Grève aux urgences du Vinatier Lyon
Tract commun CGT et FO de l'hôpital du Vinatier à Lyon
Après Lyon Sud et Edouard Herriot ce sont les personnels des urgences du Vinatier qui se mettent en grève. Il y a vraiment urgence. Tout craque dans la santé. Les communistes proposent que l'Assemblée Nationale discute de suite d'un plan d'urgence pour les hôpitaux et les Ehpad.
Les personnels du Vinatier ont réalisé la lettre ouverte ci-dessous et un tract en pièce jointe.
"Monsieur le directeur,
Depuis des mois, le pôle d’urgence du Vinatier est en suractivité.
En quelques semaines, les urgences ont été le théâtre de menaces de mort, tentative d’immolation en salle d’attente, menace à l’arme à feu, multiples agressions de la part des accompagnants, agitations et violences sur soignants de la part des patients, dégradations de matériel, tentatives de suicide au sein du service, interventions journalières du poste de sûreté pour nous venir en aide et parfois même des forces de l’ordre, déclarations d’accidents du travail et d’accidents d’exposition au sang par morsures, crachats, griffures… Ne parlons pas des insultes et incivilités quotidiennes auxquelles nous sommes exposés devant une salle d’attente surchargée, des patients qui attendent depuis des heures pour voir un médecin et des familles qui perdent le sens de la raison…
Chacune de ces situations auraient pu tourner au drame, que ce soit lié : à l’activité grandissante, au manque de personnel, au manque de formation, aux locaux inadaptés et enfin à notre épuisement. Où devons-nous en arriver pour être entendu ? Est-ce normal, pour vous, que l’on vienne travailler la boule au ventre ?
Monsieur le directeur,
Comment voulez-vous qu’un pôle d’urgence fonctionne en sous-effectif médical et soignant constant ?
A ce jour, plus de la moitié des postes médicaux ne sont pas pourvus. Les urgences accueillent ainsi régulièrement des médecins intérimaires qui, pour certains, accentuent les difficultés déjà rencontrées. D’autres préfèrent mettre un terme à leur contrat en cours jugeant les conditions de travail inacceptables.
Sous-effectifs des postes soignants, de jour comme de nuit, congés maternité et départs non remplacés… Le turn-over constant depuis plusieurs mois montre bien un malaise certain et grandissant.
Ceci entraine aussi un dysfonctionnement sur tout le pôle et l’hôpital, obligeant nos cadres à jongler avec les plannings, à faire appel à des heures supplémentaires ou intérimaires …
De plus, l’aide (médicale et paramédicale) vient des services alentours qui, au détriment de la prise en charge et de la sécurité au sein de leurs unités respectives, viennent nous prêter main forte.
Monsieur le directeur,
Les soins apportés aux patients sont plus que précaires et nous ne le supportons plus.
L’analyse de notre file active de ces derniers mois met en évidence des pics d’activité pouvant aller jusqu’à 38 consultations par 24h et un temps d’attente moyen de 5h.
Les conditions d’hospitalisation sont indignes pour un service de soins : patients jonchant les couloirs sur des lits d’appoint au milieu de l’agitation constante qu’implique un service d’urgence, absence de sanitaires pour ces patients, contentions abusives à défaut de chambres d’isolement, absence de sonnette dans certaines chambres, chambres triplées avec un lit d’appoint générant souvent des conflits et exposant les patients à une insécurité, temps de prise en charge et qualité des soins réduits au minimum liés au ratio patients / infirmiers trop élevé (patients en crise rappelons-le !!!!!)
Ajoutons à cela le manque de matériel ainsi que les locaux vétustes manifestement inadaptés à une telle activité.
Monsieur le directeur,
Il n’est pas rare d’observer une occupation des lits bien supérieure à la capacité d’accueil (25 patients pour 14 lits sur les urgences, 19 patients pour 13 lits sur le post-urgence). Cela entraine des difficultés de prise en charge pour l’ensemble du pôle des urgences, mais aussi sur l’ensemble de l’hôpital.
Depuis la fermeture de lits, les urgences sont surchargées, les services d’entrée sont en incapacité d’accueillir tous ces patients dans un délai respectable. De ce fait, ils sont amenés à faire sortir les patients prématurément. Malheureusement, trop d’entre eux se représentent aux urgences les jours suivants.
Monsieur le directeur,
Nous ne pouvons pas accepter en silence la dégradation de la qualité des soins et de nos conditions de travail.
Le déni massif des violences physiques, psychologiques et institutionnelles subies au quotidien n’est plus acceptable.
Par ailleurs, trouvez-vous acceptable qu’un agent victime de violence ou de menaces de mort soit contraint de porter plainte en son nom, hors de son temps de travail, s’exposant ainsi à d’éventuelles représailles ? L’institution refusant elle-même de porter plainte.
Nous demandons légitimement à travailler en sécurité, à pouvoir quitter notre domicile et/ou notre lieu de travail avec sérénité, et ainsi pouvoir rassurer notre entourage.
Monsieur le directeur, mesdames et messieurs les directeurs adjoints,
Nous vous tenons vous, l’ARS et la politique de santé actuelle responsables de cette situation.
Ce jour, nous donnons l’alerte publiquement, car vous ne réagissez pas aux interpellations faites lors des copils et des commissions médicales d’établissement. S’ajoutent à cela les sollicitations de notre encadrement nous soutenant quotidiennement, mais restant sans réponse.
C’est bien vous, qui ne mettez pas l’établissement en capacité d’absorber l’activité des urgences dans la dignité et le respect des patients. C’est à vous de trouver des solutions acceptables pour rendre les conditions d’hospitalisation décentes et nous permettre de travailler en sécurité.
Arrêtez de vous cacher derrière des discours d’économiste, redonnez-nous très rapidement des conditions de travail humaines.
Nous restons donc à votre disposition pour une rencontre que l’on souhaite constructive mais surtout qu’elle puisse aboutir à des solutions. Un préavis de grève a été déposé pour le pôle.
Pour le pôle d’urgence psychiatrique du Vinatier.
Notre mouvemenrt a le soutien des syndicats CGT et FO !"
Cette lettre est rendue publique le 28/03/18