Intervention de Jean Marc Durand au CN du 30 janvier
La pandémie qui circule et la crise sanitaire qui l’accompagne ont des conséquences immenses sur l’ensemble de la société. Mais leur répercussion n’est cependant pas la même pour tout le monde. Il n’y a qu’à voir l’évolution des fortunes au cours de l’année 2020 et la voracité du capital qui via les marchés financiers, continue à prélever comme jamais sur la richesse créée en jetant des millions de salariés au chômage et faisant de l’emploi une question centrale.
A ce propos ayons en tête que les dégâts économiques, sociaux, environnementaux actuels s’ils sont les effets de le situation sanitaire, révèlent surtout un nouvel épisode de crise systémique beaucoup plus profond et global que l’épisode 2008-2009 et entamé bien avant l’arrivée de la Covid.
De cette situation découle une accélération considérable du besoin d’une alternative au capitalisme, de son dépassement. La période porte l’exigence de ruptures et de nouvelles constructions pour répondre aux défis économiques, sociaux et écologiques. Derrière l’ancien, derrière des décennies d’une politique qui a poussé petit à petit à notre effacement, monte le besoin d’un changement profond, pour nous, pour notre peuple. Dans une situation où l’ensemble de la gauche est largement discrédité, n’est-il pas temps de se poser concrètement les bonnes questions, en termes de stratégie comme d’objectifs politiques ? La gauche souffre d’un manque criant de visées de transformation radicale de la société, de projets émancipateurs et identificateurs, d’une pseudo unité qui vise à ramener tout le monde vers le plus petit dénominateur et finalement à faire enfiler le costume social-démocrate, voire social-libéral y compris aux communistes et à leur parti.
Il y a besoin de neuf, de bousculer les habitudes. En premier lieu cela ne passe-t-il pas par le fait que les forces de gauche consentent à mettre en débat leurs propositions, leurs projets afin d’éclairer le peuple des diverses options en présence et d’en faire à la fois le juge, l’acteur et le décideur du rassemblement politique nécessaire.
Cela pose directement la double question de la préparation des régionales et des départementales et de la présidentielle de 2022 en lien avec les législatives.
Moi j’entends bien que l’essentiel ce sont les contenus, que c’est la discussion avec nos éventuels partenaires sur les contenus et le projet pour nos régions et construire le rassemblement. Que la base de cette discussion est le rapport présenté par Evelyne devant le CN. Mais pour le coup il semble y avoir loin de la coupe aux lèvres. Où et quand jusqu’à ce jour ont été mises en discussion nos propositions déjà dans notre parti ?
Où et comment les discussions avec nos partenaires se sont engagées sur cette base ? Il faut être lucide.
D’ailleurs peut-être que si ce travail avait été mené, ne serions-nous pas pris dans une impossible équation de devoir choisir entre PS et LFI. Ce qui semble encore dominer dans nos rangs, ce sont des présupposés, des postures politiciennes, la recherche d’alliances à but électoraliste pour sauver des élus et faire croire que nous sommes encore influents. Cette voie c’est celle de l’extinction, voire d’un éclatement, car cela ne pourra plus durer encore longtemps ainsi.
S’agissant de la présidentielle et des législatives 2022, l’objectif de notre conférence nationale doit être clair : promouvoir une candidature communiste à la présidentielle et faire en sorte que nous ayons le maximum de députés, les deux étant pour moi liés tant notre identification dans le débat politique et donc notre participation à une ré-identification de la gauche au cours de la présidentielle permettra de resituer le Pcf sur l’échiquier politique et ainsi de montrer l’utilité d’avoir des députés communistes.
Raison de plus pour que notre candidature à la présidentielle ne soit pas une candidature de témoignage mais une candidature qui porte l’exigence de transformations radicales de la société à partir de propositions, d’un projet fort, montrant une vraie possibilité d’alternative au capitalisme. Un projet construit autour de la question fondamentale de la conquête de pouvoirs sur l’argent que ce soit celui de l’État, des entreprises ou des banques avec l’énorme pouvoir de la BCE du fait de sa capacité de création monétaire et en lien avec une réforme fiscale incitative à une autre utilisation des bénéfices des entreprises. Ce qui suppose de nouvelles institutions permettant aux salariés, aux citoyens de décider et d’intervenir dans les gestions dont celle de l’utilisation de l’argent et de la fiscalité.
C’est la condition pour répondre aux énormes attentes populaires, cela à tous les niveaux, posant comme jamais la nécessaire expansion des services publics, question centrale pour répondre au défi écologique en même temps que celui d’un changement radical des rapports et des modes de productions. Particulièrement, par une nouvelle industrialisation mais aussi par la construction de nouvelles relations sur les lieux de travail comme dans la vie sociale avec une sécurité d’emploi ou de formation arrimée à un grand service public du même nom, visant à éradiquer progressivement le chômage en faisant de la formation le vecteur de l’évolution professionnelle et individuelle du salarié, de son implication sur les lieux de travail comme dans la société tout entière afin qu’il soit toujours et partout un citoyen à part entière. Ce qui est loin du salaire à vie ou autre revenu universel, façon policée d’accepter le chômage et donc de laisser cette arme de régulation du marché du travail dans les mains du patronat.
Voilà pourquoi en 2022, une candidature communiste est indispensable ! Et bien sur je partage la volonté d’ouvrir au plus vite le débat dans le parti sur la préparation de la conférence nationale