Temps de travail. Parmi les questions urgentes à régler, l'exigence de la réduction du temps de travail progresse.

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Temps de travail. Parmi les questions urgentes à régler, l'exigence de la réduction du temps de travail progresse.

Parmi les attentes fortes des Français exprimées dans leur lutte et lors du grand débat national, l'urgence d'augmenter les salaires et les pensions, de réduire l'injustice fiscale et de construire une nouvelle étape de la démocratie d'intervention ont été très dominantes avec le développement des services publics.

Contrairement à ce que l'on aurait pu penser la question du temps de travail n'a pas occupé une place majeure bien que sa réduction à 32 heures ait été pointée par les personnes qui souffrent le plus au travail. En tout cas, son allongement est fortement rejetée.

Or à depuis une dizaines de jours emboitant le pas à Macron qui dit vouloir faire travailler davantage, des hommes politiques de droite et quelques sociaux libéraux suivis par les médias, ne cessent de traiter la question de l'allongement du temps de travail soit à la semaine en supprimant la durée légale du temps de travail soit sur l'ensemble de la carrière avec le report de l'âge du départ à la retraite de 62 à 64 ans voire 65 ans.

Les arguments les plus fallacieux et les plus incohérents sont mis en avant pour arriver à nous mettre dans la tête que ce recul social serait incontournable. Cela en est sidérant au point que certaines personnes rencontrées lors des portes à portes, excédées crient leur colère, "Cela fait 5 mois que le pays réclame des hausses de salaire et voilà qu'ils nous parlent d'allonger le temps de travail que personne ne demande. C'est scandaleux surtout quand la France compte plus de 6 millions de chômeurs!"

Au point que Philippe Martinez juge cela absurde car il considère que la marche en avant de la société est de réduire le temps de travail. Au passage le secrétaire de la CGT égratigne sévèrement le chef de l'Etat :

"Pour un président qui voulait faire du neuf il s'inspire de Nicolas Sarkozy, il paraît que c'est lui qui le conseille d'après ce que j'ai compris", ironise Philippe Martinez. "C'est absurde, l'avenir c'est de travailler moins. Si on veut que tout le monde puisse travailler, il faut que les gens travaillent moins. La CGT propose de travailler 32 heures, une durée moyenne, en fonction des professions."

"C'est bien de payer des impôts, mais pour payer des impôts il faut gagner suffisamment et il ne faut pas être au chômage". "Il faut remettre les choses dans l'ordre parce que là, ce qu'on nous demande c'est de gérer la misère."

Un propos fort pertinent que vient de renforcer une statistique sur la durée du travail en Europe, qui nous apprend qu'en France on travaille plus que les Allemands. La France est loin d’être le pays européen où l’on travaille le moins, avec 1.514 heures de travail effectives par an et par travailleur en 2017 selon les chiffres de l’OCDE. A titre de comparaison, l’Allemagne affiche 1.356 heures de travail annuelles, et le Royaume-Uni autant d’heures que la France malgré une réglementation plus libérale. Une autre étude du ministère du Travail montre que les professionnels en France travaillent 36,3 heures par semaine, hors congés. C'est encore une fois plus que l'Allemagne !

Cela démontre aussi que depuis 15 ans les dispositifs de flexibilité adoptés par la droite et les socialistes ont vidé les 35 h de leur efficacité, bien qu'ils restent déterminants pour le paiement des heures supplémentaires. 

De plus, différentes enquêtes démontrent que la productivité du travail en France est largement supérieure aux autres pays de l'OCDE.  Aujourd'hui, la France cumule donc trois données majeures:

1) C'est un pays où l'on travaille le plus;

2) C'est le pays qui a la plus forte productivité du travail;

3) C'est le pays où les salaires ont le moins évolué ces 15 dernières années.

La France est donc ultra compétitive et où la rentabilité du capital est très élevée (trop élevée), au point qu'il attire les investissements étrangers, la France se classant en tête des pays les plus attractifs des pays occidentaux.

Les travailleurs et les Français en paient le prix fort : pauvreté grandissante, chômage de masse, inégalités et précarité en forte hausse, recul de l'espérance de vie particulièrement chez les travailleurs pauvres et les chez les ouvriers. Mais d'un autre côté, la France bât des records en versement de dividendes aux actionnaires qui reste la ligne politique centrale de Macron et du gouvernement.

Faut-il poursuivre dans ce sens là, en ciblant des acquis sociaux qui sont de vrais amortisseurs des crises du capitalisme comme le droit à la santé, la sécurité sociale, les 35 heures ou la retraite et les services publics ? Les mouvements sociaux qui se cumulent depuis deux ans répondent non avec éclat !

Mais aussi de nombreux économistes et hommes politiques qui voient deux grands dangers, d'une part une explosion sociale que la simple goutte d'eau de trop pourrait déclencher (les gilets jaunes en sont-ils les prémices) et d'autre part un recul rapide de la France en termes de niveau de vie, d'espérance de vie, de recherche, de formation, d'emploi et de démocratie. Dans ces domaines la France a atteint ses limites avant de ne basculer dans le sous-développement qui pourrait ouvrir les portes à une forme de pouvoir dictatorial pour imposer de force au peuple français une nouvelle phase de régression, en rupture avec l'évolution positive des deux siècles passés, sous l'effet des luttes sociales.

Certes, personne ne se fait des illusions sur les annonces de Macron jeudi soir. Malgré ses grandes faiblesses dans les domaines de la politique et de l'économie cèdera t-il au chant sirènes des ultrariches qui sont prêts à tout pour accumuler pouvoirs et fric, ou la raison l'emportera t-elle pour réconcilier les Français avec leurs représentants politiques qui ne les écoutent plus depuis tant d'années ?

Nous lui conseillerons une seule chose : qu'il ne joue pas avec la patience des Français et qu'il reprenne raison !

Nous en serons plus jeudi. A suivre.

Publié dans Politique nationale, Social

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