La France au bord du black-out. Déceler et lutter contre les vraies causes, enjeu des luttes à venir !
Une fois encore RTE tire la sonnette d'alarme, la France serait au bord du blackout et appelle les Français à faire des économies d'énergie. En résumé, ils sont encore culpabilisés de trop consommer d'électricité et montrés du doigt car leur consommation ne serait pas essentielle, ils gâcheraient trop, beaucoup trop. Et dire que notre pays compte plusieurs millions de foyers en précarité énergétique, c'est à dire privés du droit à l'énergie.
Au fond la question centrale n'est pas un problème de consommation mais celle relevant de la production énergétique, de son organisation, de sa distribution et de son efficacité c'est à dire de ses capacités à répondre au droit à l'énergie de chacun-e, tout en luttant pour le climat, en ayant le prix le moins élevé et en assurant le maximum de sécurité et d'égalité.
Il est vraiment insupportable d'entendre ou de lire les communiqués de RTE. Mais telle est sa ligne de fond idéologique pour diviser, faire des Français des boucs émissaires et surtout mieux tenter de cacher les responsabilités écrasantes que portent les politiques libérales mises en oeuvre ces dernières années, tant dans la santé que dans l'énergie, que cela soit avec la droite macroniste ou avec la sociale démocratie de Hollande !
Les trois matrices sont la baisse des dépenses publiques, les privatisations et distribuer des richesses aux entreprises, c'est à dire augmenter le coût du capital !
En raison de la vague de froid attendue, RTE conseille, pour « éviter tout risque de coupure », de réduire sa consommation car la France manquerait de courant. Effarant !
Comme toujours en période de froid modéré comme nous la vivons, la consommation a 2 grands pics, l'un à 9h du matin et l'autre à 19h qui atteignent 80.000 MW.
« Nous avons frisé la rupture et nous avons pu faire face grâce à l’hydraulique qui marchait au maximum, aux centrales à gaz et aux importations » précise Jean-Louis Butré, Président de la fédération Environnement Durable et expert du groupe Energies & Vérités qui alerte le gouvernement.
« Le nucléaire fonctionne aux maximum compte tenu de l’état en décrépitude du parc. Si par malheur nous vivions une vraie vague de froid ( -10 ou -15°c) la France serait sans électricité car il faudrait trouver environ 2.000 MW de plus par degré en moins. La sécurité du territoire est désormais suspendue à la météo. Le risque est non négligeable pour février et les prévisions de température seront connues d’ici une dizaine de jours. »
Pour lui, cette situation, inimaginable il y a quelques années est le fruit d’une politique d’abandon de notre filière énergétique dont le fondement nouveau est de remplacer des moyens de production fiables et pilotables par des sources intermittentes comme l’éolien.
En période froide sans vent les éoliennes sont inutiles ou presque. Le 7 janvier 2021 au matin, pour une puissance installée de 14.000 MW, les éoliennes ont fourni 946 MW soit 1% du total de la consommation électrique des Français.
Cette réalité balaye tous les mensonges perpétrés par l'ADEME ( agence de maîtrise de l’énergie) et les promoteurs qui se targuent du nombre de milliers de foyers qu’une nouvelle éolienne va alimenter en affirmant qu’il y aura toujours du vent quelque part du au « foisonnement » qui garantira la production du parc éolien français.
Cette situation très critique avait été annoncée le 19 novembre 2020 par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, en mettant en évidence la fragilité extrême de la production française d’électricité qui allait conduire inexorablement à un programme de restrictions et de rationnement. Elle envisageait même cet hiver des coupures de courant, l’arrêt de pans industriels et des baisses de tension du réseau alors que le redressement économique de la France devrait être basé au contraire sur une électricité abondante, fiable et bon marché.
Pour rassurer les Français elle affirmait qu’un black-out n’était pas possible avec un hiver normal. Aujourd’hui la température est de -1°C, peut-elle le garantir au cas où celle-ci descendrait à -10°C, sachant qu’il faut 2000 MW supplémentaires par degré en moins ?
Depuis des années Jean-Louis Butré, mais aussi les communistes, la CGT, la FNME CGT ou des ONG et associations alertent le gouvernement sur la gravité de cette situation. Jean-Louis Butré a ainsi déclaré le 16 novembre :
« Depuis des décennies la politique énergétique de notre pays a été un exemple de réussite qui nous a permis d’avoir l’une des électricités les moins chères d’Europe, nous procurant ainsi un avantage compétitif. Ce succès de nos ingénieurs et de nos responsables politiques n’est plus qu’un souvenir tant les efforts du lobby écologiste ont détruit avec constance cet atout national ».
Plusieurs articles de notre blog sont revenus de façon argumentée sur la stratégie irresponsable mise en oeuvre depuis plus de 15 ans qui vise à sacrifier l'énergie nucléaire civile (Fermeture de Fessenheim, non renouvellement des centrales nucléaires, fermetures de centrales thermiques, sous-investissements, etc.), faisant croire que les énergies renouvelables compenseraient automatiquement la baisse du nucléaire civil, ce qui est une ineptie, et à liquider le service public EDF avec des projets visant à l'éclatement d'EDF notamment le projet Hercule.
Cette stratégie irresponsable a été actée par la signature de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Le gouvernement a non seulement sacrifié l’indépendance de la France, sa liberté d’action et son statut de grande puissance mais en plus, comme le prouve l’annonce de RTE, a désormais mis en danger la sécurité du territoire.
La solution ne viendra pas de l’Europe, car chaque Etat comptant sur les importations a réduit ses propres marges et, la crise globale liée au COVID et les vagues de froid touchent l’ensemble du continent.
Il y a 20 ans, la France pouvait se prévaloir d’avoir le système énergétique le plus performant d’Europe. Elle était indépendante énergétiquement, avait le meilleur tarif pour les usagers et pouvait même vendre son trop plein d’énergie à ses voisins européens.
Ce n’est désormais plus le cas. Nous dénonçons les choix faits par les gouvernements successifs en matière de politique énergétique qui ne permettent plus à la France de répondre aux besoins énergétiques de sa population. Les ENRs pourtant subventionnées massivement par les usagers n’étant pas pilotables, elles ne pourront pas compenser les pertes de productions pilotables orchestrées par le Gouvernement.
Il faut mener le combat sur la nécessité de construire un mix énergétique cohérent, couplé à des capacités de stockage suffisantes pour faire face à la demande.
Cela passe par une rupture avec le dogme de la concurrence porté par Bruxelles et le gouvernement français qui annihile toute vision stratégique de long terme du secteur énergétique. Les restructurations incessantes et le dépeçage des deux entreprises historiques en cours vont dans le même sens.
D’autres choix sont possibles pour répondre aux besoins et lutter contre le réchauffement climatique. Les propositions communistes dans le domaine de l’énergie mettent en cohérence service public, efficacité, sûreté, performance, optimisation de l’ensemble du secteur énergétique pour répondre aux enjeux de la France et aux besoins des populations.
Cela suppose de sortir l’énergie de la loi du marché libre, de la concurrence, de mettre fin à la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz, avec des services publics de l’énergie assurant l’accès égal à l’énergie pour tous sur tout le territoire français pérennisant la péréquation tarifaire et les tarifs réglementés.
C'est ce qu'exigeront les agents du secteur de l'énergie en répondant à l'appel commun des quatre fédérations représentatives – FNME-CGT, CFE- CGC énergies, FO énergie et mines et FCE-CFDT – à faire de 2021 « l’année qui aura vu la fin de ces projets destructeurs, synonymes du sacrifice de l’intérêt général au profit d’intérêts financiers ».
Trois journées d’action et de grève sont prévues pour janvier avec un ultimatum au gouvernement, fixé à aujourd'hui, jour du 75e anniversaire du dépôt de loi des nationalisations d’EDF et de GDF.
Les communistes seront de cette bataille notamment demain 14 janvier avec la première initiative de lutte !