Les centrales électriques de Gardanne et du groupe Uniper vendues à un spéculateur financier. C'est un jeu de Monopoly !
Uniper vend la centrale à charbon de Gardanne au groupe tchèque EPH du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, c’est « un jeu de Monopoly » qui fait parti de la casse industrielle du département des Bouches du Rhône !
EPH, groupe énergétique tchèque présidé par le milliardaire Daniel Kretinsky, est entré en phase de négociations exclusives avec Uniper en vue du rachat des centrales de Gardanne et Saint-Avold (Moselle). Les deux sites ont été mis en vente en septembre dernier par leur propriétaire allemand actuel Uniper.
Selon une information du Frankfurter Allemeigne Zeitung confirmée par l’agence Reuters, la société Uniper a décidé de mettre en vente ses actifs français, dont le principal est sa centrale de Gardanne. La banque Rothschild a été mandatée pour trouver un repreneur.
Cette annonce fait suite à l’annonce d’Emmanuel Macron de la fermeture des centrales à charbon d’ci 2022. L’historique centrale à charbon de Gardanne, d’une puissance de 595 mégawatts (MW), est aujourd’hui complétée par une centrale biomasse de 850 MW. Direction et syndicats ont toujours affirmé que l’une ne pouvait se faire sans l’autre.
Daniel Kretinsky poursuit sa campagne de France. Après avoir spéculé dans la presse, en devenant notamment actionnaire indirecte et minoritaire du journal Le Monde, le milliardaire tchèque y prend position dans l’énergie, son premier métier. EPH (Energetický a Průmyslový Holding – « Holding énergétique et industrielle », en français), le groupe tchèque qu’il contrôle et préside, a été choisi pour acquérir les actifs français d’Uniper, a annoncé ce groupe allemand lundi 24 décembre.
En France, Uniper possède essentiellement deux centrales électriques fonctionnant au charbon d’une puissance de 600 mégawatts chacune, à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle). Ce dernier site comporte également deux tranches de production d’électricité à partir de gaz. Uniper détient aussi en France six parcs éoliens et deux centrales solaires.
« L’objectif d’EPH est d’acquérir l’ensemble des activités et des actifs d’Uniper en France »,
précise le communiqué publié par le groupe allemand, mais EPH a déjà conclu un accord pour revendre à Total les deux tranches au gaz.
Leur fermeture, ainsi que celle des deux autres centrales à charbon françaises, est fixée par le gouvernement à 2022. Mais selon le journal Le Monde, EPH pourrait tenter de repousser l’échéance. “Nous allons en discuter avec les autorités françaises“, assure ainsi Jan Springl, l’un des responsables du groupe contacté par le quotidien.
Uniper avait mis en vente ses actifs français à la suite de la publication de ses résultats du premier semestre 2018. Plusieurs candidats s’étaient intéressés au dossier, notamment des fonds d’investissement. A l’issue de ces négociations, EPH a été retenu pour mener des négociations exclusives, pour un prix qui n’a pas été divulgué.
« La prochaine étape est un processus de consultation obligatoire avec les représentants du personnel, prévu par la loi, qui sera lancé en janvier »,
explique Uniper. La conclusion de la vente nécessite en outre des autorisations administratives.
Comme il l’a déjà fait hors de France, Daniel Kretinsky mise ici sur des actifs en fin de vie. Le président Emmanuel Macron a confirmé leur fermeture à la fin de novembre.
La demande de moratoire formulée par la CGT a été rejetée.
« Nous continuons à militer pour l’obtenir, affirme Nicolas Casoni, le secrétaire général de la CGT à la centrale de Gardanne. Nous sommes d’ailleurs en grève reconductible depuis le début décembre. Pas un mégawatt ne sortira de Gardanne sans garantie pour notre avenir. »
Le ministère de la transition écologique et solidaire a assuré qu’il mettrait en œuvre l’engagement présidentiel « en accompagnant chaque salarié et chaque territoire concernés ».
Quel est le calcul de Daniel Kretinsky en achetant ces actifs ? Quatre éléments peuvent expliquer son intérêt pour des centrales vouées à la fermeture. D’abord, l’homme d’affaires s’apprête à obtenir Uniper France pour un prix positif mais semble-t-il limité, et la facture finale devrait sensiblement baisser grâce à la revente à Total des tranches fonctionnant au gaz.
Ensuite, EPH peut espérer gagner de l’argent sur les dernières années d’exploitation des centrales, déjà amorties. D’autant que ses dirigeants n’excluent pas que la fermeture soit repoussée au-delà de 2022.
« Ces deux unités jouent un rôle significatif dans le système électrique français, et pourraient fonctionner de façon compétitive après 2022, plaide Jan Springl, l’un des responsables d’EPH. Nous allons en discuter avec les autorités françaises. »
Le groupe tchèque peut aussi miser sur le développement d’autres modes de production d’énergie, moins polluants, en implantant d’autres parcs éoliens et solaires et surtout en développant l’utilisation de la biomasse. « Convertir à la biomasse une centrale à charbon, voire les deux, permettrait de garder une production électrique sur ces sites, mais entièrement renouvelable, et de maintenir les emplois », souligne Jan Springl.
Enfin, « le portefeuille de clients d’Uniper en France a une valeur pour un groupe comme EPH qui veut s’implanter dans le pays », relève un de ceux qui ont suivi le dossier.
Au bout du compte, récupérer à bas prix des centrales vouées à la fermeture, mais aussi d’autres actifs plus intéressants, pourrait ainsi se révéler une bonne affaire.
Sur le site de Gardanne, un contrat de transition écologique (CTE) piloté par le ministère de l’écologie doit définir un projet de reconversion. La CGT, qui s’est vue refuser un moratoire sur la fermeture, a entamé une grève reconductible depuis début décembre. Le syndicat, majoritaire à Gardanne, plaide notamment pour le développement de l’activité biomasse de la centrale.
Les salariés de la centrale de Gardanne, qui pousuivent leur grève pour obtenir un « moratoire » et une solution acceptable sur le plan économique, social et environnemental, prennent acte de l'avancée des négociations, et tiennent à dénoncer le deal déjà mis sur les rails entre EPH et Total qui s'apparente à « un jeu de Monopoly » et « une vente à la découpe de l'entreprise » (...)
Ou les salariés sont passés en perte et profit, ou la réponse aux besoins énergétiques de la population et des entreprises n'est que spéculation sur les prix de l'électricité » déclare le syndicat.
Un terrain sur lequel devrait s’engager les forces politiques de gauche… A Gardanne, on attend avec impatience de voir ce qui disent beaucoup avoir changé mettent leurs propos en actes… Le monde du travail doit être au cœur des batailles de la gauche !
Pirottina Michel
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