Réchauffement climatique ou l'urgence d'agir vite et en grand pour sauver Venise

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Réchauffement climatique ou l'urgence d'agir vite et en grand pour sauver Venise

Depuis plusieurs jours, Venise fait la Une en Italie, mais aussi à l’international. Des épisodes de marée record – « l’acqua alta » est à son plus haut niveau en 50 ans – ont sinistré la ville.

Les places, églises, restaurants, hôtels mais aussi les bibliothèques, les commerces et les musées ont été envahis par les eaux, provoquant un chaos dont les images sont très impressionnantes.

Sur les photos relayées par la presse ou sur les réseaux sociaux, on peut voir les habitants et touristes déambuler par endroits de l’eau jusqu’aux genoux.

La cité lacustre a été placée sous état d’urgence, avec trois pics de marée haute presque sans précédent en moins d’une semaine. 80% de la ville a été submergée.

 Le coût de cette catastrophe ?

  •  Des centaines de millions d’euros, selon les premières estimations, peut-être un milliard.
  •  50 églises endommagées.
  •  Les réserves dans les sous-sols des hôtels et restaurants détruites.

 Conséquence ?

Les touristes commencent à annuler leurs réservations pour les semaines à venir, et notamment les fêtes de fin d’année. Car dans le centre historique de Venise, où vivent 50.000 personnes, ce ne sont pas moins de 36 millions touristes qui défilent chaque année, dont 90% venant de l’étranger, selon l'AFP.

Le gouvernement italien a d’ores et déjà débloqué 20 millions d’euros pour faire face. Un compte a été ouvert pour recevoir les dons venus du monde entier.

Mais sur le long terme, comment faire face à de tels épisodes ?

Certes, ces crues extraordinaires ont lieu depuis des siècles dans cette ville bâtie sur pilotis. Mais c’est sans doute leur fréquence, en partie liée au réchauffement climatique, qui interroge.

Venise, une ville surexploitée

Cet évènement est très emblématique de la situation italienne. Il suffit d'avoir été une fois à Venise pour se rendre compte à quel point elle est surexploitée: surchargée de touristes, entamée par des canaux creusés pour le passage des navires pétroliers et des paquebots de croisière géants…). Surexposée au changement climatique en raison de sa position géographique (au pied des fameuses Dolomites), cette ville, parmi les plus belles au monde, subit des dommages mettant en lumière l'immensité des problèmes à résoudre pour éviter une dégradation encore plus grande.

Un projet électro-mécanique de digue visant à protéger la lagune (baptisé MOSE, Moïse en italien), doit être mis en place depuis une cinquantaine d’années. Mais pour plusieurs motifs, dont la corruption, il n’est toujours pas terminé. Sa réalisation, achevée à 95%, pourrait d’ailleurs ne servir à rien : le projet est tellement ancien qu’il pourrait, selon les experts, être obsolète dès sa mise en fonctionnement.

Ce signal d’alarme fera-t-il prendre les mesures adéquates aux autorités ? Y aura-t-il un sursaut populaire ?

C'est en tout cas ce qu'espèrent les Vénitiens...et au-delà.

Dans une tribune du Monde du 16 novembre Roberto Ferrucci s'indigne :

"Dans la nuit du 12 au 13 novembre, Venise est morte. Rien à voir avec La Mort à Venise de Thomas Mann. Je vous parle d’une ville entière à l’agonie. Et ce n’est pas une simple inquiétude, car la gravité de la situation empêche de se laisser aller aux émotions passagères.

Non, c’est un sentiment profond qui m’envahit tandis que je marche et regarde autour de moi. Un sentiment de douleur et d’incrédulité. Une prise de conscience aussi : dans certains cas, l’expression « ne pas avoir de mots » a un fond de vérité.

Vous pourrez lire mille reportages, y compris cet article, aucun, pas même ceux qui auraient été écrits par des maîtres comme Hemingway ou Emmanuel Carrère, ne parviendrait à transmettre la douleur, la rage, l’incompréhension, la peur, toute cette gamme de sentiments que seul un habitant de Venise, seul celui qui a choisi Venise pour son caractère unique, seul celui qui y est né, peut vraiment éprouver."

L’écrivain italien estime, dans une tribune, que Venise coule parce que ses habitants n’ont pas su empêcher la forte crue qui submerge la ville. Seule une organisation supranationale pourra la sauver de la montée des eaux.

Sources : un article de Marie Malzac publié sur Linkedin et une Tribune du Monde.

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