France 3 Auvergne-Rhône Alpes, les journalistes se rebiffent face à la tentative de censure... !

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

France 3 Auvergne-Rhône Alpes, les journalistes se rebiffent face à la tentative de censure... !
Face au tollé des journalistes, la direction a rétabli la diffusion d’une série sur Laurent Wauquiez, président du conseil régional. Une crise aiguë secoue la rédaction de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, en raison de la suspension d’une série de reportages consacrés à Laurent Wauquiez, président de droite du conseil régional.

Vendredi 12 janvier, 46 journalistes ont voté une motion de défiance contre leur rédacteur en chef et le directeur régional de l’antenne. La liste d’émargement de 61 personnes. Une première dans l’histoire de la chaîne régionale.

France 3 voulait faire le bilan de la gestion de M. Wauquiez à la tête de la deuxième région de France. Le tournage, confié à Sylvie Cozzolino et Thierry Swiderski, s’est déroulé en novembre 2017. Il a pris la forme de cinq sujets, prévus chaque jour de la deuxième semaine de janvier, dans les journaux de midi et du soir des trois stations, Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand.

Ce programme « grande région » précédait volontairement l’émission politique du dimanche à 11 heures, dont Laurent Wauquiez était l’invité. Le premier volet de la série a été monté vendredi 5 janvier, visionné puis validé par le rédacteur en chef, Laurent Mazurier, pour diffusion le lundi 8 janvier.

Chaque volet suivant a été finalisé le jour pour le lendemain. Lundi et mardi. Mais, mercredi 10 janvier, le directeur régional, André Faucon, s’inquiète du ton de la série. Un spécialiste des finances, non identifié, décrit un budget « rusé et habile ». Des élus parlent d’un président « brutal, menaçant, calculateur ». « La manière de traiter est vraiment trop à charge, l’effet de série est cumulatif, je préfère suspendre pour trouver un équilibre », explique M. Faucon au Monde.

Le troisième volet passe à l’antenne à midi, mais pas le soir. Dans l’après-midi, le rédacteur en chef annonce dans un e-mail la suspension de la série : « Je considère que l’angle retenu n’est pas conforme à la commande que j’avais passée (…). Sylvie et Thierry ont réalisé un beau travail d’enquête mais notre mission de service public nous oblige à être équilibrés et à donner la parole à toutes les parties. »

L’entourage de Laurent Wauquiez dément toute intervention. Pourtant la direction de la chaîne reconnaît un entretien téléphonique avec le président de la région dans la journée de mercredi, pour caler l’enregistrement de l’émission de dimanche. Et pour évoquer un droit de réponse à la série.

« Le deuxième épisode mettait en scène des éléments à charge, sans aucune trace de contradictoire », justifie l’entourage de M. Wauquiez.

« Le déséquilibre des points de vue est un concept à géométrie variable, on ne l’applique pas quand on annonce un projet de l’exécutif régional, et, souvent, sans faire parler l’opposition », dit un journaliste de France 3.

« Tout cela donne l’impression d’être aux ordres, sur le terrain on se moque de nous. On veut des chefs qui nous guident, nous représentent et nous défendent, pas des gens qui ont peur de leur ombre », réagit une journaliste.

Cette crise cristallise des inquiétudes, après une réorganisation de la chaîne calquée sur les régions administratives, et avant une possible fusion avec le réseau de France Bleu.

« On a le sentiment que la chaîne peut se retrouver dépendante financièrement des collectivités, les journalistes redoutent d’y perdre le sens de leur métier, ce qui s’est passé cette semaine à Lyon est important », dit Myriam Figureau, déléguée du Syndicat national des journalistes (SNJ).

Face au tollé, la direction de la chaîne a rétabli la diffusion de la série dès jeudi. Assortie d’un droit de réponse d’une minute, sous forme d’interview de M. Wauquiez, dans les journaux de samedi.

Sources Le Monde

Publié dans Libertés Démocratie

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