Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Des tenues !
Samedi dernier, j’arrive à 7 h 30 à l’hôpital pour assurer ma garde au Samu 93 et me dirige vers la lingerie pour prendre ma tenue du jour. Mauvaise surprise – qui tend cependant à devenir récurrente depuis plusieurs mois –, aucune tenue à ma taille n’est disponible et les casiers sont pratiquement vides. Heureusement, j’ai gardé quelques effets personnels dans mon bureau et je peux tout de même m’habiller pour travailler.
Je croise alors un collègue qui termine sa nuit et qui m’indique que, en prévision de ces ruptures régulières, il garde toujours dans son placard la tenue de sa précédente vacation pour éventuellement la remettre en cas de besoin. Bonjour l’hygiène !
Après m’être enquis auprès de l’agent logistique du service des raisons de cette situation, il me confirme une nouvelle fois que la livraison de la lingerie de la veille était très réduite et que le stock a été rapidement épuisé. J’appelle alors la cadre de garde pour lui demander de trouver une solution.
Me connaissant, elle contacte immédiatement l’administrateur d’astreinte à domicile pour se couvrir, lui signaler ce dysfonctionnement et lui demander des instructions. La seule solution qu’a trouvée ce collègue a été de ponctionner dans la réserve de linge de l’hôpital des tenues destinées au personnel des autres services, qui ne sont pas vraiment adaptées à notre travail dans les ambulances du Samu et en extérieur. Bref, c’est mieux que rien, et je l’en remercie, soulignant au passage que sa tâche en tant que cadre de garde est bien ingrate !
Voilà une nouvelle illustration de la grande misère des hôpitaux, gérés comme des entreprises devant fonctionner à flux tendus, sans aucune réserve de matériel. Alors que nous sommes sous tension avec de nouveaux malades du Covid, il est particulièrement révoltant, après avoir manqué de masques, de manquer de tenues de travail.
Les ARS et les directions d’hôpitaux, au lieu de nous assaillir de demandes de chiffres – parfois faux d’ailleurs, car ils ont visiblement des difficultés pour faire des additions –, visant à alimenter leur communication, devraient plutôt mobiliser leurs moyens pour assurer leur rôle qui est, avant tout, de nous fournir des moyens pour pouvoir travailler dans des conditions « normales » afin de faire notre métier. Mais, visiblement, ce n’est pas leur priorité.
C’est cela qu’il faut changer en redonnant le pouvoir aux personnels dans les établissements, car qui mieux qu’eux sait comment bien travailler.