Malgré des bénéfices en 2019, Air France veut supprimer 1.500 emplois d'ici à 2022

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Malgré des bénéfices en 2019, Air France veut supprimer 1.500 emplois d'ici à 2022
C'est la période de rendu des comptes des entreprises, malheureusement c'est aussi la période où les directions d'entreprises en particulier les grandes, poussées par les actionnaires, annoncent leur plan anti-social soit pour renforcer leur rentabilité financière soit pour compenser une baisse des bénéfices, dans les deux cas, la logique est de toujours de réduire l'emploi, les salaires et de tenter d'imposer une plus grande flexibilité du salariat.
 
Quelle que soit l'option choisi, cela revient toujours à aggraver le coût du capital contre les hommes, ce qui est au coeur de la crise d'efficacité du travail.
 
Renault est dans cette logique (voir ce Blog un article précédent), tout comme Airbus avec avec l'annonce de 2300 postes supprimés dont 400 en France, il en est de même pour Air France-KLM qui a annoncé la suppression de 1.500 postes au comité social économique. Les fonctions "supports" sont les principales visées. Fin décembre, les effectifs s'élevaient à 41.230 salariés. La direction estime n'en avoir besoin que de 39.720.

Ainsi dans son projet d'évolution des effectifs pour les trois années à venir, Air France -KLM prévoit la suppression de 1500 emplois (500 par an).  Pourtant le groupe se porte bien, le chiffre d'affaire du groupe a progressé de + 3.7% de 2018 à 2019, le nombre de passagers transportés a augmenté de 2.7%, son bénéfice net est de 290 millions d'€, elle atteint le record de satisfaction de ses clients au point qu'Air France se classe 7ème compagnie aérienne mondiale.

Alors pourquoi une telle annonce ? La sacro-sainte compétitivité toujours. Le patron d’Air France-KLM, Ben Smith, avait dévoilé l’an dernier un plan quinquennal pour soi-disant redonner au groupe aéronautique une position de leader en Europe.

Avec une baisse de 31% des bénéfices net en 2019, (chiffre trompe l'oeil) le groupe a décidé de dégraisser. Il est à noter que cette baisse ne peut cacher qu'Air France-KLM a enregistré un bénéfice net de 290 millions l'an passé. Pour faire des économies, il a décidé de sacrifier l'emploi et les salaires. Cela concerne exclusivement le personnel au sol. Hors de question de toucher aux dividendes des actionnaires ou de baisser le salaire du PDG Ben Smith dont la nomination a été accompagnée d’une valorisation salariale pour le PDG. Il touche trois fois plus que son prédécesseur et peut gagner chaque année jusqu’à 4,25 millions d’euros.

A titre de comparaison, un ouvrier au SMIC pendant 40 ans gagnerait au total 585 000 euros, soit plus ou moins 2 mois de salaire du PDG. Benjamin Smith aurait-il la capacité de travailler autant en 2 mois qu’un ouvrier en 40 ans ?

Avec ces suppressions de postes, la direction d’Air France-KLM souhaite grappiller des miettes. L’objectif à moyen terme pour le groupe est d’augmenter son trafic, ce qui veut dire plus d’avions, plus de passagers, plus de réservations mais avec de moins en moins de personnel au sol. Ce qui signifie plus de travail pour moins de salariés. Si le PDG d’Air France voulait perdre sa chemise il ne s’y prendrait pas autrement.

Les fonctions "supports" visées

Parmi les réduction envisagées, les "fonctions supports" seraient les premières visées. Les postes de finances, gestion, ou encore de ressources humaines seraient trop nombreux, et trop coûteux.

Ainsi, d'ici à 2022, certains emplois de personnel au sol disparaîtront au fur et à mesure. Mais les départs ne seront ni contraints, ni volontaires. L'entreprise mise sur des départs naturels liés à un âge élevé, qui ne seront cependant pas tous remplacés. Si la compagnie aérienne estime les départs naturels à hauteur de 3.800 d'ici à 2022, elle annonce vouloir recruter dans d'autres secteurs. Selon La Tribune, 2.300 personnes seraient embauchées, dont des pilotes, hôtesses et stewards, et des agents de maintenance.

Le coronavirus menace le secteur du transport aérien

L'annonce intervient après l'adoption d'un plan d'austérité visant à amortir l'impact financier du coronavirus sur le transport aérien. En pleine crise du Covid-19, les entreprises de transport aérien ont limité, voire annulé des voyages et réservations de touristes pour l'été, entraînant un manque à gagner pour l'entreprise aérienne.  Air-France le fait payer aux salariés !

Dans un courrier interne, le groupe demandait une réduction de dépenses non-urgentes – comme les réceptions, le recours à des consultants, ou les frais marketing - mais aussi le "gel des embauches pour tous les services non directement liés aux opérations".

"Plusieurs de nos clients Entreprises et Grands Comptes prennent en effet des mesures qui visent à limiter, voire interdire, les voyages de leurs collaborateurs. Les conséquences de ces mesures vont nécessairement infléchir notre trajectoire financière et pourraient nous mettre dans une situation de trésorerie difficile, si nous ne réagissions pas immédiatement", a écrit dans un mail le directeur financier d'Air France.

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