Le jeudi 10 janvier, l'Europe a frôlé le blackout.
Vers 21h, la fréquence est tombée bien en-dessous de 50 Hz, du fait d'un manque de production électrique par rapport à la demande. Pourtant, il ne faisait pas particulièrement froid.
A priori, le problème ne venait pas de la France, où la production équivalait à peu près à la demande, ni de l'Allemagne qui exportait un peu d'électricité (essentiellement d'origine fossile).
Si les opérateurs des réseaux européens cherchent l'origine exacte du problème, on peut d'ores et déjà constater que dans les deux pays les plus peuplés (Allemagne et France), il faisait nuit et il n'y avait presque pas de vent. Autrement dit, la quasi-totalité de l'approvisionnement électrique devait être assuré par des sources d'énergie pilotables (fossiles, nucléaire, hydroélectricité et biomasse).
Cet épisode nous enseigne plusieurs choses. Pour fermer des centrales pilotables, il faut diminuer et/ou piloter la consommation. Se contenter d'ajouter des sources d'énergie intermittentes (éolien et solaire) ne permet pas d'assurer l'approvisionnement. En faisant le choix de sortir du nucléaire, l'Allemagne se condamne à s'appuyer sur des énergies fossiles (charbon et gaz) sur le long terme.
Notons par ailleurs que l'Allemagne et la France sont les deux principaux exportateurs d'électricité en Europe. Lors de cette situation, du fait de l'absence de vent, l'Allemagne disposait de peu de marges pour exporter. Je ne dis pas que le fait qu'on soit passé près du blackout cette fois-ci vient de là (je n'en sais rien et j'attends les conclusions de RTE), mais ce genre de situation est appelé à devenir de plus en plus probable au fur et à mesure que les pays européens réduiront leurs capacités pilotables (sans réduire/piloter leur consommation), en comptant sur des importations en cas de besoin, lesquelles pourront être disponibles (la plupart du temps) ou non.*
Voir graphique avec le 10 janvier pour s'en convaincre...
Maxence Cordiez
Ingénieur
Article publié sur Linkedin
* Ce dernier paragraphe a été rajouté par nous. Il s'agit d'un commentaire de l'auteur écrit lors d'un dialogue sur Linkedin qui éclaire son propos de l'article original
