On ne veut pas du CETA, accord de libre échange entre l'Europe et le Canada
L'Assemblée doit se prononcer mercredi sur la ratification du traité entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), éreinté par les oppositions, agriculteurs et ONG. Le CETA est une menace sanitaire, écologique et agricole !
Le gouvernement vante le Ceta qui depuis son entrée en vigueur provisoire il y a bientôt deux ans, aurait permis une progression des exportations vers le Canada. Et le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne d'assurer: "Rien n'est caché, rien n'est tabou, c'est un bel accord", qui "va créer des emplois".
Reconnaissant la "crise de confiance" de l'opinion sur ce type d'accords, les "macronistes" n'ont pas ménagé leurs efforts pour vanter ce traité qui supprime les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones.
Ils ont appelé à ne pas faire "d’amalgame" avec l'accord récent entre l'UE et les pays membres du Mercosur, vivement contesté.
En vain, les opposants sont loin d'être convaincus. Même au sein de la majorité Macroniste certains s'interrogent, voire sont opposés comme Richard Ramos (MoDem).
Outre des amendements de suppression des deux articles du texte, des motions de procédure sont attendues. Matthieu Orphelin (ex-LREM) a indiqué vouloir demander un "ajournement" du vote, d'autres voudraient un référendum.
L'accord est combattu par les agriculteurs comme les écologistes, au nom notamment des risques sanitaires.
Plus de 70 organisations (Attac France, CGT, Greenpeace, UFC-Que Choisir, PCF etc.) ont demandé aux députés "de ne pas ratifier le Ceta". Certaines appellent à un rassemblement mardi aux abords de l'Assemblée.
La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont adressé un courrier aux députés les exhortant à "protéger l'agriculture et l'alimentation des Français".
Des communistes à LR, le texte unit contre lui les oppositions. Les élus de droite entendent s'y opposer si le volet agricole est maintenu.
Pour des raisons proches, les UDI et indépendants devraient se partager entre une "abstention vigilante" et un vote contre, Libertés et Territoires y voyant aussi "l'accord de trop pour la filière bovine".
Même hostilité des groupes de gauche. Le PS dénonce un texte "incompatible avec les accords de Paris" et sans véritable "veto climatique" malgré les affirmations de la majorité. Le PCF y voit une "menace" pour l'environnement, l'agriculture et "notre modèle social".
"Le Canada pourra nous envoyer de la viande élevée avec des farines animales", s'inquiète Richard Ramos (MoDem). Des animaux nourris avec de la "farine de sang d'animaux, du sang d'animaux déshydraté, des poils d'animaux hydrolisés"... "voilà ce que vous allez devoir manger", a lancé François Ruffin en commission.