Bilan de la fête de l’humanité: retourner au parti c’est bien, mais pour quoi y faire?

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Bilan de la fête de l’humanité: retourner au parti c’est bien, mais pour quoi y faire?

Partons d’un petit fait  drôle et un peu tristounet par rapport à cette grande fête de l’Humanité: Patrick Braouzec après avoir appelé à voter pour Macron reprend sa carte au PCF. On ne peut pas dire que ce soit avec des idées plus claires puisqu’il affirme d’une part que la forme parti est dépassée comme l’a prouvé, selon lui, le succès électoral d’en marche et de la France insoumise et d’autre part que rien ne remplace ce bon vieux parti communiste. J’imagine que Robert Hue ne va pas tarder à suivre. Je me moque mais pas seulement. Heureux qui comme Ulysse, après avoir fait toutes les expériences les plus saugrenues et y avoir essuyé toutes les humiliations, retourne chez ses parents vivre le reste de son âge. Il y a un mouvement des anciens gauchistes et des ventres mous qui prend le PCF pour la maison de retraite la plus vivable et la moins déshonorante qui soit. Ils n’ont pas tort. Mais où tout cela nous mène-t-il?

Cette fête de l’humanité paraît avoir été une grande réussite pour deux raisons essentielles:

– Le contexte qui renoue avec les luttes de l’an passé en surmontant ou en tentant de surmonter des élections les plus décevantes qui soient, puisque le piège de l’extrême-droite montée depuis des décennies par françois Mitterand a encore fonctionné pour porter au pouvoir un candidat dont la majorité des français ne voulaient pas. Le rendez-vous lancé par la CGT le 12 septembre a incontestablement permis de marquer le renouveau du combat et tous les signes sont là désormais pour marquer l’amplification du mouvement et la volonté d’union à la base. le rendez-vous du 21 septembre, l’unité de tous les syndicats de la fonction publique le 10 octobre, l’appel à la grève des transporteurs routiers. D’autres signes ne trompent pas et ce gouvernement parmi les plus impopulaires risque de tanguer. la fête de l’huma se situait dans ce contexte et le mot d’ordre d’amplifier les luttes que se donnait la fête était juste. OUi comme l’a dit André Chassaigne on peut faire plier ce gouvernement qui représente les intérêts de l’oligarchie et les diktats de Bruxelles. ce ne sera pas la première fois que la France sera à l’avant garde du refus du néolibéralisme.

– L’affirmation d’une volonté unitaire au plan politique, même si celle-ci reste marquée par le primat des accords de sommet et l’appel à l’unité sans contenu réel. Attention il y a là un danger à ne pas sous estimer. le grand mouvement de 1995 qui était unique par son ampleur et sa détermination dans la vague contre-révolutionnaire qui submergeait le monde s’était également échoué sur  des accords de sommet, des participations gouvernementales tramées en coulisse derrière un PS qui appliquait la même politique que la droite.  Mais le PS, la social démocratie cédant à la première intimidation peut avoir différents visages, la situation en Grèce en témoigne . Je vous le dis mes amis et camarades, ceux qui pour se débarrasser de la social démocratie pensent qu’il suffit de se ranger derrière les cadres du PG et Mélenchon, pratiquent la politique de gribouille, aller se jeter dans le lac pour éviter la pluie. Vous me répondrez qu’ils ont souvent des positions plus à gauche que la direction du PCF, oui encore que quand on a Clémentine Autain, mais passons, justement la vraie question est celle d’un parti, d’une force collective qui résiste y compris quand on veut lui faire condamner Cuba, le faire changer de nom, ou d’autres « avancées ».   La fête de l’humanité représente un moment de rencontre de toutes les sensibilité de la gauche et de l’extrême-gauche quitte  à coexister sans langage vraiment commun et chacun se félicite de l’audience qu’il a obtenu à cause de ce rassemblement. Mais c’est insuffisant, c’est sympathique comme le retour au bercail de Braouzec mais on ne peut en rester là. Pourtant,a fête de l’humanité témoigne  par sa réussite même de la nécessité d’une force capable de vraiment unifier tout ce beau monde et il faut en tirer les conséquences. L’Humanité, sa fête  est encore pour la majorité des français un journal et une fête communistes et à ce titre est la seule force en capacité d’opérer ce rassemblement. C’est un patrimoine à ne pas négliger et si le terme communiste soulève encore tant d’hostilité c’est que le capital a senti le vent du boulet et notre peuple sait ce que ce parti a apporté, d’où ce mouvement vers eux quand les « blés sont sous  l’orage ». Négliger ce potentiel, prétendre lui imposer sa loi n’est pas la bonne méthode, il faut réfléchir ensemble dans le respect mutuel.

mais la vraie question demeure et elle est posée par cet étrange retour de Braouzec: quel rôle les communistes ont-ils à jouer pour amplifier les luttes et pour aider au rassemblement en offrant une perspective politique aux luttes dont on sent bien qu’elles sont en train de prendre de l’ampleur. Oui il est possible de faire plier ce gouvernement, l’unité est indispensable, à la base, elle peut et doit être construite, mais au plan politique on ne saurait se contenter de ce que nous a offert la fête de l’huma, une coexistence des forces, il faut avancer et pour cela prendre conscience du rôle essentiel joué par un parti sur la forme mouvement traînée par un leader qui joue avant tout l’opinion médiatique, celle des plateaux de télévision, ses petites phrases, ses coups médiatiques a contrario de la gravité des problèmes. Ce n’est pas un procès d’intention c’est un choix politique qui nous est posé à tous y compris aux militants de la france insoumise: un parti politique, un collectif de lutte ou un mouvement derrière un leader, un sauveur suprême, un tribun avec les querelles d’ego des sommets et personne ne joue seul à ce petit jeu sans intérêt. Cette fête peut rassembler une constellation disparate parce qu’elle est le produit d’une histoire et de la volonté de milliers de militants dont certains ne sont même plus au parti,

Enfin j’ai un regret, c’est que la fête ne tienne pas assez compte de la mémoire de ce parti, de son histoire, de ses conquêtes et du rôle réel joué à ce titre par la Révolutio n d’octobre qui demeure celle qui a déclaré que la classe ouvrière et le peuple pouvait diriger l’Etat. On n’avancera pas en occultant la mémoire, c’est vrai pour les individus, ça l’est pour les peuples et le monde du travail. la mémoire du peuple français qui se rend à la fête de l’humanité quand la volonté de lutte monte montre que nous ne pouvons détacher perspective politique, avenir et mémoire. parce que dans le fond la vraie question posée par Macron, le gouvernement des grands patrons et des monopoles financiarisés, est celle du capitalisme destructeur des individus et de l’environnement. les désastres climatiques, les guerres, le surarmement stérile et destructeur aux dépends de la vie, la misère, la pression sur l’éducation, la santé, les vies volées, tout cela est le produit de cette rapacité qui a nom l’accumulation des profits, cette fausse conception de la liberté, celle du libre renard dans le libre poulailler. .  Ce mode de production est condamné, les communistes ont toujours représenté cette alternative. Une autre société demande à naître, le socialisme basé sur la coopération, le collectif, les solidarités, l’appropriation collective des moyens de production, une planification qui dégage les priorités, l’individu seul va vers l »autodestruction, en revanche il est riche de la multiplicité des relations sociale, et une révolution est d’abord une opportunité offerte pour toutes les intelligences jusqu’ici brisées.  et il est vain de prétendre nier les expériences qui ont été faites, leurs conquêtes autant que leurs limites. Il suffit d’interroger autour de nous pour se rendre à quel niveau se pose la question du changement dans notre peuple et le fait que les difficultés à se mobiliser concerne d’abord l’ampleur de la bataille, la force de l’adversaire, la question n’est pas celle du changement celui-ci est nécessaire mais des moyens pour être plus forts pour l’imposer, pour ne plus être dupes.

Danielle bleitrach

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