Denis Durand répond à trois questions à La Dépêche sur la réforme des retraites

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Denis Durand répond à trois questions à La Dépêche sur la réforme des retraites

Denis Durand, responsable de la commission économique du Parti communiste français (PCF) était, hier soir, à Toulouse pour animer un débat sur les retraites. Interview.

Pourquoi s’opposer à un système universel des retraites ?

Le projet gouvernemental ne vise pas vraiment à établir un régime "universel". Le système actuel l’est déjà, en ce sens qu’il en est venu à couvrir l’ensemble de la population. Le projet vise plutôt à instaurer un régime de base unique qui brisera les solidarités construites dans le système actuel et dans lequel chacun sera dans l’incertitude, quant au niveau de sa pension, puisqu’il dépendra de la valeur du point au moment du départ en retraite.

Le but réel du gouvernement est de limiter les dépenses de retraites en bloquant leur part dans le PIB à 14 %. Les gouvernements en auront les moyens en diminuant la valeur du point. Or, le nombre de retraités va augmenter. Le résultat sera une baisse générale des pensions, c’est une bonne raison de s’opposer au projet !

Le système actuel peut-il se pérenniser avec un équilibre des comptes ?

Il n’y a pas d’urgence à réformer le système pour des raisons d’équilibre financier. Le déficit projeté à l’horizon 2025 est faible en comparaison de la masse des dépenses.

La vraie urgence, en matière de retraites comme en matière de santé et en matière de services publics, est de dégager davantage de ressources pour répondre à des besoins croissants : nombre de retraités, prise en compte de la pénibilité, fin des discriminations à l’égard des femmes, nouvelle conception du rôle des seniors dans la société…. C’est tout le contraire de ce que veut faire Emmanuel Macron.

Revenir à la retraite à 60 ans pour tous, est-ce irréaliste ?

C’est réaliste à condition de mettre en place un nouveau type de croissance de la productivité. Aujourd’hui, sous l’effet des exigences de rentabilité du grand capital, les gains de productivité liés aux nouvelles technologies se traduisent par des mises au chômage.

Orienter au contraire la gestion des entreprises vers la sécurisation de l’emploi et de la formation, en les y incitant par une modulation des cotisations sociales patronales et par une nouvelle sélectivité du crédit, les désintoxiquer de la finance, en les y incitant par un prélèvement sur leurs revenus financiers, améliorerait l’efficacité de l’économie, stimulerait la demande, permettrait de relever la part des salaires dans la valeur ajoutée et, partant, l’assiette des cotisations.

Ce serait suffisant pour dégager les quelque 90 milliards d’euros de ressources supplémentaires qui permettraient pour tous un départ à 60 ans avec 75 % du salaire des dix dernières années.

Interview à La Dépêche par Gilles-R. Souillés

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