Intervention de Denis Durand au Comité National du 7 novembre

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Intervention de Denis Durand au Comité National du 7 novembre

Au choc de la maladie et à l’angoisse du chômage s’ajoute le choc d’un appauvrissement de masse de la population, d’un déclassement économique et social. Le désarroi, la sidération touche la population, les institutions, les forces sociales dans une ambiance qui rappelle des heures sombres de notre histoire. La société française commence à craquer là où elle est le plus fragile.

Les derniers événements ont montré qu’on ne combat pas efficacement le racisme anti-arabe en le rebaptisant islamophobie, mais qu’il ne suffit pas non plus de restaurer les principes d’une République qu’on appelait autrefois « bourgeoise » – une République qui est de moins en moins républicaine au sommet de l’État, et qui doit se transformer en un nouvel âge de la démocratie pour prendre en compte les exigences de dignité et d’émancipation qui montent dans les quartiers, dans le travail, dans la vie politique, dans la famille et dans les mœurs.

Que faire dans ces circonstances ? Serrer les rangs derrière le gouvernement face à l’épidémie, et renvoyer à des jours meilleurs la « rupture » ? Mais le pouvoir actuel lui-même compte sur la sidération pour obtenir un effet d’union sacrée et faire passer une série de mesures attentatoires aux libertés dont l’addition est en train de conduire à un changement de régime. Ce n’est pas le moment de prêter la main à ces tentatives.

C’est précisément parce que les gens sont confrontés à une « catastrophe imminente » que la situation exige de passer à la résistance, de s’attaquer tout de suite aux causes profondes de la crise, c’est-à-dire à la domination du capital.

Par exemple, on sait bien qu’on ne peut pas embaucher du jour au lendemain 100 000 soignants formés et qualifiés à l’hôpital. Mais on peut tout de suite embaucher massivement dans des emplois de brancardiers, d’ambulanciers, d’agents d’entretien pour libérer de ces tâches les personnels soignants ; préembaucher massivement des jeunes en cours de formation ; et, simultanément, ouvrir massivement l’accès aux formations pour toutes ces catégories afin de disposer demain des emplois de plus en plus qualifiés dont nous aurons besoin. Et plus le besoin de formation est grand, plus il faut d'embauches pour libérer du temps afin que tous, y compris les agents contractuels, accèdent à la formation.

C’est donc tout à fait révolutionnaire car pour cela il faut une tout autre organisation du travail et des pouvoirs dans l’hôpital. Il faut construire une démocratie sanitaire dans l’hôpital, autour de l’hôpital, et bien sûr dans les lieux où se décident les politiques de santé, au niveau national, au niveau européen et au niveau mondial.

Et il faut énormément d’argent tout de suite. On ne va pas le trouver dans les maigres ressources fiscales que la chute de l’activité a encore affaiblies. En revanche, c’est à cela que devraient servir les 230 milliards que la BCE est en train de déverser sur les marchés en achetant des titres émis par l’État français et par de grandes entreprises françaises. De même qu’il y a un enjeu énorme à mobiliser les banques pour qu’elles prêtent aux PME-TPE, à taux négatif, l’argent dont elles ont besoin pour survivre et se développer dans les quatre à cinq années qui viennent, à condition qu’elles préservent l’emploi.

C’est l’enjeu systémique de notre campagne pour des conférences pour l’emploi, la formation et la transformation productive et écologique. C’est ce qui donne leur cohérence politique aux différentes batailles pour l’hôpital, pour un pôle public du médicament, pour la santé en général, pour les services publics, pour l’emploi dans l’industrie et les services. C’est la cohérence du processus révolutionnaire défini par le 38ème congrès.

Le succès, souligné dans le rapport, de la première étape de notre campagne pour l’emploi, grâce à notre capacité collective à surmonter les réticences qui se sont exprimées jusque dans cette instance, témoigne d’une avancée considérable dans l’appropriation par les militants de cette dimension révolutionnaire de notre projet de sécurisation de l’emploi et de la formation dans la situation présente.

La vie montre ainsi que le meilleur moyen, pour le PCF, de tenir toute sa place dans la bataille politique, et de réaliser l’unité en son sein, c’est de mettre en œuvre effectivement les décisions du 38ème congrès.

Il faut donc, comme nous l’avons décidé au congrès, créer les conditions d’une candidature communiste à l’élection présidentielle en désignant rapidement notre candidat et en prenant sans attendre davantage les dispositions nécessaires pour en faire le porte-parole de cette cohérence révolutionnaire contre la domination du capital.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article