Retraites : la CGT rejette la logique d’un système par points et dénonce un projet de régression sociale
Les préconisations du rapport Delevoye, en charge de la refonte du système actuel de retraites, ont confirmé les craintes des syndicats. Le dossier, qui doit déboucher sur un projet de loi d’ici la fin de l’année, sera à n’en pas douter au cœur de la contestation sociale de cette rentrée.
Serge Ragazzacci, secrétaire départemental de la CGT de l’Hérault, en décrypte les enjeux et les dangers. Une journée de mobilisation nationale interprofessionnelle a été arrêtée par la CGT, la forte contestation de la réforme des retraites de Macron sera au cœur des cortèges et des arrêts de travail.
Voilà des mois, déjà, que la CGT alerte sur le nouveau système de retraites à points plébiscité par le gouvernement en lieu et place du système par répartition actuel. Désormais ses craintes se précisent, au vu des préconisations du rapport Delevoye présenté mi-juillet. Et le calendrier quant à lui s’accélère, avec un projet de loi attendu en fin d’année.
Devant la contestation, Macron qui craint les mouvements sociaux a du annoncer une concertation sociale supplémentaire. Pour ne rien changer ou améliorer les propositions Delevoye ? Telle est la question sachant que d'autres comme le PCF proposent une véritable réforme alternative qui améliore les conditions de départ, le niveau des pensions, ramène l'âge de départ possible à 60 ans et pose clairement le besoin d'un élargissement du financement.
« Actuellement, on est sur un système dit à prestations définies : on connaît, bien avant de prendre sa retraite, le montant de sa pension. Avec un système par points, dont la valeur pourra fluctuer au gré de la conjoncture économique mais aussi des évolutions démographiques, ce ne sera plus le cas », explique Serge Ragazzacci, secrétaire départemental de la CGT de l’Hérault.
Non seulement le système préconisé enlèverait donc toute garantie aux salariés sur le montant de leur retraite, mais la décote importante sur la valeur du point, prévue entre 62 et 64 ans, « va inciter les gens à partir plus tard », poursuit le responsable syndical héraultais. « Grosso modo, pour toucher un montant de retraite identique ou un peu supérieur à celui qu’on touche actuellement, il faudra travailler jusqu’à 66 ans ». « On voit pointer le bout du nez de la capitalisation »
Un système qui, tel qu’il est pensé, entraînera immanquablement une baisse générale du niveau des retraites.
«C’est une réforme à caractère financier, qui n’a en réalité qu’un seul objectif : comment limiter la part du PIB consacrée à la prise en compte de la retraite ? », décrypte Serge Ragazzacci.
«Ça a été annoncé dans sa lettre de mission et répété par Jean-Paul Delevoye : il n’y aura pas un euro de plus injecté dans le système, alors qu’on sait que les pensions sont déjà insuffisantes et qu’il va y avoir davantage de retraités. S’il y a la même somme d’argent pour plus de monde, c’est donc que tout le monde va en avoir un peu moins...», développe-t-il.
A commencer par les fonctionnaires, dont la retraite est pour l’heure calculée sur les six derniers mois, quand le rapport Delevoye prescrit qu’elle le soit sur l’ensemble de la carrière.
« Le montant de la pension va beaucoup s’en ressentir. D’autant qu’en échange du statut de la fonction publique, les salaires sont plutôt moindres que dans le privé », rappelle le représentant de la CGT de l’Hérault.
Pendant ce temps, ceux qui possèdent des revenus confortables sont, eux, incités à se constituer des épargnes complémentaires... « On voit poindre le bout du nez de la capitalisation », résume le cégétiste.
On est bien loin d’un système d’assurance redistributif, capable de fournir un niveau de retraite satisfaisant à tous les actifs et et d’assurer des taux de remplacement plus élevés aux salaires les plus faibles. C'est le chacun pour soi... du pur libéralisme !
Quant à la consultation citoyenne annoncée sur la réforme alors que des rencontres doivent reprendre en septembre avec les syndicats, « censés représenter les salariés », Serge Ragazzacci y voit «de nouveau une façon de minorer le rôle des organisations syndicales ».
A ce jour la CGT n'entend pas se laisser enfumé et développe ses propres propositions pour une réforme progressiste des retraités pour améliorer la situation de toutes et tous et non la rendre encore plus invivable pour le plus grand nombre. Elle a pris l'initiative d'une première journée de mobilisation dès le 24 septembre qui sera suivie par l'action unitaire des retraités le 8 octobre.
Le ton est à la mobilisation pour une rentrée sociale, revendicative et offensive !