Brésil : les marchés financiers votent Bolsonaro
24 heures avant les élections présidentielles brésiliennes qui ont vu la victoire de Bolsonaro , le candidat de l'extrême droite, une information discrète sur le choix des marchés financiers indiquait que ces derniers faisaient le choix du candidat de l'extrême droite.
Il est vrai que le favori des sondages a un modèle : Donald Trump. Candidat d’extrême droite, cloîtré chez lui, ce climato-sceptique fait campagne à travers les réseaux sociaux et recoure aux mêmes techniques que son modèle, sauf que Whats’App a remplacé Facebook dans le rôle d’influenceur d’électeurs par diffusion massive de fake news.
Au-delà du fait que Jair Bolsonaro est incompétent en économie, son programme ultra libéral a été concocté par un disciple de l’école de Chicago pour qui la main invisible du marché est en quelque sorte « la main de Dieu ». Il lui a préparé le cocktail habituel de baisse de la fiscalité et de privatisations. Les marchés financiers adorent !
La recette expérimentée par Trump (moins d’impôt, guerre aux législations environnementales) a dopé les indices boursiers américains, enfin jusqu’à ces derniers jours. De façon moutonnière les marchés brésiliens anticipent que la même potion va produire les mêmes effets. Peu leur importent que la dite potion soit très amère pour les populations, l'environnement et l’Amazonie, le poumon de la planète. Là n'est pas leur souci, business is business !
Premier consommateur de pesticides au monde, le Brésil est un pays où la protection de l’environnement est un engagement dangereux. Sur les 207 défenseurs de l’environnement tués en 2017 selon Global Witness, 57 ont été assassinés au Brésil dans des cas liés à l’agro-business.
La dernière bataille législative autour de la loi facilitant l’usage de pesticides a été farouche et mis en lumière les liens entre la députée Tereza Cristina, dite la « muse du poison (les pesticides) et les lobbys de l’agro-business
Jair Bolsonaro est le nouvel avatar de ce mouvement très préoccupant amené au pouvoir à coup de manipulations à base d’intelligence artificielle, des marionnettes chargées de maintenir encore un peu ce modèle exsangue qui rend les terres stériles et les marchés financiers prospères.
Pourquoi les Brésiliens vont-il s’administrer eux-mêmes et librement cette potion amère ?
Sans doute parce que le rapport de forces n’est pas encore favorable à ceux qui aspirent à d’autres modèles, plus respectueux des humains et de l’environnement
Sources article d'Anne-Catherine Husson-Traore sur Linkedin