Intervention de Valérie Gonçalvès au CN du 12 décembre 2020
Je voudrais intervenir sur l’actualité et notamment sur l’actualité liée au secteur de l’énergie, pas seulement parce que j’anime le secteur pour le parti mais aussi parce que je suis salariée et syndicaliste CGT à EDF et que la politique actuelle menée par Macron en matière d’énergie est plus qu’inquiétante notamment vis-à-vis de l’urgence d’agir pour lutter contre le réchauffement climatique.
Tout d’abord sur le groupe Engie encore détenue à 24 % par l’Etat et dont la gestion purement financière l’a conduit à s’alléger de pans entiers d’activités avec la vente d’actifs au point de rendre l’entreprise Opéable par un prédateur français ou étranger. Pourtant, ce fleuron industriel cohérent qui gère à la fois les déchets, l’eau, les services énergétiques et la production d’énergie est un acteur important dans la réussite de la transition énergétique.
Ensuite, il y a le projet Hercule qui vise à démembrer le groupe EDF détenu à 84% par l’Etat pour faire exploser un modèle énergétique français qui a fait ses preuves en termes de performance industrielle grâce à sa conception intégrée de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation.
On lit dans l’Huma ou on entend dans les discours de parlementaires que le projet hercule consisterait à laisser au public, ce qui n'est pas rentable comme le nucléaire et de vendre ce qui est rentable comme les ENR.
Il faut faire attention à de tels propos car cela participe à distiller dans l’esprit des gens que le nucléaire serait non rentable et couterait cher, ce qui est totalement faux ; Tout investissement devant être regardé sur l’ensemble du cycle de vie. Nous avons un coût du kwh nucléaire un des plus bas d’Europe et il devient un véritable tiroir-caisse lorsque le capital est amorti.
C’est le cas pour le nucléaire existant que les consommateurs français ont financé. Le capital a même réussi en 2010 a gagné à travers une loi, la loi NOME, un mécanisme l’ARENH Accès Régulé à l'Énergie Nucléaire Historique (ARENH) qui permet aux concurrents d’edf de bénéficier d’une part de la « rente » du parc nucléaire historique.
C’est aujourd’hui ce mécanisme qui fait l’objet de négociation à la commission de Bruxelles. Et c’est ce système qui fragilise l’entreprise dont le manque à gagner pour elle s’établit à plusieurs milliards d’euros.
Le seul objectif de ces restructurations est d’organiser le marché de l’électricité pour chaque filière en tenant compte de façon spécifique de la structure du cout du Kwh avec bien sûr une même logique : mettre cette production d’électricité au service de la finance. Il s’agit d’une guerre idéologique mené par le capital.
Alors soutenir les luttes, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Mener la bataille contre le démantèlement d’EDF, c’est bien mais ce n’est pas suffisant.
Il faut que cette actualité soit l’occasion de marquer notre différence sur le projet de société que nous portons.
Le parti communiste doit élaborer un projet clairvoyant, crédible, audible pour la population pour le secteur de l’énergie qui soit non soumise aux lois, court-termistes et irresponsables, du profit. Imaginons que la gauche soit au pouvoir demain et que nous ayons en charge le ministère de l’énergie, qu’est-ce que nous porterions ?
Oui, il y a nécessité de construire un vrai projet qui parte des besoins des populations et qui aborde plusieurs pans, celui de la sécurité d’approvisionnement et dans l’immédiat c’est la question du mix énergétique avec des décisions importantes qui doivent être prises. Celle de la prolongation des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans et celle du renouvellement du parc nucléaire.
Ces projets doivent s’appuyer sur un tissu industriel qui aujourd’hui n’est pas au rendez-vous. EDF estime que ses capacités industrielles devront être multipliées par 4,5, voire 5 pour réussir.
Le projet du parti doit aussi aborder la souveraineté nationale, l’indépendance énergétique dont la crise sanitaire a fait apparaitre notre dépendance à la mondialisation capitaliste, le coût de l’énergie, la maitrise publique du secteur pour servir l’intérêt général, les coopérations à engager en Europe et à l’international, la lutte contre le réchauffement climatique qui doit être un axe essentiel car il y a urgence. Un projet qui aborde les moyens dans la R&D qui doivent être conséquents afin d’avoir une politique de recherche qui prépare l’avenir, qui soit en mesure de briser les verrous technologiques qui permettront de faire évoluer le mix énergétique.
On a besoin d’apparaitre comme étant utile et porteur d’un projet de reconstruction d’une industrie d’avenir qui puisse répondre aux besoins des gens et qui lie à la fois les besoins sociaux et environnementaux.