Penser un monde nouveau. L’hôpital de demain, ce bien commun, par Alain Bruneel

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Penser un monde nouveau.  L’hôpital de demain, ce bien commun, par Alain Bruneel

L’Humanité, avec sa plateforme numérique l’Humanite.fr, prend l’initiative de solliciter des contributions pour repenser le monde et inventer des alternatives, avec l’ambition d’être utile à chacune et chacun d’entre nous. Cette démarche sera prolongée par la publication d’un hors-série à la fin de l’été et l’organisation de grands débats publics.

Aujourd'hui : L’hôpital de demain, ce bien commun, par Alain Bruneel, député PCF du Nord.

" Ce qui est poignant, flagrant, c’est que les soignants ne veulent plus revivre l’avant Covid-19. Ils ont vécu une forte solidarité. Ils sont restés mobilisés 24 h/24. Ils ont été inventifs, organisateurs, pour sauver des vies. Tous les échelons de la chaîne de soins ont été mobilisés et chacun dans son rôle a apporté sa pierre à l’édifice : du personnel de service de nettoyage à l’aide-­soignant, du brancardier à l’épidémiologiste, en passant par les services administratifs.

Cette dynamique vécue témoigne que l’hôpital de demain se construira obligatoirement avec le personnel soignant.

Autant de cris de révolte, de colère, de réelle souffrance et autant de ­témoignages poignants : « Ce n’est plus notre cœur de métier », « nous avons appris le protocole de bientraitance, aujourd’hui nous sommes dans la maltraitance. »

Il est impossible de penser à « construire demain » sans faire fi du passé. Depuis plus de vingt-cinq ans, l’hôpital public est terriblement sous tension, souffre, suffoque. Son personnel est mis à rude épreuve quotidiennement et encore plus encore durant la crise sanitaire liée au Covid-19.

Dès janvier 2018, et pendant plus de dix-huit mois, les parlementaires communistes et du groupe Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale et communistes, républicains, citoyens et écologistes au Sénat ont sillonné les routes de France métropolitaine et celles des territoires d’outre-mer pour rencontrer des milliers de personnes dans 160 établissements.

Autant de cris de révolte, de colère, de réelle souffrance et autant de ­témoignages poignants : « Ce n’est plus notre cœur de métier », « nous avons appris le protocole de bientraitance, aujourd’hui nous sommes dans la maltraitance. »

« La parole des ­soignants est unanime. Ils affirment avec force que les différentes politiques d’austérité ont affaibli les hôpitaux. »

Depuis plusieurs années maintenant, sous des formes de contestation ­différentes et originales, avec une forte détermination, le personnel soignant, avec les organisations syndicales, les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux et les citoyens demandent l’obtention de moyens matériels et humains ­supplémentaires. La parole des ­soignants est unanime. Ils affirment avec force que les différentes politiques d’austérité ont affaibli les hôpitaux.

Outre le manque ­chronique de moyens et de personnels, les réformes de santé de ces vingt-cinq dernières années – du plan Juppé de 1995 au plan Buzyn de 2019 – ont mis à mal le service public hospitalier en promouvant une gestion de l’hôpital public calquée sur la gestion d’entreprise.

Pour le gouvernement Macron, c’est toujours une histoire d’économies sur le dos de la santé. En trois ans, 12,2 milliards de restrictions budgétaires sur les dépenses.

La dernière réforme en date, adoptée en 2019, celle portée par l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn – dont le rapporteur général du texte était Olivier Véran, actuel ministre – a poursuivi dans la même lignée en insistant sur les questions d’organisation et de sécurité de l’activité hospitalière, tout en niant le problème central du financement.

Pour le gouvernement Macron, c’est toujours une histoire d’économies sur le dos de la santé.

En trois ans, 12,2 milliards de restrictions budgétaires sur les dépenses, ­notamment 3,150 milliards d’économies sur le dos des hôpitaux. Avant même la survenue du coronavirus, le service public hospitalier était en état d’urgence.

Pour construire l’hôpital de demain, il faut tout remettre à plat, bassin de vie par bassin de vie, remettre au centre de l’activité de soin l’être humain.

La crise sanitaire liée au Covid-19 que nous traversons montre avec force que les soignants avaient raison de tirer la sonnette d’alarme. Pénurie de masques, de surblouses, de médicaments, d’appareils ­respi­ratoires, sous-effectif, manque de lits en soins intensifs… l’austérité tue.

Il est plus qu’urgent d’agir. Le métier du soin n’est pas n’importe quel métier. Pour pouvoir rester motivé et le faire correctement, et être bien-traitant avec les patients et leur entourage, il faut être en nombre et en effectif stables, augmenter les salaires, ouvrir des lits et annuler les plans de retour à l’équilibre financier.

Pour construire l’hôpital de demain, il faut tout remettre à plat, bassin de vie par bassin de vie, remettre au centre de l’activité de soin l’être humain. Il faudra pouvoir annexer à ces hôpitaux de demain des centres de santé pour redonner vie à la démocratie sanitaire. L’hôpital de demain doit se traduire par une réelle politique volontariste budgétaire, car la vie n’a pas de prix, elle est la plus grande des richesses.

Quatre propositions de loi pour redonner de l’air, du souffle aux hôpitaux publics et aux Ehpad

En moins de trois ans, au nom du groupe communiste, j’aurai déposé quatre propositions de loi pour redonner de l’air, du souffle aux hôpitaux publics et aux Ehpad. Toutes ces propositions ont été coécrites avec l’ensemble des personnes rencontrées pendant le « Tour de France des hôpitaux » :

- une proposition de loi pour stopper les fermetures de lits, de services, d’établissements de santé et sur l’arrêt des regroupements hospitaliers de territoire ;

- une proposition de loi portant 43 mesures d’urgence pour la santé et les hôpitaux ;

- une proposition de loi tendant à garantir un égal accès aux soins et aux maternités.

Dernière en date, une proposition de loi de programmation pour l’hôpital public et les Ehpad. Il convient désormais de répondre à la crise hospitalière à court et moyen terme en donnant au système public de santé les moyens ­financiers et humains qu’il réclame depuis de longues années.

Cette loi entendait être le support d’une nouvelle ambition pour notre système public de santé en dégageant de nouvelles marges de manœuvre budgétaire, en permettant la revalorisation des indices, des salaires et des carrières des soignants, et en fixant des objectifs de création de postes et de lits pour répondre aux besoins en santé de la population.

L’hôpital n’appartient à aucun parti politique. Il est notre bien commun.

Si, aujourd’hui, l’heure est encore à la mobilisation pour enrayer le plus vite possible cette terrible épidémie, il nous faut aussi penser à l’avenir, tirer toutes les leçons de cette crise sanitaire et travailler d’ores et déjà à la construction du jour d’après.

Publié dans PCF, santé

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