Grève de la surveillance du bac : Nous n'avons pas le choix !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Grève de la surveillance du bac : Nous n'avons pas le choix !

Plusieurs syndicats de professeurs appellent à une grève de la surveillance des examens lors du premier jour du baccalauréat. Une menace exceptionnelle, pour dénoncer le manque d'écoute du ministre de l'Education au sujet de sa réforme du bac et du lycée. En guise de réponse le ministre Blanquer a affirmé aucune épreuve du baccalauréat 2019 ne sera annulée.

Une menace plane pourtant sur les épreuves du bac de philo et de français le lundi 17 juin. L'intersyndicale composée du Snes, premier syndicat du second degré, du SNALC et de la CGT, accompagnés d'un collectif de "stylos rouges", appellent à une grève de la surveillance pour le premier jour du bac. Un mode d'action rare : le dernier appel à la grève pour des épreuves du bac date de 2003.

Syndicats et stylos rouges assument, mettant en cause le manque d'écoute du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer.

Plusieurs revendications sont à l'origine de cette action unitaire. D'abord, celle d'une revalorisation des salaires. Ensuite, celle du rejet du projet de loi sur la fonction publique, adopté le 28 mai à l'Assemblée, qui prévoit notamment un recours accru aux contractuels. Mais surtout, les enseignants entendent protester contre le projet de loi "pour une école de la confiance", en cours d'examen au Parlement, et contre la réforme du lycée et du baccalauréat, qui entre en vigueur à la rentrée 2019.

Contre la réforme du lycée et du bac et une accumulation de réformes régressives

Depuis son annonce, les organisations enseignantes s'inquiètent d'une réforme du lycée entraînant le passage d'un baccalauréat national à un examen différent selon les lycées et favorisant les inégalités entre élèves et établissements. Exit les filières L, ES et S.
 
Entre la seconde et la première, les élèves devront choisir trois cours parmi douze spécialités. Objectif : proposer un système avec des combinaisons personnalisées afin de permettre aux élèves de mieux s'orienter dans le supérieur.
 
"On a vendu aux familles un système 'à la carte', explique Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (SNALC). Mais aucun lycée n'est capable de combler les attentes de chacun, à la fois parce qu'il n'y a pas assez de profs et pas assez de temps !"
 
Dans la pratique, en lieu et place du système proposé, les secondes de cette année se retrouvent donc à devoir faire un choix entre "des formules" de trois spécialités :
 
"Dont une qu'ils devront finalement abandonner un an plus tard, à leur arrivée en terminale. Tout cela n'a aucun sens !", s'étrangle le syndicaliste.

Depuis plusieurs semaines, les syndicats réclament un moratoire sur la réforme du lycée, afin de préparer "plus sereinement" les rentrées à venir. "Les organisations syndicales sont toujours présentes, s'agace-t-il. Nous ne venons pas avec des mauvaises intentions mais nous ne sommes absolument pas écoutés".

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Une frustration largement partagée par le mouvement des "stylos rouges" : "Cela fait six mois que l'on essaie d'initier un dialogue social avec le ministère", regrette Romain Massart, prof de physique-chimie dans un collège du Pas-de-Calais et membre des stylos rouges. Ce mouvement, lancé en décembre, insiste sur un sujet : la revalorisation du salaire des enseignants, dont le point d'indice est au pas depuis dix ans.
 
"Nous avons fait grève, nous avons mené l'opération 20/20 en surnotant délibérément les élèves pour alerter le ministère, poursuit-il. Rien n'y a faitBizarrement, il n'y a que quand nous avons commencé à parler de faire la grève des surveillances d'examen, il y a quelques semaines, que le ministère de l'Education a tendu l'oreille".

Le 6 mai dernier, une délégation de stylos rouges a ainsi été reçue rue de Grenelle pour parler salaires. Avec une revalorisation en vue ? Romain Massart dément, amer : "Pas du tout, regrette-t-il. Ils ont simplement proposé aux membres de la délégation d'ajourner toute discussion au début du mois de juillet". "Soit après les examens, pour nous enlever tout moyen de pression !", pointe Jean-Rémi Girard.

Un appel "exceptionnel"

Conscients de la menace qu'ils font planer sur le baccalauréat, une épreuve ne pouvant pas se dérouler sans surveillant, syndicalistes et stylos rouges sont décidés à saisir l'occasion :

"C'est un appel très fort et exceptionnel, reconnaît Claire Guéville, secrétaire nationale responsable du lycée au SNES-FSU. Aucun de nous n'a envie de faire ça, c'est un crève-cœur mais nous n'avons pas le choix."

Au point de compromettre l'examen des élèves ? Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, déclarait que son syndicat n'avait pas l'intention de perturber la première épreuve du baccalauréat des terminales : "On a l'objectif de se faire entendre". D'autres sont pourtant moins rassurants : "Il y a deux possibilités, détaille Jean-Rémi Girard. Le premier, que nous appelons de nos vœux, est que le ministre ouvre les yeux et accepte de discuter avec nous. S'il refuse, on verra à quel degré sera suivi le mouvement… avec la possibilité que l'épreuve soit annulée si on ne peut pas l'assurer".

Doit-on s'attendre à une grande vague de mobilisation ?

Sur la consultation lancée par la Snes-FSU plus de trois quarts des répondants étaient favorables à cette grève. "Nous avons aussi de nombreuses remontées du terrain qui laissent présager que le mouvement sera suivi, assure Claire Guéville. L'existence de mouvements comme celui des stylos rouges montre que la consigne peut être suivie au-delà de nos adhérents".

De son côté, le ministre de l'Education ne semble pas prêt pour l'instant à tendre la main. "Le dialogue social est nécessairement dans la durée. Je ne travaille pas sous la pression, encore moins avec un quelconque chantage", a-t-il déclaré.

La veille, dans un tweet, Jean-Michel Blanquer entendait avant tout rassurer élèves et parents : "Nous assurerons bien entendu un fonctionnement normal de la session du baccalauréat 2019. L’esprit de responsabilité et le professionnalisme de nos professeurs et de tous nos personnels le permettront."

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Ceux et celles qui font la grève,les grévistes donc,doivent se convaincre de la nécessité de ne recourir à cet ultime moyen d'expression et de lutte qu'après avoir consulté Mme Sibeth Ndiaye.Selon cette dame "la grève,on peut la faire au mois de mars".Il est donc sous-entendu qu’il est préférable de ne pas faire grève pendant les autres moments de l’année.C'est vrai,je n'y avais pas pensé:avant de faire grève,désormais,on demandera l'autorisation à Mme Sibeth Ndiaye et,selon sa réponse,on fera grève ou non.Mme Sibeth Ndiaye pourrait délivrer (ou pas)une autorisation de grève aux candidats grévistes.Cette autorisation pourrait également indiquer le moment où cette grève serait la moins gênante:une grève qui ne servirait à rien en quelque sorte.Merci donc à cette dame experte en solutions obscurantistes.
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