communiste pour porter la parole des communistes, pour offrir plus de lisibilité et de visibilité. Et puis il faut voir en janvier ce que l'on fait, si on maintient une candidature ou si autre chose est possible. »

Sur l'une ou l'autre des hypothèses en présence voire sur une seule de ces hypothèses, les militants communistes devront se prononcer fin novembre mais, dès samedi, les délégués de leur conférence nationale donneront leur avis en choisissant via un vote l'option qui a leur faveur.

Espérons que les communistes auront été entendus et que leurs représentants seront fidèles à ce qu'ils ont exprimé dans le débat préparatoire à leur conférence nationale.

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