La métropole de Lyon pour qui ? Ou les fragilités du vote vert... et les terribles contradictions d'EELV.

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

La métropole de Lyon pour qui ? Ou les fragilités du vote vert... et les terribles contradictions d'EELV.

Il n'est pas aisé de trouver un bon slogan électoral, surtout en ces moments politiques où les mots ont souvent perdu leur sens. De Sarkozy défenseur du travail à Hollande contre la finance, en passant par Macron avec sa révolution...

Aujourd'hui le slogan choisit par EELV pour les élections métropolitaines est révélateur d’un inconscient politique discutable...

« Maintenant, la Métropole pour nous, les écologistes avec Bruno Bernard »

Que veut dire Bruno Bernard avec son "nous" ? Les élus EELV qui dirigeraient la métropole demain ? le parti EELV ? les écologistes globalement ?

Ou tout simplement annonce t-il sa candidature à la Présidence de la Métropole de Lyon, en affirmant « c’est à nous ! » demain de la diriger ? Le nouveau Calife qui remplacerait les anciens califes : Collomb et Kimelfeld ? De grosses ambitions personnelles quand même ! 

C'est à la fois surprenant et peut même, donner à rire.

En effet surprenant, car nous n'oublions pas qu'EELV était déjà dans la majorité sortante de la métropole, avec 4 représentants à l’exécutif métropolitain, en charge de questions clés : mobilités, développement durable et climat, déchets, économie circulaire, sociale et solidaire. Des domaines où les écologistes sont souvent présentés comme des "experts". Leur bilan est de fait celui de Gérard Collomb puis de David Kimelfeld...

Cela prête à rire, quand par exemple, après avoir voté un Plan de Déplacement Urbain sans aucune ambition pour les transports en commun ou la place du rail, EELV dans son programme met en avant le "RER" à la lyonnaise...Nous n'avons pas connaissance d’avoir entendu cette proposition des élus EELV ces dernières années au conseil métropolitain....

S’il y a des personnes légitimes pour dire "c’est à nous", ce serait d’abord les plus pauvres, les ouvriers chassés de Lyon depuis des années, les quartiers populaires qui souffrent des inégalités sociales aggravées par la métropole, toutes les catégories bien mal représentées par l'actuelle majorité macroniste avec un exécutif un peu "verdi" avec les représentants d'EELV.

Les électrices et les électeurs de la métropole attendent autre chose !

Non vraiment ce n'est pas ce genre de débat qu'attendant les électrices et électeurs de la métropole. Elles et ils n'ont que faire de savoir qui sera le futur Président de la métropole.

Ce qu'elles et ils veulent savoir et débattre, c'est quelle politique demain la Métropole fera t-elle pour améliorer leur situation, pour s'attaquer au chômage et à la précarité de masse, pour solidariser les communes et les citoyens, pour reconquérir l'égalité entre les territoires, pour faire reculer la domination des multinationales qui font et défont le tissu économique avec un "laisser faire" intolérable des institutions et de l'Etat, pour améliorer les transports en commun en accentuant le transfert du mode voiture vers le mode transport en commun et les modes doux, pour redonner des pouvoirs et des moyens financiers aux communes afin que la métropole redevienne celle des communes et des citoyens.

Faire preuve de modestie 

Certes les écologistes se sentent le vent en poupe derrière les Européennes, bien qu'avec le score de 13.5%, on aurait plutôt tendance à faire preuve de modestie. C'est peut-être pour cela que certains écologistes se gardent bien de crier victoire avant l'heure et que d'autres ont fait le choix dans certaines villes de jouer le jeu de l'union avec les autres forces de gauche, avec honnêteté et sincérité.

Car toujours par le passé, les Verts ont échoué à transformer l'essai après un coup électoral, retombant dans les guerres d'appareils, les surenchères ou la guerre des chefs marqués par les ambitions personnelles. Et ils ont raison, d'autant qu'ils savent bien que seuls 32 % des sympathisants d'EELV se disent sûrs de leur choix pour le 15 mars, selon un sondage Odexa publié cette semaine. Alors qu'ils sont entre 55 % et 65 % chez les électeurs des autres partis présents aux municipales. 

Les Français a priori tentés par le bulletin écologiste peuvent facilement changer d'avis et opter pour celui d'un autre parti de gauche.

A la différence des européennes, qui ont souvent souri aux Verts, les municipales ne constituent pas une occasion de se faire plaisir, mais « une élection avec laquelle on ne plaisante pas », insiste le maire d'une grande ville, tant les répercussions dans la vie de tous les jours sont importantes. Bref, un scrutin qui encourage le vote utile et de proximité.

Enfin, les jeunes qui constituent souvent le réservoir du vote vert se rendront-ils aux urnes le mois prochain ? Une vraie question tant leur taux de participation aux élections est souvent nettement plus faible que celui des seniors, pour le coup moins sensibles aux thématiques environnementales.

Cela explique au moins deux choses. D'une part la multiplication de listes dites "citoyennes" qui, comme le Macron de 2017, rejettent la droite et la gauche et refusent la politique, pour tenter de capter le vote écologique et celui des déçus de Macron et de sa politique, mais qui sont prêtes à négocier en cas de second tour, avec ceux qu'elles combattent au 1er tour.

D'autre part, la position ambigüe de Kohlhaas, la tête de liste d'EELV sur la circonscription "Des lônes et coteau", qui dans un interview dans le journal local, annonce que pour le second tour, les verts se tourneront vers la gauche mais qui rajoute aussitôt "qu'il ne sait pas encore si cela sera suffisant !" Cela veut dire quoi ?

Dit autrement, selon les scores du 1er tour, Kohlhaas est-il prêt à se tourner vers Kimelfeld ou Collomb pour assurer la continuité de la majorité macroniste actuelle dans laquelle siègent 4 élus-es EELV à l'exécutif ? On n'ose penser en effet, que Kholass puisse s'allier avec le Rassemblement National ou avec la droite LR.

En fait, les écologistes qui pensaient qu'ils pourraient recomposer le paysage politique après leur score aux européennes, constatent que cela n'est pas si simple, ils préfèrent donc, selon les situations, s'inscrire dans la continuité de la tambouille politique actuelle des alliances de sommet de circonstance.

Voilà pourquoi, ils seront courtisés dans les jours qui viennent. Répondront-ils aux appels du pied de la droite et des macronistes en perdition ?

Tout va dépendre des scores réalisés par la gauche et de leur compréhension de l'impact provoqué dans les consciences par les luttes sociales de cette année avec les Gilets jaunes, les cheminots, la santé et depuis trois mois pour la  sauvegarde et l'amélioration de notre système actuel des retraites qui vont conduire massivement les électeurs à sanctionner Macron et sa politique.

Les deux dernières semaines de campagne, doivent donc faire la lumière sur les objectifs de chacun quant à la métropole de demain qu'ils souhaitent avec les électeurs. Pour notre part, notre choix est clair, nous vulons une métropole de Lyon des communes pour les communes et les citoyens.

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