A quoi peut servir Laurent Joffrin ?
L’ex-directeur de Libération a lancé lundi son mouvement, les Engagés, pour rebâtir une « gauche réaliste ». Une certaine idée de la gauche. Laurent Joffrin, qui vient de quitter ses fonctions de cogérant, directeur de la rédaction et de la publication de Libération, a présenté lundi son « appel à la recomposition de la gauche », déjà signé par 140 personnalités, sur le mot d’ordre « Engageons-nous ».
Au fil de son discours, la définition du « rassemblement de la gauche » selon Laurent Joffrin s’est peu à peu dessinée. Il veut attirer les membres du PS, du PRG, des écologistes et les déçus du macronisme.
Il oppose deux gauches. D’un côté, la social-démocratie, « réaliste, réformiste » et qui « agit...». De l’autre, « la gauche radicale, qui donne beaucoup de leçons mais n’a jamais rien fait », a-t-il déclaré, oubliant au passage les pages illustres de l’histoire politique française, et notamment celles écrites par les communistes du Front populaire au CNR, où leur apport original a été décisif dans les conquêtes sociales comme la création de la Sécurité Sociale avec Croizat ou les services publics. Il oublie le rôle des communistes en 1981 et notamment le statut de la Fonction Publique d'Anicet Le Pors.
Qui est ce Laurent Joffrin ?
Un article du "legrandsoir.info" de septembre 2017, le révèle un peu. Ainsi, il peut être lu qu'à 25 ans Laurent Joffrin passait des vacances avec Jean-Marie Le Pen. Il s’en défendit (assez mal) dans l’Obs :
« J’ai rencontré deux ou trois fois Jean-Marie Le Pen dans les années 70, dont une fois en vacances, quand il était un personnage plutôt marginal. J’étais jeune journaliste, tout m’intéressait. C’est un métier où l’on rencontre toutes sortes de gens. J’ai ainsi parlé, dans ma carrière, avec des terroristes, des braqueurs, des apparatchiks staliniens en Pologne ou en Chine, un trafiquant de drogue au Mexique. J’ai aussi parlé avec Jean-Marie Le Pen. Cela n’impliquait aucune sympathie pour ses idées, que j’ai toujours détestées. Et pour cause : je suis entré au PS en 1971 pour en sortir quand je suis devenu journaliste, huit ans plus tard… ».
Le problème, c’est qu'il a passé des vacances avec lui. Avez-vous fait ça aussi avec des terroristes, des braqueurs, des apparatchiks des trafiquants de drogue ? Non, non, juste avec Le Pen qui fonda le FN et y regroupa d’anciens de la Waffen SS, d’anciens de la division Charlemagne, d’anciens de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchévisme, d’anciens du parti Populaire Français de Jacques Doriot, d’anciens collaborateurs de Vichy.
Laurent Joffrin ignorait-il ce que son hôte avait fait en Algérie ! Il répond à la question : Oui mais, j’étais jeune, plaide-t-il. Comme si l'âge devait tout excuser !
Laurent Joffrin avait « à peu près 25 ans » d’après Marine Le Pen qui, un jour où il l’avait agacée, a dévoilé le secret si bien gardé. Joffrin confirme mais dit se rappeler à peine.
25 ans, c’est l’âge où le mathématicien Maurice Audin, militant du Parti Communiste Algérien, disparaissait après avoir été torturé. C'est aussi l'âge de Georges Séguy qui militait contre le fascismes après avoir survécu aux camps de concentration nazis où l’avait conduit son patriotisme actif dès l’âge de 15 ans.
A 25 ans, Raymond Aubrac était tombé aux mains de la Gestapo. C'est aussi l'âge auquel le colonel Fabien mourait, 8 ans après avoir combattu les franquistes dans les « Brigades internationales » et 3 ans après avoir abattu un officier nazi dans le métro.
Dans un article publié par Le Monde Diplomatique d’août 1998, Noam Chomski, citant les travaux d’un chercheur des Pays-Bas sur la presse européenne, a pu écrire que « le pire de tous était le quotidien parisien Libération, super-reaganien à l’époque, allant au-delà des pires journaux des Etats-Unis dans son adhésion à la propagande du gouvernement américain ».
En 2017, Libération a reçu plusieurs millions de subventions publiques. C’est la somme que les contribuables ont payé pour que soient diffusées les opinions politiques de Joffrin sous la surveillance du milliardaire Patrick Drahi un des trois Français les plus riches de Suisse où il bénéficie du statut privilégié de « résident fiscal ».
Laurent Joffrin sort du bois mais pour servir à quoi et qui ?
Aujourd’hui, les élections présidentielles approchant, Laurent Joffrin qui fut au PS avant de festoyer avec des fascistes et de diriger un journal de milliardaire, sort du bois. L’homme est peu confiant dans les capacités de Benoît Hamon, sauf à refaire perdre la gauche sociale démocrate en 2020.
Il se lance donc dans la bataille politique pour saboter toute chance d’alternance possible. Il veut créer un parti politique (un de plus !) pour « reconfigurer la gauche » Il dit vouloir rassembler une « gauche sociale-démocrate » dans laquelle « l’écologie ne domine pas tout ». Une idée que semblent partager d'anciens responsables du PS, qui ont récemment reçu le journaliste. Ils reprochent à Olivier Faure, premier secrétaire du PS, d’abandonner le parti à la « sociale-écologie » au profit d’EELV.
Des appels du pied sont faits à Hollande, Cazeneuve, Faure, Cambadélis, Anne Hidalgo, Martine Aubry, Ségolène Royal. No comment !
Sur ces manœuvre en cours et l'opération politicienne de Laurent Joffrin, regardons ce que disait Engels des Joffrins de son époque :
« Il ne faut pas se laisser induire en erreur par les appels à l’unité. Les plus grands facteurs de discorde, ce sont justement ceux qui ont le plus ce mot à la bouche…
Ces fanatiques de l’unité sont ou bien des petites têtes qui veulent que l’on mélange tout en une sauce indéterminée dans laquelle on retrouve les divergences sous forme d’antagonismes encore plus aigus dès qu’on cesse de la remuer, ne serait-ce que parce qu’on les trouve ensemble dans une seule marmite … ou bien des gens qui n’ont aucune conscience, politique claire… ou bien des éléments qui veulent sciemment brouiller et fausser les positions. C’est pourquoi, ce sont les plus grands sectaires, les plus grands chamailleurs et filous, qui crient le plus fort à l’unité dans certaines situations… ».
Ces acteurs de la "gôche sociale démocrate", acharnés à empêcher par tous les moyens le festin des peuples, étaient déjà repérés par l’ami de Marx.
En 2022, si nous n’y prenons garde, nous aurons au menu une sociale démocratie indigeste mijotée par Laurent Joffrin, avec l'objectif que la gauche radicale incarnée par le PCF reste à l’office d'autant que beaucoup parmi les victimes du néolibéralisme reconnaissent qu’il n’y a rien d’autre que le PCF pour porter une alternative radicale et réaliste qui prend de front la question de l'argent, de son utilisation et de son contrôle, des entreprises, jusqu'à l'Europe et le monde. Un sujet que Joffrin n'a pas inclus dans son projet, en bon social démocrate !
Sources : l'Humanité, le grandsoir et l'Obs