La CGT contre la baisse de 30 % du niveau des retraites

Publié le par Front de Gauche de Pierre Bénite

La CGT contre la baisse de 30 % du niveau des retraites

Le syndicat a calculé les pertes pour les pensions si la réforme Delevoye voit le jour. Il lance une campagne pour un projet alternatif, financé par 100 à 120 milliards d’euros de propositions de recettes nouvelles.

La CGT a relevé le défi. En octobre dernier, les équipes du haut-commissaire à la réforme des retraites avaient parié que la centrale ne pourrait jamais faire la démonstration que le système par points en préparation aboutirait à une baisse de la plupart des pensions. Jean-Paul Delevoye et ses proches jouaient sur du velours, puisque les contours précis de leur projet n’ont toujours pas été dévoilés.

Vendredi, la CGT a pourtant publié les résultats de ses calculs. Et ils sont édifiants. La perte de revenus des retraités atteindrait 30 % en moyenne, selon Catherine Perret, secrétaire confédérale en charge du dossier.

Le syndicat s’est basé sur le régime par points déjà existant, celui des retraites complémentaires Agirc-Arrco. « On n’allait pas s’amuser à bricoler un régime »,explique Pierre-Yves Chanu, du collectif retraites de la CGT.« Nous avons donc considéré l’existence d’un régime intégré universel fonctionnant selon les règles de l’Agirc-Arrco, auquel on a soumis des carrières complètes », poursuit Patricia Tejas, qui travaille sur le financement de la protection sociale pour la confédération.

Premier exemple, celui d’une ouvrière de l’automobile avec quarante-trois années de carrière, dont les huit dernières en invalidité, et ayant perçu un salaire mensuel moyen de 1 880 euros, passerait de 1 163 euros de pension aujourd’hui à 923 euros.

Autre cas, celui d’un cadre ayant effectué une carrière entrecoupée de chômage, et payé en moyenne 2 308 euros par mois, pourrait prétendre à 1 471 euros plus une retraite complémentaire dans le système actuel, contre seulement 1 348 euros tout compris dans le futur régime universel.

La CGT avance aussi le cas d’une professeure de collège partant à la retraite à 63 ans au bout de trente-neuf ans de service. Avec une décote de 20 %, sa pension serait à présent de 1 900 euros, contre seulement 1 622 euros pour un départ au même âge dans le système à points.

Ces exemples et une plaquette argumentaire, accompagnés d’une brochure détaillant les propositions de la CGT pour une « Sécurité sociale du XXIe siècle », vont servir de base à une campagne du syndicat pour défendre, non le statu quo, mais une « amélioration des droits dans le respect des spécificités des régimes existants ». Retraite à 60 ans, pension d’au moins 75 % du revenu d’activité, avec un minimum au niveau du Smic et indexation sur les salaires…

« La CGT lance une campagne sur le mode ‘‘Ne jouez pas vos droits à la retraite à la loterie’’, alors que le haut-commissaire est dans l’incapacité d’annoncer le montant des futures pensions et l’âge réel de départ avec une retraite digne », souligne Catherine Perret. Pour la dirigeante confédérale, le récent« cafouillage »sur l’âge légal montre d’ailleurs que l’exécutif,
sous la pression de« forces patronales et politiques », hésite encore sur la voie à suivre : réforme « paramétrique » classique ou réforme systémique, voire les deux…

À l’inverse, la CGT défend un plan de financement qui rapporterait au système les« 100 à 120 milliards d’euros nécessaires à l’horizon 2050 ». Un plan qui s’étend sur trois axes : une nouvelle répartition des richesses, passant par l’augmentation des salaires et de l’emploi qualifié ainsi que par l’égalité salariale femmes/hommes (38 milliards de recettes de cotisations en tout) ; la suppression des exonérations patronales et l’intégration de tous les éléments de rémunérations (primes, intéressement, etc.) dans l’assiette des cotisations (au moins 36 milliards) ; et une taxation renforcée du capital (au moins 30 milliards).

Sébastien Crépel

Article publié par l'Humanité

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