Hommage à Paul Boccara avec deux numéros exceptionnels d'Economie et Politique

Viennent de paraître deux numéros exceptionnels simultanés de la revue du parti communiste, Économie et Politique, consacrés à l’œuvre de Paul Boccara.

Le volume I, sous le titre “Paul Boccara, combats politiques”, regroupe:
 

• Des interventions, articles, témoignages de Catherine Mills, Frédéric Boccara, Danielle Bleitrach, Claude Diebolt, Yves Dimicoli, Denis Durand, Pierre Garzon, Aimé Halbeher, Pierre Laurent, Patrick Le Hyaric, Jean Magniadas,  Nasser Mansouri-Guilani, Dominique Plihon, Henri Sterdyniak, Francis Wurtz, ainsi que des messages syndicaux et internationaux.
• Des textes de Paul Boccara représentatifs de ses combats théoriques et politiques:
  • “Marxistes et communistes dans mai-juin 1968 et après” (paru le 16 juin 2008 dans un numéro spécial de l’Huma)
  • “La politique économique des gouvernements de gauche - 1981-1984 - son échec, les luttes, le PCF et la bataille d’idées” (extraits d’une communication à la Fondation Gabriel Péri - 20 mai 2011)
  • “Brouillage d’idées” (paru dans l'Huma du 23 novembre 2001)
  • “Défis de novation du PCF et riposte à Sarkozy” (introduction d'un débat à la Fête de l’Huma le 18 septembre 2007)
  • “Sur le rapport de la Commission Attali pour la “libération de la croissance” (introduction d’un dossier d’Economie et Politique de janvier-février 2008)
  • “Contre l’austérité et pour une autre coopération en Europe, luttons pour un autre euro” (Economie et Politique - mars-avril 2014)
  • “La visée communiste” (27 février 2006 - audition dans la préparation du 33eme Congrès)
  • Deux appels initiés par Paul Boccara “pour une réforme de progrès de la protection sociale” (décembre 1995) et l’appel des 50, “des États généraux pour sécuriser et non pour précariser” (2001)
  • ses interventions au 27ème Congrès en décembre 1990 (“poursuivre nos avancées de fond pour réussir une nouvelle construction politique”) et au 34ème Congrès en décembre 2008 (“Pour un PCF de luttes à la hauteur”)

Le volume II est titré “Paul Boccara, recherches et novations”.

Il présente des extraits de son œuvre théorique, économique et anthroponomique, illustrant les principales étapes de son élaboration.

• Théorie de la régulation et suraccumulation-dévalorisation du capital (extraits de la revue Issue - 1988-89)
• Nouveaux critères pour l’intervention des travailleurs dans la gestion (Économie et Politique - juin 1982)
• Caractères généraux de l’état capitaliste et de son articulation au mode de production (La Pensée - janvier-février 1981)
• Pour une révolution dans la révolution théorique marxiste (extraits de 3 entretiens sur les leçons à tirer de l’échec du système soviétique, publiés par Économie et Politique au printemps 1990)
• Pour des avancées des théories hétérodoxes ou critiques (décembre 2010 - communication au Congrès de l’association française d’économie politique)
• Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital (extraits de l’ouvrage publié en 2013 et 2015)
• Neuf leçons sur l’anthroponomie systémique (présentation par Stéphane Bonnery et extraits présentés par Catherine Mills)

Les abonnés vont recevoir ces deux numéros. Les personnes qui souhaitent les recevoir ou s’abonner, ou en commander pour pouvoir les diffuser peuvent s’adresser à: Mitra Mansouri:  mmansouri@economie-politique.org  ou à Frédéric Rauch:   frauch@pcf.fr                           

Nous publions ci-dessous l'éditorial de Nicolas MARCHAND de ce numéro spécial d'Economie et Politique dédié à Paul Boccara.

"Merci Paul

La richesse et la diversité des textes rassemblés dans ce numéro spécial d’Économie et Politique donnent à voir l'ampleur, la cohérence, et la portée novatrice de l’œuvre de Paul Boccara.

Confirmation pour qui la connaît déjà. Découverte probablement pour beaucoup.

Il ne s'agit pas seulement, pour la revue à laquelle le nom de Paul Boccara est attaché, de lui rendre un hommage. Il s'agit surtout de contribuer à l'appropriation de son œuvre et à sa poursuite créative. Il s'agit de donner envie d'en faire vivre les acquis immédiatement, et de travailler à de nouveaux développements de la novation marxiste.

Non pour en réviser les idées, en atténuer la dimension révolutionnaire, mais pour les enrichir, pour régénérer et fortifier le combat communiste de transformation radicale de la société, en poursuivant l’œuvre que Karl Marx n'a pu achever. De même que celui-ci fut le plus grand théoricien de la révolution industrielle qui accoucha du capitalisme, Paul Boccara a été celui de la révolution informationnelle, poussant, dans la crise systémique du capitalisme engagée au tournant des années Capital. Car Paul Boccara n'aura pas été un simple exégète de Marx. Il aura été un développeur, dans la foulée du 70, l'exigence et la possibilité de son dépassement vers une civilisation de partage de toute l'humanité.

A l'égal de Marx, inséparablement militant de la 1ère internationale, co-auteur du Manifeste du parti communiste, et auteur du Capital, la portée des travaux et des apports de Paul Boccara est à la fois théorique et politique. On ne saurait séparer ni opposer le théoricien génial et le militant tant il y a eu de conjonction entre le développement de ses recherches et ses combats politiques.

D'aucuns lui ont reproché trop de passion pour l'expérimentation pratique des propositions issues de ses recherches. Curieux reproche au nom d'une pensée qui tient pour essentiel le lien théorie-pratique ! Et que de freins mis, à l'abri de ce reproche, dans l'appropriation et le déploiement pratique d'idées communistes nouvelles, originales, potentiellement emblématiques, comme :

La proposition révolutionnaire d'une sécurité d'emploi ou de formation, et de revenu pour chacun.e, visant l'éradication progressive du chômage et ouvrant la voie d'un dépassement du marché du travail et du salariat ; 

La mise en évidence comme enjeu politique décisif, du local au national et jusqu'au niveau européen et mondial, de la prise de pouvoirs des salariés sur l'argent et son utilisation par les banques, jusqu'à la BCE, ainsi que sur les fonds publics, et sur la gestion des entreprises, avec de nouveaux critères d'efficacité sociale et de nouveaux pouvoirs décisionnels des salariés –   enjeu dont la portée sur la conception du combat communiste et du parti lui-même reste à mesurer et à traduire en pratique.

Le défrichage des voies d'avancée vers une nouvelle civilisation en conjuguant les enjeux de transformation de l'économie à ceux du domaine de l'anthroponomie (individus, valeurs, culture, institutions, etc …).

Ceci renvoie à l'engagement militant de Paul Boccara pour le développement et la convergence des luttes, et dans les débats d'orientation de son parti. Il n'avait pas cédé à un défaitisme idéologique et politique consécutif à l'effondrement soviétique. Il en préconisait une analyse sérieuse, pour laquelle il formulait des idées solides. Et il ne cédait pas à une logique d'effacement répété des idées communistes. Ses travaux, contribuant à libérer le marxisme du dogmatisme, ont produit des bases pour des luttes nouvelles, pour une nouvelle culture révolutionnaire. Ils ont dessiné les repères nouveaux dont a tant besoin l'action communiste visant un dépassement graduel du capitalisme vers un communisme de liberté, .

Paul nous a quitté terriblement inquiet de la situation de son parti et pour son avenir, mais convaincu du potentiel rassembleur et de la nécessité des idées communistes et marxistes novatrices, pour un renouveau du Pcf comme parti révolutionnaire.

Ne nous contentons pas d'honorer ses idées. Faisons-les vivre et fructifier."

Nicolas Marchand