Pauvreté des enfants en France selon l'UNICEF
En France, la pauvreté prend de multiples formes, mais elle affecte particulièrement les personnes les plus jeunes, notamment les enfants, qui sont alors vulnérabilisés.
L'analyse de l'évolution de la pauvreté en France montre une hausse de 23 % depuis l'an 2000 et une tendance à l’accélération de cette hausse depuis 2012. La pauvreté touche fortement les catégories les plus jeunes de la population.
Ainsi, 52% des « pauvres » ont moins de 30 ans et 74% sont des familles, au sein desquelles les enfants sont donc fortement exposés au manque et voient leur vulnérabilité accrue.
La pauvreté a fortement changé. En moyenne, les personnes pauvres étaient autrefois âgées, issues d’une famille nombreuse et en zone rurale. Aujourd’hui, le profil est différent : les personnes pauvres sont de plus en plus souvent des femmes, jeunes, issues d'une famille monoparentale, vivant en zone urbaine et rencontrant des difficultés pour s'insérer sur le marché du travail.
Le nombre d’enfants pauvres en France ne recule pas
Un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France, soit près de 3 millions d’enfants en situation de pauvreté. Le taux de pauvreté des enfants est de 20%, ce qui est nettement supérieur à celui de l’ensemble de la population qui oscille autour des 14%.
Plus spécifiquement, une étude de l’INSEE publiée en 2018 montre que les moins de trois ans et les 15-18 sont les plus touchés par la pauvreté. Malgré les politiques publiques déployées depuis plusieurs années, ce chiffre n’a pas baissé depuis 10 ans.
On compte en France 1,7 million de familles monoparentales. Il existe une diversité des précarités au sein des familles monoparentales les plus pauvres : précarité économique (absence de soutien de l’autre parent, faibles salaires, emplois précaires ou chômage), précarité sociale (repli sur soi et sur la relation à l’enfant) et précarité psychologique (liée à la séparation avec des phases dépressives, une perte de confiance en soi).
Lorsqu’elles ont un enfant de moins de 3 ans, le taux d’emploi des mères de famille monoparentale est plus faible que celui des mères en couple. Ainsi, 44% des mères d’un enfant unique âgé de moins de 3 ans sont en emploi lorsqu’elles vivent sans conjoint, contre 71% lorsqu’elles vivent en couple. Au Danemark, où le pourcentage de familles monoparentales est à peu près de même importance qu’en France, le taux de pauvreté de ces familles est de 19 %, contre 35 % en France.
La pauvreté est mal prise en compte
La pauvreté se mesure de différentes manières. On se réfère ainsi au caractère monétaire et aux conditions de vie, mais également parfois à la pauvreté au sens administratif, lorsque les personnes bénéficient d’aides sociales.
Les différentes enquêtes réalisées s’accordent sur une proportion de mineurs de 20 % parmi les personnes sans-domiciles.
Un quart des sans-domiciles adultes vivent avec des enfants : s’il y a très peu de sans-abri à la rue avec des enfants, les enfants sont très nombreux dans la catégorie des sans-domiciles hébergés en hôtels.
À l’occasion de la rentrée scolaire 2017, une enquête flash menée dans la nuit du 4 au 5 septembre, dans 40 départements hors Paris, avait montré que les enfants représentaient 29% de l’ensemble de la population enregistrée au 115. Environ 63% des moins de 18 ans concernés par une demande d’hébergement au 115, n’avaient pu être hébergés.
L’UNICEF France estime qu’environ 8000 enfants vivent en bidonville en France métropolitaine.
Ces enfants absents des chiffres nationaux sur la pauvreté vivent généralement dans des conditions d’extrême pauvreté. Une grande partie d’entre eux n’a jamais été scolarisée, ni en France ni ailleurs.
Environ 80% des parents d’enfants placés appartiennent aux couches sociales défavorisée . La précarisation des familles liée à des instabilités professionnelle, de logement ou affective, qui se traduit par une sur-occupation des logements et une fragilité du réseau relationnel et de solidarité emporte des conséquences sur la qualité des relations parents-enfants.
Les mineurs non-accompagnés (MNA) étaient 6158 à être pris en charge par les conseils départementaux en décembre 2014. Leur nombre atteint aujourd’hui 22 100 au 31 décembre 2017. Ce nombre n’inclut pas les nombreux mineurs dont la demande de protection est en cours d’évaluation par les départements (hébergés en grande majorité dans des hôtels) ou en attente d’audience devant le juge des enfants après que leur minorité a été contestée. Ces derniers ne bénéficient la plupart du temps d’aucune forme de protection, vivent souvent dans la rue ou dans des habitats précaires (campements, squats…) lorsqu’ils ne bénéficient pas de l’hébergement informel et temporaire proposé par des familles bénévoles. Ils sont nombreux à voir leur minorité reconnue a posteriori par le juge des enfants et à réintégrer la protection de l’enfance (50% à Paris par exemple), après avoir vécu plusieurs mois dans des conditions d’extrême pauvreté.
La pauvreté pendant l’enfance entraine souvent la pauvreté à l’âge adulte
La pauvreté des enfants conditionne leur avenir. Parmi les garçons nés dans les années 2010, l’espérance de vie des 5% les plus pauvres est de 72 ans, contre 85 ans pour les 5% les plus aisés. Pour les femmes, l’écart est plus réduit, mais s’élève tout de même à 8 ans.
La pauvreté des enfants est d’autant plus alarmante que sortir de la pauvreté à l’âge adulte est relativement peu fréquent. En 2015, selon Eurostat, plus des deux tiers des personnes en situation de pauvreté en France l’ont été au moins trois ans durant les quatre années précédentes. Dans un quart des cas, les jeunes issus d’une famille dont les parents sont sans diplôme et pauvres sortent eux-mêmes de l’école en situation d’échec.
L’absence de diplôme est de plus en plus un obstacle pour trouver un emploi durable car les emplois accessibles sans diplôme se raréfient ou sont de mauvaise qualité (emplois temporaires ou à temps partiel contraint).
Malgré ce constat, la France compte 16% de jeunes de 15 à 34 ans qui ne sont ni à l’école, ni en emploi, ni en formation, contre 8% en Suède.
De multiples études montrent qu’investir dans l’enfance, dans la petite enfance au premier chef, permet de limiter des coûts postérieurs.
Les propositions de l'UNICEF France
- Accentuer les efforts de redistribution envers les familles en situation de pauvreté
- Favoriser l’accès à la crèche et à l’école des familles les plus modestes
- Lutter contre les inégalités d’accès aux apprentissages, aux savoirs et à la culture
- Rendre la cantine gratuite pour les enfants des familles sous le seuil de pauvreté
- Renforcer l’insertion scolaire des enfants pauvres invisibles
- Mieux mesurer la pauvreté des enfants et les inégalités avec les indicateurs de richesse
- Mieux qualifier la pauvreté des enfants
Vu sur: https://www.unicef.fr/dossier/enfants-pauvres