Les flics sont aussi en colère : Les gyros bleus aux côtés des gilets jaunes ?

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Les flics sont aussi en colère : Les gyros bleus aux côtés des gilets jaunes ?

La colère monte parmi les policiers. A l'image du mouvement des ronds-points, ils dénoncent leurs conditions de travail et leurs salaires. Le gouvernement tente de désamorcer la crise.

Les policiers aux côtés des gilets jaunes ?

La perspective de cette convergence cauchemardesque pour l'exécutif ne relève plus du fantasme. Le mois de crise qui vient de s'écouler, où les uniformes bleu marine ont été sursollicités sur le front social, mais également terroriste, a exacerbé le ras-le-bol qui couve depuis longtemps dans les troupes. Résultat : après avoir tiré plusieurs fois la sonnette d'alarme, les principaux syndicats de la profession brandissent, désormais, la menace d'une large mobilisation au sein des forces de sécurité.

La colère est profonde.

Et concerne aussi bien les conditions de travail, les rémunérations que le sens du métier.

Chose rare, les trois grandes organisations ont, chacune dans leur coin, appelé à des actions dans les jours à venir.

Alliance Police nationale a décrété une « journée noire » ce mercredi, demandant aux fonctionnaires de fermer les commissariats et de ne répondre qu'aux appels d'urgence.

Le syndicat Unité SGP-Police-FO souhaite, lui, un « acte I » de la mobilisation en janvier, proposant une grande manifestation en intersyndicale le samedi 26 de ce mois-là, si d'aventure le gouvernement n'accédait pas à leurs requêtes.

De son côté, l'Unsa-Police a, depuis hier, donné pour consigne à ses militants de faire le « service minimum » sur les verbalisations. Et de prévenir : « Les ronds-points ne sont pas réservés qu'aux seuls gilets jaunes. »

Certains syndicalistes avouent même être un peu dépassés par leur base. En marge de leur mot d'ordre, un mouvement baptisé « gyros bleus » et relayé sur les réseaux sociaux enfle depuis plusieurs jours. Et se dit prêt à rejouer la fronde inédite des « policiers en colère » qui a surgi à l'automne 2016 après l'attaque au cocktail Molotov dont ont été victimes des fonctionnaires à Viry-Châtillon (Essonne).

Autant dire que la menace est prise très au sérieux par le gouvernement. Dès hier soir, les principaux responsables syndicaux devaient être reçus un à un Place Beauvau. Un peu plus tôt dans la journée, le gouvernement faisait un premier geste en proposant, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2019, une « prime exceptionnelle » de 300 euros aux fonctionnaires mobilisés ces dernières semaines. Celle-ci devrait bénéficier à 111 000 policiers et gendarmes (sur 251 000) pour un coût total estimé à 33 millions d'euros.

Suffisant pour calmer tout le monde ?

Peu probable. « C'est du foutage de gueule, s'agace Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat Vigi. Le montant de cette prime est juste l'équivalent des heures supplémentaires que l'on nous doit pour cette période et qui n'ont pas été payées. Cela n'a rien d'un cadeau ! »

Le principe même d'une « prime exceptionnelle » est vertement critiqué par les syndicats, alors que policiers et gendarmes cumulent quelque 25 millions d'heures supplémentaires non payées ! Un serpent de mer sur lequel le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a promis hier de se pencher. « C'est un chantier que je veux ouvrir », a-t-il lancé. Sans convaincre. Les policiers se doutant bien que le paiement de cette dette, qui se monte à 275 millions d'euros, reste peu compatible avec le carcan budgétaire que s'impose le gouvernement.

De toute manière, « les policiers ne veulent pas se faire acheter avec une prime », assure Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP-Police-FO, qui réclame une augmentation de 115 euros au 1er janvier pour tous les gardiens de la paix, l'embauche de 1 000 fonctionnaires chez les CRS ou encore une loi d'orientation et de programmation pour la police nationale.

Le gouvernement sait ce qu'il lui reste à faire s'il veut éviter que les gyros bleus ne viennent gonfler les troupes des gilets jaunes. ■

Laurent Mouloud
Article publié dans l'Humanité du 19 décembre

Publié dans Luttes sociales

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article