Biélorussie, les divisions apparaissent dans l'opposition...alors que Loukachenko ouvre la porte du dialogue
Dimanche plusieurs milliers d'opposant se sont rassemblés place de l'indépendance à Minsk pour poursuivre leur contestation de la réélection du président Loukachenko. Alors que ses opposants n'avaient présenté aucun programme pendant la campagne électorale, des divergences émergent au bout de quinze jours sur un projet pour le pays.
Dans la capitale, les gens se sont réunis sur la place de l’Indépendance et ont appelé à de nouvelles élections. Beaucoup moins important que dimanche dernier, le mouvement a eu lieu dans quelques villes. Essoufflement ? Peut-être, peut-être aussi la peur que l'expression des biélorusses soient exploitée par l'extérieur, les oligarques russes ou l'Union Européenne pour faire main basse sur les richesses du pays et faire de la Biélorussie une nouvelle Ukraine à la frontière russe.
Il est vrai que la médiatisation de BHL toujours présent dans les coups tordus, n'aide pas à clarifier la ligne de l'opposition incarnée par Svetlana Tsikhanovskaïa (10% aux élections), aujourd’hui réfugiée en Lituanie d'autant que des différences idéologiques existent clairement entre néolibéraux, extrême droite, nationalistes et progressistes, ce qui donne un mouvement hétéroclite et très divisé, notamment chez les ouvriers qui savent ce qu'ils ont aujourd'hui mais ne savent pas à quelle sauce ils pourraient être mangé demain selon un responsable syndical.
Ainsi dans les entreprises où la grève a été un élément déterminant pour se faire écouter du pouvoir, malgré des caisses de solidarité, le mouvement s’effrite. La peur d’enclencher un événement dévastateur pour le pays reviennent dans plusieurs témoignages. Pour Oleg, un ouvrier de l’usine automobile MAZ, « je suis en colère contre ce régime qui ne nous écoute pas. Mais, on a l’impression que tout va très vite, trop vite. Au final, j’ai peur que l’on soit dépossédé de ce combat pour la liberté au profit d’un projet qui ne s’intéresse guère aux travailleurs. Cette mécanique de part et d’autre m’inquiète ».
Comme toujours dans le combat de classe, les grandes entreprises sont une cible privilégiée, notamment en Biélorussie où leur poids est prépondérant. Près de 25 % de la population travaille dans les grandes industries. Si l’atout commercial demeure l’achat du pétrole à prix préférentiel à la Russie pour le réexporter vers l’Europe, l’industrie chimique (engrais) et la production de véhicules automobiles demeurent essentielles. La pression est donc mise sur les ouvriers et les mineurs par l’opposition, qui se rend sur place dans les usines conduisant le pouvoir à faire preuve d'autoritarisme.
Par ailleurs, la Biélorussie des paysans demeure attachée au président biélorusse, qui a défendu les secteurs agricole et forestier. Avec les usines, ils ont été les principaux bénéficiaires de sa politique sociale et économique. La peur d'un changement qui fasse régresser leur situation, fonctionne à plein dans ces deux secteurs.
Pourtant le 17 août au cours d'un dialogue avec les ouvriers de MZKT de Minsk Loukarenchko a ouvert une porte en annonçant un projet d'une nouvelle constitution en cours de rédaction qui sera soumise à référendum. Si elle adoptée "vous pourrez organiser de nouvelles élections". Il a précisé qu'il était prêt au partage du pouvoir mais pas sous la pression de forces extérieures qui ont d'autres objectifs que le bien être des biélorusses.
En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/international/77971-alexandre-loukachenko-promet-nouvelle-election-apres-adoption-constitution
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Aussitôt connue l'ingérence de l'Union Européenne, Alexandre Loukachenko a ordonné samedi à son ministre de la Défense de prendre les « mesures les plus strictes » pour défendre l’intégrité territoriale du pays. Il a ainsi lancé une enquête et des poursuites pour coup d’État et atteinte à la sécurité nationale contre les membres du conseil de coordination créé par l’opposition. Ses arguments contre les ingérences extérieures (politiques et médiatiques) et pour la stabilité du pays fonctionnent, renforcés par les interventions européennes appelant à soutenir les manifestants tout comme l'opération médiatique de BHL ou la position de la Pologne et de la Lituanie qui appellent à un changement de pouvoir.
L'Union Européenne semble prendre la mesure des difficultés à imposer ses désidératas au peuple biélorusse, c'est pourquoi un diplomate français estime que l'opposition va devoir passer par une phase de négociation (sic) mais sans dire l'objet de la négociation.
Depuis Vilnius, Svetlana Tsikhanovskaïa a du reconnaitre qu’un dialogue était nécessaire « pour que la crise ne devienne pas plus profonde ». La peur d'une situation à l'Ukrainienne qui débouche sur une guerre civile est de plus en plus présente dans les esprits. Ainsi, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, dans un entretien publié par El Pais, a plaidé pour éviter que la Biélorussie devienne une « seconde Ukraine », estimant nécessaire de traiter avec le président Loukachenko.
Enfin, selon un article de l'Humanité, les Etats Unis ont fait leur apparition avec le secrétaire d’État adjoint américain Stephen Biegun qui doit se rendre cette semaine en Lituanie et en Russie.
A suivre
Sources l'Humanité, le JDD, RT France