Renault Trucks : suppressions de postes confirmées dans les études et la recherche

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Renault Trucks : suppressions de postes confirmées dans les études et la recherche

AB Volvo (poids lourds, moteurs marins) a annoncé un plan de suppression de 4100 postes dans le monde qui entraînerait chez Renault Trucks la suppression de 485 postes pour les activités études et recherches axées sur l’innovation en matière d’énergie à Lyon, Bourg-en-Bresse et Blainville s/Orne.

Il pourrait se passer pour le constructeur de poids lourds ce qui s’est passé dans d’autres secteurs : l’externalisation et la délocalisation d’une grande partie de la recherche et du développement, notamment sur des technologies de pointe en matière d’énergie et d’émissions de carbone. C’est ce que redoute Fabrice Fort, délégué syndical central d’entreprise CGT de Renault Trucks.

La direction de Renault Trucks, soutenue par AB Volvo a décidé d’utiliser pour supprimer ces postes une rupture conventionnelle collective qui permet de se passer de justifications économiques. Pourtant après les années creuses de 2014-2015, le groupe a connu de belles années en 2018 et 2019, et la conjoncture actuelle n’est pas mauvaise.

« Ce qui nous préoccupe est l’impact que cela aura sur les études et recherches et principalement pour le site de Lyon. » Ces suppressions de postes s’ajoutent à l’arrêt des missions au printemps d’environ 800 prestataires, que la direction a justifiées par la crise du Covid. Au bout du compte, les effectifs études et recherche en région lyonnaise, aujourd’hui 1 500 personnes, seraient réduits d’un tiers.

Pour Fabrice Fort,

« alors que notre société change, et que les contraintes environnementales demanderaient au contraire d’investir dans la recherche de nouvelles solutions de transports plus propres, le groupe fait le choix de supprimer des compétences essentielles pour réussir ces défis. »

La recherche a été depuis des années largement subventionnée par les deniers publics, rappelle le syndicaliste de la CGT : de 2012 à 2018, Renault Trucks a reçu en moyenne 13 millions d’euros par an dans le cadre du Crédit Impôt recherche. Il a bénéficié pendant la crise du soutien de gouvernements dans de nombreux pays.

« Ce plan de suppression d’emplois acte une perte de souveraineté de Renault Trucks sur les nouvelles technologies : électromobilité, connectivité, hydrogène, etc. Cette politique est une réelle menace pour l’emploi, la formation et la pérennité du site de Renault Trucks sur Lyon et un vrai paradoxe vis-à-vis des orientations prises par les différents états membres de l’Europe pour soutenir une filière automobile décarbonée

En réaction le Syndicat UGICT de Renault Trucks Vénissieux (Rhône) a écrit la lettre ouverte à la direction de l'entreprise :

"Lettre ouverte à MM B Blin & T Fayette             

Messieurs,

Les yeux dans les yeux : Aimez-vous notre entreprise ?

Quand on voit ce que vous en faites, nous, les salariés de Renault Trucks, nous pourrions en douter. Pour s’en persuader, il suffit de regarder votre bilan : depuis 2009, les effectifs Renault Trucks décroissent de 10300 salariés à 7200 après cette RCC (Rupture Conventionnelle Collective) soit -30%, le site de Lyon passe de 5550 personnes en 2009 à 3700 personnes après cette RCC soit -33%.

La part de marché de Renault Trucks en France passe de 36.9% en 2009 à 27.2% en 2019. En Europe elle passe de 11.4% à 8.8% sur la même période.

Les chiffres sont là. Où est le gain pour Renault Trucks d’être dans un grand groupe international !?

Et en 2020, sur le site de  Lyon, quel bilan ?

  • Plus d’études moteurs HD, des études moteurs MD/MHD en panne et les chiffres de réductions d’effectifs que vous vous apprêtez à dévoiler vont le confirmer.
  • Pas d’études de chaines cinématiques hybride ou électrique,
  • Pas d’études de chaines cinématiques à hydrogène,
  • Pas de renouvellement de cabines MD/MHD en vue, ni de nouveau châssis d’ailleurs,

Des compétences électriques et électroniques qui disparaissent, en même temps que les consultants nous quittent et là encore, les chiffres de réduction de postes vont démontrer votre vision de l’avenir.

Plus de responsabilités globales qui assuraient au site une visibilité et un niveau de compétence en engineering recon­nus par les autres sites,

Des BU MD ou pôles Arquus dans lesquelles vous ne pouvez / ne savez ou ne voulez pas vous engager pour leur as­surer un avenir serein et ambitieux !

Nous vous l’affirmons, messieurs, les salariés de cette entreprise l’aiment plus que vous !

Car oui ils s’inquiètent pour son avenir ! Et contrairement à ce que vous affirmez, 463 d’entre eux ne sont pas une par­tie congrue !

Oui ils s’inquiètent pour ses perspectives de développement, et sur sa capacité à pérenniser et à développer l’emploi, à proposer à notre région, à notre pays, des solutions de transports adaptées aux enjeux sociaux et environnementaux de nos villes, et de nos concitoyens !

Et oui messieurs, les salariés de Renault Trucks sont fiers, compétents et motivés, volontaires et généreux ! Ils ont en­vie d’étudier de nouvelles solutions techniques et de développer Renault Trucks !

Ils en ont des compétences, des idées, des propositions ! Entendez-les, au travers de leurs représentants syndicaux déjà !

Nous avons avec Renault Trucks une entreprise chargée d’histoire, performante, compétente, une référence pour la région et le pays. Ne nous servez pas les rengaines éculées de la crise, du down turn, du Covid-quelle catastrophe !!-pour escamoter les performances exceptionnelles de ces 10 dernières années, pour casser cette vitrine industrielle, pour casser ce centre d’excellence en études, recherche et essais que nous avons ici, à Lyon !

Tout ça pour satisfaire des injonctions de court terme, de marge opérationnelle, de cash flow que nous assènent les fi­nanciers et hauts dirigeants !

Votre mission, messieurs, comme vous le disiez à propos du « tri » que vous vous apprêtez à effectuer parmi les sala­riés que vous voulez garder ou jeter, c’est la GOUVERNANCE de cette entreprise !

Alors assurer la gouvernance d’une entreprise, c’est plutôt être capable de lui donner des perspectives, une ambition, une croissance, un avenir !

Où est ce projet pour Renault Trucks, messieurs ?

Tout comme vous exigez, encore et toujours, un engagement de haut niveau à vos salariés - Et ils répondent présent ! - Nous exigeons de vous et de la direction de cette entreprise et pour ses salariés actuels et futurs, un projet et une vi­sion à 5, 10 et 20 ans !

Saurez-vous nous donner cela ? Nous attendons avec impatience votre réponse."

Sources CGT et Enviscope

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