La France fait face. Mais des questions se posent, il faudra y répondre le temps venu!

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Les rues de Paris désertes

Les rues de Paris désertes

Jeudi dernier le chef de l'Etat a haussé le ton face à la pandémie "coronavirus" mais sans prendre des mesures concrètes d'ampleur comme l'imposait la gravité de la situation, les élections municipales furent maintenues. Face à ce déni, nos concitoyens ont continué de vivre normalement bien qu'avec des précautions et pour certains avec la peur au ventre au point de refuser d'exercer leur devoir de citoyen. Le record d'abstentions fut battu ce dimanche 15 mars 2020 au 1er tour des municipales.

Un premier changement était observé samedi avec les premières mesures annoncées par E. Philippe et surtout lundi, avec celle du Chef de l'Etat. Le ton montait d'un cran, Macron répétait plusieurs fois "nous sommes en guerre", pour notre part nous préférons parler de "lutte", et annonçait le report du 2ème tour des municipales, le confinement obligatoire de chacune et chacun, l'interdiction de se déplacer, le contrôle des mesures et la mobilisation de l'armée dans le Grand Est.

Finalement le pays se rangeait aux consignes de confinement sauf dans les usines de production, là où le profit se réalise mettant en danger les travailleuses et les travailleurs. La France, ses villes et ses villages, se sont endormis, sont déserts mais ses usines ronflent encore. Le capitalisme veille toujours au grain ! Notamment dans cette période où simultanément la pandémie s'accompagne de la crise financière annoncée, et qui a démarré bien avant l'épidémie du coronavirus. Ce matin, malgré les milliards promis, les principales places bourses ont balayé à leur ouverture le rebond de la veille et se sont enfoncées davantage. Des millions d'emplois seraient en jeu au plan mondial selon l'OIT.

Les consignes à respecter sont d'autant plus difficiles qu'elles touchent à la vie quotidienne où les espaces de rencontres sont notre bien commun et notre façon de vivre ensemble : au boulot bien sur, en famille, mais aussi au bistrot, au resto, chez l'épicier, à la boulangerie et dans les boites de nuit.

Finis les repas de famille, la partie de cartes du matin, le match de foot avec les copains, les nuits endiablées à danser et à boire. La France confinée n'est plus la France, celle que l'on a tenue à faire vivre après les crimes de Charlie Hebdo, du Bataclan. Celle qui a résister en ne cédant pas à la peur, en continuant de vivre comme toujours.

Cette fois l'ennemi est autre, il est invisible, se transmet, peut pénétrer dans vos poumons, vous asphyxier et vous tuer, la vie de chacune et de chacun est en danger. La lutte, la résistance humaine est soumise à dure épreuve. Pourtant, il faut faire face. Rester chez soi, isolé, quinze jours ou plus. C'est le prix à payer, pour échapper au virus et continuer de vivre.

Bien sur, cela suppose aussi que notre système de soins soit à la hauteur, car il y a des milliers de personnes qui seront infectées et qui devront être soignées, sauvées. C'est pourquoi, l'on peut regretter que le chef de l'Etat n'ait pas annoncé lors de son allocution, une manne financière de 4 milliards pour embaucher les milliers de soignants manquant en temps normal dans les hôpitaux, rouvrir des lits et acheter les matériels qui font défaut partout, alors que d'un autre côté l'on donne 300 milliards aux entreprises, .

Les Français se sont donc pliés aux exigences du moment. Mais vont-ils accepter d'être mis sous surveillance voire réprimés alors que l'exécutif souffre d'un manque de confiance, car personne n'oublie les Gilets jaunes matraqués, éborgnés, amputés, personne n'oublie que les personnels de santé luttent depuis plus d'un an pour plus d'emplois et d'investissements, personne n'oublie l'usage honteux du 49/3 contre notre système de retraite, conflit en cours que le report de la procédure du à la pandémie, n'éteindra pas.

Ainsi nous devrions croire le pouvoir et lui obéir. Le laisser surveiller nos faits et gestes : où allez-vous? Quoi faire ? Comment ? Après deux ans et demi de luttes de classes acharnées nous devrions baisser la tête, accepter de rogner sur nos libertés, en finir avec la démerde et marcher droit. Quelle bizarrerie !

Prenant les Français à contre courant, Macron a donc du moduler ses propos, passer la brosse à reluire, cirer les pompes des soignants pour accompagner son appel à "la guerre" contre le virus. Après trois ans de mépris, d'insultes, de violences policières répétées, l'exercice était difficile. Pas impossible, car si notre peuple est lutteur, il est aussi intelligent, lucide et attaché à la vie, et la pérennité de l'espèce humaine lui fait accepter l'union forcée.

Il demandera des comptes quand l'heure sera venue. En particulier d'où vient ce virus, comment a t-il pu naître et se développer ? Quels moyens donne t-on à nos chercheurs pour qu'ils détectent ce type de virus et inventent les moyens de l'éradiquer pour éviter que la cabane soit sur le chien à l'échelle de la planète ? Quelles dispositions concrètes prenons-nous pour mettre notre système de santé à la hauteur pour sauver des vies tout en protégeant les personnels ? Quels droits nouveaux donnons-nous aux travailleuses et aux travailleurs dans les usines pour qu'ils soient protégés efficacement ?

Continuons, tous ensemble de pointer les questions, le temps des réponses viendra. Nous ne serons pas devenus amnésiques, nous n'oublierons pas !

Les Français ont hésité, finalement la raison l'a emporté. Depuis mardi, le pays met en oeuvre les consignes qui vont certainement durer un peu. Prenons patience, lisons ou relisons Marx, Engels, Paul Boccara, Jaurès ou Zola, écoutons de la musique, regardons des films, bref renforçons notre patrimoine culturel. On aura pas tout perdu !

Et chantons sur nos balcons en applaudissant les soignants comme cela a commencé se faire dès mardi.