Les enseignants appelaient à une "grève sanitaire" ce 10 novembre
Les enseignants ne décolèrent pas depuis la rentrée. Ils exigent un protocole renforcé pour accueillir les élèves dans des conditions sanitaires à la hauteur de l'épidémie. Malgré les annonces du ministre de l'éducation visant à dédoubler les classes, l'appel à la grève est maintenu.
C'était au centre de la journée d'action de ce jour. Les syndicats faisaient état d'un taux de grévistes. "On est autour de 20% dans le primaire", a déclaré à l'AFP Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, alors que le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, dénombrait "environ 45% de grévistes au collège".
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes notamment à Paris, Rouen, Limoges, Carcassonne, le Havre, Pau, Lyon, Grenoble etc.
De fortes motivations
Les images sont éloquentes et ont fait le tour des journaux et des réseaux sociaux. Des élèves entassés dans des classes, des couloirs, des réfectoires, ou regroupés sous des préaux sans la moindre distanciation sociale. Les consignes ministérielles de non-brassage des élèves sont totalement bafouées car impossibles à appliquer. Notamment pendant le temps de repas où les élèves ne portent pas le masque.
On est loin dans les collèges et les lycées d'un protocole sanitaire suffisant pour mettre à distance l'épidémie de coronavirus.
Cinq syndicats du premier et second degré appelaient donc à une grève "sanitaire" ce mardi 10 novembre pour demander des mesures urgentes, notamment la mise en place d'effectifs allégés dans les établissements. Il s'agit d'agir vite pour éviter une nouvelle fermeture des établissements scolaires, qui augmente les inégalités.
Le dédoublement des classes pour tous
Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation répond "Une instruction ministérielle sera très prochainement adressée aux chefs d'établissements pour préciser ce cadrage national".
Le dédoublement des classes dans les lycées a commencé, mais fonctionne très différemment selon les établissements. Les syndicats demandent donc un cadrage clair, pour que tous les établissements disposent des mêmes garanties sanitaires, et donc d'une parfaite équité scolaire.
Dans les lycées, il conviendrait qu'un élève soit présent au moins 50% du temps scolaire pour être en sécurité tout en restant motivé. Plus les élèves sont présents, moins il y a de risque de décrochage.
Aération et ventilation des classes
"C'est une question qui n'est pas un détail, poursuit Claire-Marie Féret, le protocole prévoit l'aération et la ventilation des salles de classes, et dans de nombreux établissements, les fenêtres ne s'ouvrent pas ou trop peu. D'autre part les professeurs ont été dotés de masques et de gel, mais pas les élèves qui ont besoin de deux à trois masques par jour, ce qui est lourd pour les familles. L'éducation nationale devrait fournir ce matériel"
Les surveillants et assistants d'éducation sont chargés de faire respecter les sens de circulation des élèves, les zonages, le passage au réfectoire. Une surcharge de travail pour ces personnels déjà peu nombreux, et appelés aussi à effectuer d'autres tâches.
Au lendemain de la rentrée scolaire de la Toussaint, des élèves avaient également manifesté un peu partout en France devant les collèges et lycées pour eux aussi dénoncer un protocole sanitaire jugé insuffisant.
Recrutement massif d'enseignants
Outre ces considérations sanitaires, la Fédération des conseils de parents d'élève (FCPE) met en cause la qualité des enseignements réalisés dans ces conditions. Elle demande un "recrutement massif" d'enseignants.
Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE, estime que le nouveau protocole proposé par Jean-Michel Blanquer est "apparemment efficace d'un point de vue de gestion des établissements", mais "certainement pas" pour les enfants, "ou alors cela sous-entendrait que l'école un jour sur deux est une solution idéale pour baisser les effectifs qui, comme nous le savons, est le problème récurrent et structurel de l'Education nationale depuis des dizaines d'années".
La FCPE demande "au contraire, d'embaucher des enseignants et que l'école reprenne toutes ses lettres de noblesse". Il faut, selon la fédération, que les enseignants aient "des effectifs réduits tout le temps pour avoir une efficacité éducative et pédagogique, c'est-à-dire pouvoir préparer l'avenir de nos enfants, l'avenir du pays".
Rodrigo Arenas estime que l'école à la maison la moitié du temps signifie que "les enfants sont livrés à eux-mêmes le temps qu'ils sont à la maison". Il martèle que "ce n'est pas une solution éducative et pédagogique. L'ajustement et le non investissement massif dans l'éducation pour prévoir cette situation, dont nous savions qu'elle allait arriver, finalement, ce sont les enfants qui payent la note".
Rodrigo Arénas craint que les enfants "qui n'auront pas réussi à faire les devoirs ou avoir les attendus" devront avoir des cours particuliers. "Donc, c'est encore une fois les parents qui doivent mettre la main au portefeuille pour pallier l'incurie de l'Etat." "On ne veut pas revivre le cauchemar de l'école à la maison, tel que cela a été mis en place pendant le confinement, car c'est illégal. C'est injuste pour les enfants et ce n'est pas efficace d'un point de vue éducatif et pédagogique."
De son côté, CGT Education demande, en plus de l'organisation des cours en effectif réduit, "la réquisition des locaux permettant l'accueil de tous les élèves". Le syndicat appelle également à un recrutement "massif" de personnels.
Les syndicats demandent donc le recrutement de personnels de vie scolaire supplémentaires .
Le mécontentement est général et les syndicats qui appellent à la grève s'attendent à une forte mobilisation des enseignants, car tous les collèges et lycées sont concernés.
Grève "sanitaire" à l'appel du Snes Fsu, Snuipp Fsu, cgt éducation, Sud education, FO, Snalc.
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