Pour justifier les 1.000 suppressions d’emplois sur le site de General Electric (GE) de Belfort, la ministre de la communication macroniste invoquait hier la "conjoncture" tournée vers la transition écologique !
Quel culot et malhonnêteté car la fusion entre Alstom et GE portait en elle-même dès le départ, les germes de la casse sociale que le gouvernement feint de découvrir. Il savait très bien qu'avec une telle fusion capitalistique, 1+1 ne font jamais 2, mais toujours moins, avec l'emploi qui passe à la trappe, rentabilité financière exige !
La porte-parole du gouvernement connaît le dossier pour l’avoir suivi comme attachée de presse de Macron à Bercy en 2014, quand a eu lieu le rachat de la filière Energie d'Alstom par GE. Argument massue retenue par la communicante ? "Le site de Belfort est un site qui produit de la turbine à gaz. Il y a une dizaine d’années, il produisait une centaine de turbines par an. L’année dernière, un peu moins d’une trentaine. L’équilibre économique est d’une quarantaine par an. (...) Il se trouve que les turbines à gaz utilisent une énergie fossile. Dès lors que l’économie mondiale est engagée dans une transition écologique, on produit moins de turbines à gaz". Pas de bol et fatalité !
Mais pas de bol aussi pour la ministre, en effet le rapport d’AT Kearney de 2012, commandé par Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Elysée, qui analyse les différents scénarios de rapprochement pour Alstom (appelé Lewis, dans ce rapport qui se veut secret), marque déjà un fort biais pro-General Electric. Et c’était bien là la commande qui aboutira à sa concrétisation deux ans plus tard, dans les conditions rocambolesques aujourd’hui mieux connues. Il estime cependant qu’un rapprochement entre le Français et l'Américain, pour ce qui est des turbines à gaz, dispose d’une "attractivité faible de Lewis et d'un potentiel de synergies limité".
D’autant qu’ensemble, GE et Alstom disposent de 50% des parts du marché mondial, les fragilisant pour l’actuel retournement du marché évoqué par les syndicats. Surtout, l’absence de synergies, en tout cas leur faiblesse, désignait Belfort, où GE dispose de fortes capacités de production de turbines à gaz, comme un probable candidat aux réductions d’emplois. Donc à l'époque le rapport indiquait clairement que ce rachat n'était pas bon, ni pour l'industrie ni pour l'emploi. Il eut été logique de ne pas l'accepter !
D'autres intérêts sont donc intervenus pour que le gouvernement de l'époque décide d'accompagner le rachat américain. Finance, choix politiques et idéologiques, abandon de notre industrie quel qu'en soit le coût humain et pour le pays ? Autant de questions fortes qui ressurgissent aujourd'hui, devant le désastre humain qui se prépare.
Que l’économie doive prendre en compte la transition écologique, comme le dit Ndiaye, est une chose; que la demande en turbines à gaz soit réduite, en est une autre. Comme le note le syndicat CFE-CGC de GE et Safran, le gaz comme source de production d’électricité est loin d’être mort et enterré :