Aéroports de Paris. Le gouvernement annonce le report de la privatisation d’ADP
Le gouvernement, via sa porte-parole Sibeth Ndiaye, a annoncé mettre en suspens sa volonté de privatiser Aéroports de Paris (ADP).
La proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) sur la privatisation d’Aéroports de Paris n’a pas encore atteint le nombre de signatures voulues. Pour autant, c’est une victoire importante pour celles et ceux qui se mobilisent contre ce projet gouvernemental de brader au privé ce bien public inestimable.
Quelles sont les explications du gouvernement ? Selon Sibeth Ndiaye les marchés financiers seraient trop instables dans la période dans le contexte de l’épidémie de coronavirus. C'est un peu léger bien que cela démontre que les marchés ne sont pas intéressés d'autant que cette vente est vivement contestée.
Si la demande de référendum n’a pas atteint encore les 4,7 millions de signatures, elle a réussi à mobiliser plus d’un million de personnes. De plus selon Gilles Carrez, député du Val de Marne (94) la privatisation mettait en grand danger l'aménagement régional.
Dans ce département la mobilisation est particulièrement suivie. Le Département, mené par le communiste Christian Favier, a même lancé un bus itinérant pour inciter les habitants à apporter leur signature au RIP.
« L’Etat est actuellement l’actionnaire majoritaire du groupe Aéroports de Paris, aussi appelé ADP. Un projet de loi prévoit la privatisation du groupe et de ses aéroports, dont Orly. La privatisation, si elle a lieu, présente des menaces pour le Val-de-Marne et sa population. En effet, il est à craindre une forte attente de rentabilité de la part des futurs actionnaires privés d’ADP », déclarait le Département du Val-de-Marne.
"Avec plus de 30 000 soutiens, les Val-de-Marnais ont fortement contribué à cette réussite. L’importance d’amplifier cette mobilisation n’est plus à démontrer, tant la privatisation du groupe ADP aurait des répercussions directes sur le quotidien des Val-de-Marnais en termes de qualité de vie, d’emploi, de protection de l’environnement. " rajoutait Christian Favier.
L’assemblée du conseil départemental a affirmée son opposition résolue à la privatisation d’ADP. Il rappelait en effet : « Le 18 mars 2019, l’Assemblée départementale s’est prononcée à l’unanimité, toutes sensibilités politiques confondues, contre cette privatisation ».
Il était quand même difficile au gouvernement de passer en force contre l'avis de l'Assemblée du département.
Aucune date n’était avancée pour lancer cette privatisation d’Aéroports de Paris, mais elle devait faire face à trois refus : celui du département, celui des Français et celui des marchés financiers. Et quand les marchés parlent, l'oreille de Macron se dresse...!
Rappelons que les communistes sont fortement mobilisés contre cette privatisation comme en atteste la déclaration du PCF de décembre dernier :
" Le désengagement de l’État pose des problématiques de souveraineté et de sécurité, alors qu’ADP constitue notre principale porte d’entrée sur le territoire national. ADP, ce sont 13 aéroports franciliens et des participations dans 26 aéroports de 30 pays différents, avec des revenus en augmentation. Ce sont aussi près de 100 millions de passagers par an, voire 120 millions de passagers annuels d’ici à 2023, ce qui en ferait le premier groupe aéroportuaire européen. Ce sont aussi 342 millions de dividendes par an, dont la moitié pour l’État et 6680 hectares d’infrastructures et de terrains, ainsi que 355 hectares de réserves foncières dédiées à de futures activités immobilières.
C’est parce que la privatisation de ce monopole naturel comporte des risques en matière économique, sociale, environnementale et de sécurité, que 248 parlementaires se sont mobilisés afin de permettre au peuple de décider de l’avenir de ce service public national. Depuis le 13 juin, les électeurs peuvent apporter leur soutien à la proposition de loi initiée par des parlementaires de droite comme de gauche, réclamant la tenue d’un référendum sur la privatisation du groupe ADP."
Après une telle annonce, la mobilisation pour le retrait de la réforme des retraites peut repartir tonitruante avec 2 étapes : le vote sanction à Macron le 15 mars et la journée nationale d'action et de manifestations le 31 mars.