3 jours et un ultimatum pour sauver le service public de l’énergie par Stéphane Guérard
Trois journées d’action et de grève sont prévues pour janvier, à l’appel de la CFE-CGC, FO, de la CFDT et de la CGT. Cette dernière envoie un ultimatum au gouvernement, fixé au 13 janvier, jour du 75e anniversaire du dépôt de loi des nationalisations d’EDF et de GDF.
Les gaziers et électriciens avaient marqué la fin de 2020 par deux journées de mobilisation avec plus de 40 % de grévistes dans les entreprises du secteur. En ce début d’année, leurs représentants syndicaux ont décidé de remettre un coup de gaz et de donner encore plus d’ampleur à ce mouvement social contre le démantèlement des services publics de l’énergie.
Dans un appel commun publié ce jeudi, les quatre fédérations représentatives – FNME-CGT, CFE- CGC énergies, FO énergie et mines et FCE-CFDT – ont appelé à faire de 2021 « l’année qui aura vu la fin de ces projets destructeurs, synonymes du sacrifice de l’intérêt général au profit d’intérêts financiers ».
Dans leur viseur : le projet Hercule, toujours officiellement en discussion dans une triangulaire opaque entre l’État, EDF et la Commission européenne. Schématiquement, ce plan vise à dégager les moyens financiers de modernisation du parc nucléaire intégré dans un EDF « bleu », en échange de la privatisation partielle des activités rentables jusqu’à présent 100 % publiques (commercialisation de l’électricité, énergies renouvelables, barrages), contenues dans des filiales EDF « vert » et « azur ».
Le projet Hercule est attendu comme l’un des principaux points intégrés dans la loi issue de la Convention citoyenne pour le climat, dont la présentation est toujours annoncée en Conseil des ministres courant janvier. Cette vente à la découpe titanesque du service public de l’électricité n’est pas le seul grief des syndicats.
« La filière gaz condamnée par la réglementation environnementale »
« Qu’il s’agisse d’EDF attaquée dans son modèle de groupe intégré par le projet Hercule, d’Engie menacée de scission et de vente à la découpe à la suite du plan Clamadieu, de l’ensemble de la filière gaz condamnée par la nouvelle réglementation environnementale RE 2020 (qui bannit le chauffage au gaz des maisons individuelles neuves dès 2021 – NDLR), ou encore de la Shem (qui exploite une cinquantaine de centrales hydroélectriques – NDLR) menacée par la mise en concurrence de ses concessions, la destruction du service public de l’énergie s’accélère », notent les organisations.
Celles-ci appellent donc à trois jours d’action et de grève, les 14, 19 et 26 janvier.
La mobilisation sociale générale ne s’arrête pas là.
La Fédération mines-énergie de la CGT a lancé en parallèle « un ultimatum » aux directions d’EDF, d’Engie et de GazelEnergie (société propriété de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky exploitant les centrales à charbon de Gardanne dans les Bouches-du-Rhône et de Saint-Avold en Lorraine), ainsi qu’au gouvernement pour « exiger le retrait du projet Hercule, du plan Clamadieu et du PSE (plan social chez GazelEnergy) ».
À défaut de la satisfaction de cette mise en demeure fixée au 13 janvier, jour du 75e anniversaire du dépôt de loi des nationalisations d’EDF et de GDF (13 janvier 1946), la fédération soutiendra les reconductions de grève et « toutes les initiatives d’action qui seront décidées par les agents sur les piquets de grève en assemblée générale », entre les journées de mobilisation inter-fédérales.
La journée de mobilisation interprofessionnelle du 4 février, à l’appel de la CGT, de la FSU, de Solidaires et de syndicats et organisations de jeunesse tels que l’Unef, devrait aussi voir les énergéticiens grossir les rangs des cortèges ou, contexte sanitaire oblige, des actions locales.
Article publié dans l'Humanité