Le CHU Lyon Sud en grande difficulté...

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Le CHU Lyon Sud en grande difficulté...

Depuis le déconfinement peu de choses ont été faites pour anticiper la seconde vague du coronavirus et notamment l'ouverture de lits en réanimation sans transfert d'autres services de l'hôpital, des embauches et des mises en formation. Tout a continué comme avant comme si ...

Et voilà la seconde vague est arrivée. Elle est supérieure à la première et l'hôpital est submergé et a du mal à faire face à l'arrivée de nouveaux patients. Heureusement les personnels sont admirables, ils ont repoussé leurs congés, font des heures supplémentaires et des tâches qui ne sont pas les leurs comme le démontage - nettoyage et remontage des respirateurs pour COVID par les infirmières et ils manquent toujours de matériels pour face face !

Pour affronter la crise avec l'afflux de malades du COVID, l'hôpital doit trouver des solutions pour "réarmer" des lits de réanimation, les équiper afin de pouvoir accueillir des patients placés en coma artificiel. Trouver des lits et surtout du personnel. A l'hôpital Lyon Sud, on tente de s'organiser et de ne pas sombrer dans la pagaille faute d'avoir su anticiper.

Ainsi l'hôpital Lyon Sud a transformé l'unité de chirurgie ambulatoire en salle de réveil, les patients Covid sont allongés les uns près des autres. Ils sont encore inconscients. L'hôpital est sous tension: les services de réanimation sont occupés à 98%. Les autres unités Covid sont également proches de la saturation, occupées à 84%.

Pour résister à l'afflux de malades, on repousse les soins des patients hors COVID où on mobilise des lits que l'on transfère en unités COVID et ensuite on récupère les matériels, fait les cablages et réarme les lits c'est à dire on affecte les personnels soignants qui suivront les patients, modifie les roulements et s'organise. En moyenne, il faut environ une semaine pour ouvrir une unité rapidement.

Huit blocs opératoires sur vingt-quatre tournent encore à l'hôpital Lyon Sud, uniquement pour l'urgence et la moyenne urgence. Mais pour ouvrir des lits, il faut beaucoup de personnel, des médecins et des infirmiers formés à la réanimation. Ces personnels sont réaffectés depuis d'autres services temporairement arrêtés.

Le besoin de formation est énorme car l'environnement en unité COVID diffère de celui d'un service normal, il faut donc réapprendre y compris pour les personnels déjà très qualifiés. Cela demande du temps qui s'ajoute au délai de réarmement de nouveaux lits de réanimation.

A cela s''ajoute la question de l'espace nécessaire. A Lyon Sud il a fallu s'étendre dans les blocs opératoires et dans d'autres locaux. Les personnels des blocs opératoires notamment les anesthésistes ou les infirmières en salle de réveil sont mobilisés.

Le mercredi 4 novembre, quatre lits supplémentaires ont été réarmés. Cinq autres lits ont été réarmés avant ce dernier week-end. Ces unités sanctuarisées portent le nom de : "Cassiopée". Cela sera t-il suffisant pour faire face à l'épidémie qui ne cesse de progresser? Le personnel tiendra t-il le coup ? Faudra t-il envisager des transferts de patients dans d'autres régions ? L'hôpital a t-il pris de nouvelles dispositions pour embaucher et former ?

D'autant qu'à Lyon, la situation est devenue très préoccupante. Selon les données publiées le 10 novembre par Santé Publique France, pour la première fois depuis début octobre, la progression de la courbe des hospitalisations, notamment en réanimation, connaît une "légère inflexion". Pour autant, toujours 6807 malades de la Covid-19 sont pris en charge dans les hôpitaux de la région, dont 821 en réanimation. Ce dernier chiffre est par ailleurs en baisse par rapport à la veille, une première depuis le 1er octobre.

Cependant, cette diminution peut être due à la très forte mortalité connue ce mardi en Auvergne-Rhône-Alpes où 124 personnes ont perdu la vie à cause du virus. Il s'agit par ailleurs de la journée la plus meurtrière depuis le début de l'épidémie dans la région, première vague comprise. Au printemps, 56 personnes avaient perdu la vie en 24h au plus fort de l'épidémie.

La région Auvergne-Rhône-Alpes est la plus touchée par cette 2e vague en France. Dans la région, ce mardi, près de 6 800 patients sont hospitalisés des suites du covid-19 (contre 3 000 au pic de la 1ère vague). En réanimation, la tension est également forte, très forte. Et le pic n'est pas encore atteint. Les prochains jours s'annoncent décisifs pour éviter la saturation.

A Lyon, dans les HCL, les capacités de réanimation ont déjà été doublées par rapport à la période normale. Mais cela ne suffit pas. Des transferts, en nombre, vers d'autres régions moins touchées, sont obligatoires pour libérer des lits et ainsi accueillir de nouveaux malades. Sur les 7 derniers jours, sur le territoire lyonnais, 55 patients en plus des patients déjà hospitalisés la veille doivent être pris en charge chaque jour dans les établissements et 8 patients doivent être pris en charge en plus, chaque jour, en réanimation.

Face à cette réalité terrible, il est incompréhensible que le directeur général des HCL annonce que le maximum des capacités des HCL pour les lits de réanimations soit fixé à 290 alors qu'il est aujourd'hui de 272. Cela signifie que seuls 18 patients pourraient être admis en réanimation, un peu plus si la direction des HCL compte sur les sorties (guérisons) et sur les décès à venir ! Aujourd'hui le solde est toujours positif !

Il faut savoir que 90 % des 272 lits sont occupés, ce qui est énorme alors que les capacités ont été doublées (139 à 272). Enfin, 62 % des patients en réanimation à Lyon sont des patients covid-19.

Sachant que sur 1 000 personnes contaminées, 30 seront hospitalisées et 6 iront en réanimation. Sur ces 6 personnes en réanimation, entre 20 et 40 % vont malheureusement décéder. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, il y a environ 10 000 nouvelles contaminations  par jour. Les grandes Métropoles, Saint-Etienne, Lyon et Grenoble sont très touchés et il devrait y avoir au minimum 60 patients par jour admis en réanimation. Si on estime que pendant 10 jours l'épidémie va rester à un très haut niveau, cela signifie que 600 patients devront être admis en réanimation.

La question, c'est encore combien de temps le solde entre le nombre de nouveaux patients entrants et le nombre de patients qui sortent (ou qui malheureusement décèdent) sera positif ? Nul ne peut le dire mais ce qu'il faut savoir c'est que les hôpitaux de la région sont face à une situation encore plus difficile sachant qu'au pic de la 1ère vague, il y avait 3 000 patients hospitalisés des suites du covid-19 dans la région, ils sont plus de 7 000 aujourd'hui...

Verra t-on rapidement les effets du confinement ? Un ralentissement de la progression de la pression hospitalière est observé mais il y a encore une progression.

C'est pourquoi le directeur général des HCL parle de faire appel aux hôpitaux privés pour les filières de réanimation comme dans les filières de médecine classique tout comme il annonce qu'il a été demandé aux autres régions d'aider les hôpitaux de la Région Aura, ce qui peut les conduire à réduire leurs activités pour que les lits liés à la réduction de leur activité soient réservés aux transferts inter-établissements.

Ainsi, on apprend qu'à l'échelle de la région, 200 transferts inter-régionaux sur les 15 jours sont prévus. Encore faut-il que le patient soit transférable. Il y a besoin de l'accord de la famille et l'organisation médicale est très lourde. Transférer des patients, ce sont des équipes soignantes que l'on préempte des services pour accompagner des patients.

Le directeur général des HCL précise : "Si dans les 3-4 prochains jours, les choses semblent se décélérer en terme de progression, ça pourrait suffire. Si ce n'est pas le cas, il faudra peut-être qu'au augmente la fréquence des transferts."

Enfin solution ultime face à la saturation, faire le choix entre les malades. En est-on là à Lyon ? Le directeur général des HCL se veut rassurant : " Non. On n'est pas du tout à ce stade-là. A Lyon, la décision d'admission en réanimation, elle est prise en fonction des caractéristiques des patients. Quand ils relèvent de réanimation, ils sont pris en charge en réanimation. Il n'y a pas de priorisation. Si priorisation il y a, c'est la même priorisation qui est faite en période normale, hors épidémie."

Bien sur, il veut posséder un temps d'avance pour faire face et rendre gérable les besoins de santé, ce qui suppose d'énormes efforts, une sur-sollicitation des personnels, une gestion optimale de toutes les filières de prises en charge des patients. Mais cela sera t-il suffisant pour éviter une médecine de catastrophe.

Est posée pour l'immédiat comme pour le futur, la question centrale et majeure des moyens en personnel, en formation, en matériels et en médicaments.

Cela relève de la responsabilité gouvernementale et des structures technocratiques que sont les ARS et des moyens qu'ils consentent à donner pour la santé, pour l'hôpital public, pour la formation hospitalière. Depuis deux ans (bien avant la crise sanitaire), il est proposé tant par les syndicats que le parti communiste un plan d'urgence pour l'hôpital avec 100 000 embauches accompagnés des formations nécessaires. Mais jusqu'à présent ils font la sourde oreille, pire, ils continuent à fermer des lits en pleine crise sanitaire !

Cela suppose bien sur une autre politique budgétaire que celle votée dernièrement par la majorité macroniste qui va réduire encore les moyens des hôpitaux publics avec de nouvelles suppressions de lits. Le plus scandaleux c'est qu'il trouve de l'argent (20 milliards supplémentaires) avec l'apport de nos impôts, à donner au groupes privés et au patronat alors qu'il réduit les moyens des services publics comme l'hôpital ou l'enseignement.

Il est donc urgent de changer de politique et d'agir pour imposer le choix de donner notre argent à l'hôpital pour la santé de tous et à l'école mais plus au capital !

 


 

Publié dans santé, Rhône

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