Fabien Roussel, Il est temps de mettre à contribution la finance et le capital car leurs réserves sont énormes !
Fabien Roussel secrétaire national du Parti Communiste Français est intervenu à l'Assemblée nationale pour stigmatiser le projet de loi portant sur le PLRF2 le jeudi 22 avril.
Cette pandémie révèle chaque jour un peu plus l’écrasante responsabilité de notre modèle économique, du poids de la finance, des logiques de profits qui ont prospéré sur l’exploitation des Hommes et de la planète. Nous avons été bien seuls, avec d’autres, ces dernières années à alerter sur la déshumanisation de la société, sur les risques écologiques ou sur la casse de nos services publics, notamment celui de la santé. Et aujourd’hui, tout le monde y va de sa petite note pour dire qu’il faut tout changer. Tout le monde veut plus de souveraineté économique, d’industrie, de service public, et nos soignants sont devenus des héros. Mais comment voulez-vous être crédibles quand il y a tant de revirements !!
Alors, quand nous avons à débattre d’un plan d’urgence pour le pays, doté de 110 milliards d’euros, - excusez du peu - permettez que nous soyons exigeants.
110 Milliards d’euros, ce n’est pas une paille ! Nous aurions aimé pouvoir en bouger les lignes, tous ensemble, pour répondre à l’urgence tout en préparant le monde d’après.
Un amendement communiste, républicain, oserai-je, prévoyait d’interdire les aides aux multinationales logées dans les paradis fiscaux. Adopté au Sénat, il est rejeté à l’Assemblée !
Un autre, proposait une taxe sur les assurances permettant de récupérer 1,9 milliard d’euros pour venir en aide à nos petites entreprises : rejeté aussi !
L’urgence, c’était de pouvoir apporter une aide à toutes celles et ceux qui sont ou qui vont tomber dans la pauvreté. Or il n’y a eu aucun débat sur ce sujet. Nous savons juste que ça sera 880 millions de crédits sur un total de 110 milliards.
L’urgence, c’était d’aider ces salarié-es qui perdent 16% de leursalaire, les pourboires et les primes, qui subissent les hausses des prix et voient leurs factures augmenter.
L’urgence, c’était aussi d’augmenter le fonds de solidarité pour que 100% des demandes des TPE-PME impactées soient satisfaites, dont celles des artisans sans salarié ou les entreprises ayant 11 à 20 salarié-es. Au contraire, vous allez être bien généreux avec les grandes entreprises : 20 Milliards de crédits, mais nous ne savons pas qui est concerné et à quelles conditions. Le débat viendrait après coup !
Mais nous savons déjà que Luxfer, Famar et d’autres ne sont pas concernées.
Aucun amendement accepté visant à conditionner ces aides en faveur d’objectifs sociaux ou environnementaux. Comme si la revendication du MEDEF, qui a votre oreille, et qui se permet de vous demander ouvertement de repousser la transition écologique, était déjà entendue.
L’urgence, c’était enfin d’apporter une aide plus importante aux territoires ultra marins qui dénoncent le fossé entre vos discours et la réalité des aides apportées.
L’autre absence de ce texte, ce sont les recettes fiscales, introuvables alors que le pays s’apprête à débourser 110 milliards. Qui va payer Monsieur le ministre ? C’est la dette dites-vous. Mais à la fin qui va payer la dette ? Ses intérêts ? Le gouverneur de la Banque de France comme le Patron du Medef l’annoncent déjà: « il faudra rembourser cet argent » dit l’un et « il faudra travailler plus » dit l’autre !!
Nous, nous demandons que La Banque centrale européenne annule une partie des dettes publiques qu’elle détient et qu’elle finance directement les investissements des Etats comme cela commence à se faire dans d’autres pays.
Ce n’est pas aux peuples de payer la crise, surtout quand ils en subissent déjà les effets dramatiques aujourd’hui !
Oui les traités européens sont dépassés par cette crise, contaminés par le virus. Il est temps d’en écrire de nouveaux, respectueux des peuples, de leur souveraineté et organisant la coopération entre les nations plutôt que la concurrence libre et non faussée !
Enfin, la mobilisation de toute la nation est essentielle, et pas seulement celle qui travaille. Il est temps de mettre à contribution la finance et le capital dans le redressement du pays car leurs réserves sont énormes !
Les 358 000 familles les plus riches détiennent un patrimoine qui s’élève à 1028 milliards d’euros ! Les assurances ont des réserves de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Les impôts sur les revenus financiers sont plafonnés à 30%. Les banques continuent en ce moment même à se gaver des intérêts que nous leur versons : 36 milliards d’euros encore cette année dans le budget de l’Etat !!
C’est pourquoi nous vous avions demandé de mettre des critères à l’utilisation de l’argent public, de rétablir l’ISF, de rétablir un juste impôt sur les revenus financiers, de taxer la spéculation, de donner plus de pouvoirs aux salarié-es dans les entreprises. Et vous avez tout rejeté en bloc.
Oui avec vous, le monde d’après n’est pas pour demain ! Pour toutes ces raisons, les députés communistes votent contre ce projet de loi de finance. D’autres députés du groupe GDR, ultra marins, s’abstiennent.