Transports : l’Europe déraille par Pierre Ivorra

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

Transports : l’Europe déraille par Pierre Ivorra

E. Macron affirme vouloir lutter contre le réchauffement climatique et donner la priorité aux « transports du quotidien » or, si en ce dernier domaine le service public est déficient, ce n’est pas la faute aux cheminots ni à la SNCF, plutôt à leurs directions et surtout aux dirigeants et majorités politiques qui ont laissé à l’abandon une bonne partie du réseau ferré, préférant développer les lignes à grande vitesse et surtout la route, en mettant les réseaux régionaux et urbains et le fret ferroviaires au régime sec.

La situation des différents pays européens est, à ce titre, pleine d’enseignements.

Au niveau du fret, la France est l’un des plus mauvais élèves parmi les pays les plus développés de l’Union européenne. Selon des données d’Eurostat, la part du ferroviaire dans le transport de marchandises (17,4 %) est tout juste à la hauteur de la moyenne du continent (17,9 %). Elle est loin derrière l’Allemagne (24 %), la Finlande (25,6 %), la Suède (33,2 %), la Suisse (50 %).

Deux pays, le Royaume-Uni, terre fétiche de nos libéraux, avec seulement une part de 12,1 % et celui qui a fait du « tout tourisme » son idéal de vie, l’Espagne, avec un petit 5 %, sont les deux cancres du continent.

Chez notre voisin britannique 87,8 % du trafic intérieur de marchandises se fait par la route et cela monte à 90 % chez nos amis Ibères. Mais leur réseau routier est terriblement déséquilibré. Ainsi, si l’Espagne a maillé la péninsule avec un réseau autoroutier disproportionné, le plus développé d’Europe (15 444 km contre 11 612 en France et 12 996 km en Allemagne), le reste de son réseau routier est désincarné : il totalise 150 667 km contre 1 047 619 km en France.

Mais pendant des années les banques et les groupes du BTP se sont gavé. Au Royaume-Uni, ce sont l’ensemble des infrastructures publiques qui sont atrophiées. Quant au transport de voyageurs, il est partout, dans les pays européens les plus développés, encore plus déséquilibré. Il stagne autour de 7 %. L’ouverture à la concurrence risque de réduire cette part du rail.

On voit à quoi conduit cette orientation libérale que Macron entend accélérer, notamment en préparant l’ouverture du réseau ferré à la concurrence et la privatisation de la SNCF.

Pourtant, comme vient de le montrer une étude détaillée de l’université technologique de Dresde, en Allemagne, la route coûte bien plus cher aux populations des différents pays européens que le rail : 50,5 milliards d’euros par an en France, 88,3 en Allemagne, … Mais ce n’est pas ce qui intéresse nos gouvernants, ce qu’ils recherchent c’est la déréglementation sociale.

Publié dans Economie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article