Se souvenir de Jean Jaurès par Florent LE DU
A l’occasion du 106ème anniversaire de la mort de Jean Jaurès, un hommage lui a été rendu, vendredi 31 juillet, au Café du Croissant, là où fut assassiné cet infatigable militant de la paix.
Jean Jaurès est mort il y a 106 ans. Sa pensée et ses combats vivent encore. Preuve en est, plus d’une centaine de militants et sympathisants communistes étaient présents, vendredi 31 juillet, pour commémorer l’assassinat du fondateur du journal l’Humanité, au Café du croissant, là où il succomba du coup de revolver du nationaliste Raoul Villain, à l’aube de la Première guerre mondiale.
Ce vendredi, la commémoration a débuté par un dépôt de gerbes, de la part d’élus PCF, dont Maxime Cochard, conseiller municipal de Paris, marqué « par la combativité, l’action militante, sans relâche, de Jaurès, malgré les vents contraires, qui doivent nous inspirer aujourd’hui », a-t-il précisé.
Cet hommage à Jaurès a été marqué par le discours de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, journal créé il y a 116 ans par cet « homme de combat, homme de lumière et de paix », comme l’a qualifié l’ancien député européen.
« Se souvenir de Jaurès, c’est essayer de comprendre, encore et toujours, comment l’impensable fut possible, comment des peuples pétris de culture et de progrès technique, embarqués dans la grande aventure moderne, purent se prêter à un tel massacre », a déclaré Patrick Le Hyaric, rappelant le caractère toujours actuel de la pensée de Jean Jaurès, et de ses combats contre l’obscurantisme, « dans un monde dominé par les pulsions morbides d’un capitalisme mondialisé qui fait de l’argent la fin et le commencement de toute chose, une valeur et un but en soi ».
Jean Jaurès mettait un point d’honneur à ce que l’analyse et l’intelligence préside à l’action, à forger les combats et les engagements collectifs sur la raison, comme lorsqu’il défendait avec tenacité l’éducation universelle et laïque, en 1906, lors des débats sur la loi de séparation des églises et de l’État : « La République est le seul gouvernement qui convienne à la dignité de l’homme, car elle seule met en jeu la raison et la responsabilité de tous », avait déclaré Jaurès, cité à la tribune par Patrick Le Hyaric. Celui-ci a rappelé que « de cet héritage, nous sommes toujours comptables. Le faire fructifier aujourd’hui est l’une des conditions pour redonner à la politique, c’est à dire à la possibilité même d’une action collective, sa grandeur et ses potentialités. »
Se souvenir de Jaurès, toujours, y compris dans cette période de crise sanitaire et économique, pour se rappeler que c’est « par la souveraineté du travail organisé que nous devons collectivement gagner contre la jungle libérale, le détricotage des protections collectives et l’affaiblissement du salariat », a ajouté le directeur de l’Humanité.
Un journal qui a souffert cette année, comme l’a rappelé Patrick Le Hyaric, mais qui poursuit sa mission, dictée par son fondateur, « de sonder les réalités du travail, « par le bas », à éclairer le quotidien des travailleuses et des travailleurs manuels et intellectuels, celui des créateurs , leurs luttes comme leur savoir-faire, l’aliénation qu’il subissent comme l’émancipation qu’ils conquièrent. »
La crise liée au Covid-19 empêchera également la Fête de l’Humanité de se dérouler dans son format habituel cette année.
Mais elle aura bien lieu, les 11, 12 et 13 septembre, autrement, « à travers à travers une dizaine de lieux de la région parisienne qui accueilleront dans les limites imposées par les normes sanitaires débats, initiatives et moments artistiques », a précisé Patrick Le Hyaric en conclusion de son hommage à Jean Jaurès.
Un bon de soutien de 25 euros (dont 5 seront reversés au Secours populaire français) sera prochainement mis en vente pour cette « fête autrement, placée sous le signe de la résistance et de la contre-proposition ». Et toujours sous l’égide de Jean Jaurès, de sa pensée, sa combativité, son humanisme.