Lutte : les agriculteurs s'y mettent aussi !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Lutte : les agriculteurs s'y mettent aussi !

La situation des exploitants agricoles est grave un peu comme les personnels de santé, ils n'arrivent plus à vivre dignement de leur travail alors qu'ils sont ceux qui nous permettent de nous nourrir et font des efforts colossaux pour nous fournir une alimentation de qualité, saine.

Nous ne parlons pas ici, des quelques gros producteurs, qui ont industrialisé l'agriculture pour une culture intensive, qui inondent les marchés nationaux et transnationaux, faussent les prix et sont de connivence avec les grands groupes de l'agroalimentaire et les grands distributeurs qui ramassent au passage des profits gigantesques en nous imposant une alimentation de produits fabriqués en masse à la qualité discutable et qui sont souvent à l'origine de problèmes sanitaires.

Nous voulons parler ici des petits exploitants et des salariés, ceux qui travaillent des heures durant, pissent le sang et l'eau pour parvenir à vivre chichement avec leur famille. Ils sont en grande difficulté avec une concurrence faussée qui les lèse par tous les bouts et avec des politiques nationale et européenne qui font la vie belle aux ultra riches et aux industriels et aux grand propriétaires.

La pauvreté et les inégalités sont des réalités du monde de l'agriculture. Une situation qui va s'aggraver sous le coup des accords de "libre-échange" comme le CETA ou le Mercosur que ne veulent pas combattre Macron et sa clique.

Ainsi, les agriculteurs français gagnent en moyenne 1.250 euros par mois, un tiers touche moins de 350 euros. Selon l'INSEE, près de 20% d'entre-eux n’ont dégagé aucun revenu en 2017, c'est gravissime.

Il n'est donc pas anormal que nous constations une surmortalité dans le monde paysan. Les chiffres font froid dans le dos, avec plus de deux suicides par jour, selon les chiffres de la Mutualité sociale agricole parus cet été. Elle évoque 605 suicides chez agriculteurs, exploitants et salariés.

Ils étaient 274 à avoir plus de 65 ans, et 4 sur 5 sont des hommes. Des chiffres bien supérieurs à ceux du reste de la population. Le risque de se suicider est plus élevé de 12,6% chez les agriculteurs. Et ce chiffre explose chez les agriculteurs les plus pauvres. On atteint 57% chez les bénéficiaires de la CMU. Deux activités sont particulièrement touchées : les éleveurs bovins et les producteurs laitiers.

Depuis plusieurs mois le mécontentement s'exprime, mais le gouvernement n'entend pas et ne bouge pas, enfoncé dans sa politique d'austérité pour tous ! Alors la colère s'est installée et comme beaucoup d'autres professions dans le pays, ils ont décidé de l'exprimer et d'exiger un revenu minimum garanti, alors que l'Assemblée Nationale discute en ce moment du budget 2020.

Ainsi, des milliers de paysans, d'exploitants et de salariés avec plusieurs centaines de tracteurs vont converger vers Paris et d'autres grandes agglomérations pour bloquer des axes routiers. Une mobilisation qui vise à attirer l’attention sur le “malaise paysan”.

Les agriculteurs dénoncent la signature par la France de traités de libre-échange comme le Ceta, la baisse de leurs revenus, ou encore la stigmatisation de leur profession. Ils remettent aussi en cause la loi alimentation, qui était censée rééquilibrer les relations commerciales avec les distributeurs, mais n’a eu aucun impact sur leur rémunération.

Enfin ils entendent mettre la pression sur le Sénat qui examine ce jeudi, une proposition de loi visant à mieux prévenir les suicides chez les agriculteurs, afin que la montagne n'accouche pas d'une souris comme cela s'est passé la semaine dernière avec la santé !

La question de fond posée n'est pas la "baisse des charges" au nom de la fable du coût du travail exigé par les industriels de l'agriculture, mais celle d'avoir des prix garantis qui permettent d'avoir des revenus dignes. Pour cela il faut imposer aux grands groupes de l'agrobusiness qu'une partie de leur marge soit réduite au profit de l'exploitant fournisseur et du consommateur de l'autre côté.

Dans les organisations syndicales progressistes, ce sentiment est vivement partagé. Ainsi, la Confédération paysanne juge que les paysans devraient avoir un revenu plancher garanti, comme les salariés ont un salaire minimum garanti.

Vivre dignement de son travail, c’est l'exigence que porte le PCF. Cela suppose la mise en place d'une négociation annuelle sur les prix, en appliquant un coefficient multiplicateur qui limite strictement le taux de marge des distributeurs et en interdisant l’achat de produits agricoles en deçà du coût de revient.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article