Policiers bientôt en procès pour des violences lors des manifestations de Gilets jaunes...
"Il y aura des renvois de policiers devant le tribunal correctionnel d'ici à la fin de l'année", a-t-il affirmé dans une interview, précisant "qu'aucun policier ou gendarme n'a été mis en examen pour l'instant".
Alors que le parquet a été critiqué pour son inaction apparente face aux violences policières, le magistrat s'est défendu de vouloir les "éluder". Et le procureur de justifier une lenteur du au temps nécessaire aux procédures, avec notamment des "heures de vidéos" à analyser.
174 enquêtes à l'encontre de policiers
Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, 174 enquêtes ont été ouvertes par les inspections générales de la police et de la gendarmerie nationale (IGPN et IGGN). Parmi elles, 57 ont été achevées et transmises au parquet dont huit "ont justifié l'ouverture d'une information judiciaire", a détaillé Rémy Heitz. La plupart des dossiers concernés "datent des premières manifestations de novembre et décembre", mais comptent aussi "les faits dénoncés par Jérôme Rodrigues le 26 janvier".
Cette figure des gilets jaunes a perdu un œil lors de "l'acte 11", incriminant un tir de lanceur de balles de défense (LBD) déclenché par un policier. Des armes impliquées dans "plusieurs dossiers", confirme le procureur. Comme Jérôme Rodrigues, près de 2.500 personnes ont été blessées parmi les manifestants depuis novembre.
Cette déclaration contrebalance la communication gouvernementale sur le maintien de l'ordre lors des manifestations de gilets jaunes, maintes fois décrit comme "exemplaire" par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'attirant les foudres d'une partie de l'opinion.
Dans ces conditions, au sein de la police, se diffuse le sentiment d'une utilisation politique des cas transmis à la justice : "Il ne doit pas y avoir d'impunité, mais le moment et le ton avec lequel cela a été dit par le procureur ont été extrêmement mal perçus dans nos rangs", a pointé Loïc Travers, secrétaire national Île-de-France du syndicat de policiers Alliance, pour qui le procureur jette "les policiers en pâture". "La justice prend une tournure politique [face à] la pression des gilets jaunes", a également dénoncé Grégory Joron, secrétaire national CRS chez SGP Police-FO.
Selon ce syndicaliste, les policiers ne sont pas des "justiciable[s] comme [les] autre[s]" : plus que leur responsabilité, c'est celle de leur hiérarchie qui doit être engagée.
"Quand mes collègues sont envoyés sans être formés, ni équipés du bon matériel et que de fait, il font avec ce qu'ils peuvent et comme ils peuvent, (...) ce n'est pas l'échec d'un individu tout seul derrière son LBD. C'est l'échec d'un dispositif, d'un ministère, pointe Grégory Joron.
"Nos forces de l'ordre samedi après samedi ont été absolument exemplaires, a réassuré la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Et, pour garantir à tous les Français que le comportement de nos forces de police est en tous points exemplaire, il faut aussi que, lorsque la violence a été utilisée de manière illégitime (...), les policiers soient sanctionnés".
En attendant d'éventuelles condamnations de policiers, plus de 2.000 manifestants des samedis jaunes ont déjà été condamnés en justice. Y aurait-il une justice à deux vitesses dans cette France soumise à l'autoritarisme macronien ?