La Sécurité d'Emploi et de Formation - SEF - en 5 points par Frédéric Boccara

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

La Sécurité d'Emploi et de Formation - SEF - en 5 points par Frédéric Boccara

Depuis plusieurs années les communistes proposent pour éradiquer le chômage, de mettre en place une "Sécurité d'Emploi et de Formation". Inventée par l'économiste et chercheur marxiste Paul Boccara dans les années 90, cette proposition révolutionnaire a mis du temps à être comprise, à être portée dans le parti communiste et notamment dans les luttes pour l'emploi.

Avec l'aggravation de la crise systémique notamment dans les domaines de l'emploi et de la précarité, cette proposition a été reprise, travaillée, elle a fait l'objet d'un dépôt de projet de loi des députés communistes il y a 3 ans, et a pris place dans les objectifs de conquête, arrêtés par le 38ème congrès.

Avec l'aggravation de la politique du capital et de ses alliés au pouvoir, qui se manifeste par des plans de dizaines de suppression d'emplois, par la proximité de trois élections importantes départementales et régionales, présidentielle et législatives, il est évident qu'une telle proposition doit prendre toute sa place dans les programmes communistes.

Cela évite de se battre le dos au mur, permet de passer à l'offensive et de donner des prolongements politiques aux luttes sociales, cela permet d'argumenter solidement car il ne suffit pas d'affirmer que l'on veut éradiquer le chômage, encore faut-il démontrer comment concrètement, enfin la Sécurité d'Emploi et de Formation est la réponse sociale et économique à la révolution informationnelle, aux immenses besoins de formation des êtres humains et des entreprises dans toutes les activités.

C'est la réponse qui est arrivée à maturité et qui permet avec sa mise en débat et sa mise en oeuvre de répondre aux nouveaux besoins objectifs des êtres humains (Sécurité, qualification, liberté, mobilité, reconnaissance, culturel), des entreprises, de l'économie et ce, dans toutes les activités et à tous les moments de la vie professionnelle.

Frédéric Boccara, membre du CEN du PCF, économiste, membre du CESE et des économistes atterrés, nous présente cette proposition, afin que les communistes et plus largement les militants s'en saisissent et en fassent leur bien commun et leur outil de lutte pour dépasser le capitalisme et ouvrir le chemin d'une autre civilisation. 

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C’est un projet de société qui donne sens aux luttes et aux différentes revendications (emploi, RTT, développement des services publics, autre production écologique, formation, salaires, qualifications, émancipation, retraite, etc.).

  1. Pour les personnes : le droit à un emploi dans la sécurité, ou une formation, avec un bon revenu, et à une mobilité librement choisie entre emploi et formation, dans le même emploi ou pour un  meilleur ou autre emploi, ou une autre activité, dans un progrès et dans la sécurité
  • Trois principes : sécurité, mobilité, liberté. Le principe de sécurité est fondamental, il s’oppose au principe du chômage et à la précarité fondamentale du marché du travail, maintenue même avec le chômage partiel.
  • Avec la révolution technologique informationnelle, l’emploi et sa qualité sont la condition de l’efficacité.
  1. Le système sous-jacent : le salaire est payé par l’employeur, le revenu autre (comme l’allocation de formation) est payé sur des cotisations sociales mutualisées. Un Fonds spécifique permet aux travailleurs et habitants de conditionner l’utilisation de l’argent des entreprises (profits) et des banques (crédit) afin que les investissements matériels et de recherche soient créateurs d’emploi et de formation. Ces investissements porteurs d’emploi sont nécessaires pour permettre de créer efficacement les richesses (salaires, cotisations sociales, etc.) qui vont financer le système, et donc conforter les emplois créés, les services publics, développer le temps libre et de formation.
  1. Conséquence majeure : une libération de la sujétion au patron et au capital pour avoir un revenu, puisqu’il est sécurisé. Le rapport des forces est fondamentalement changé. Mais, cela ne libère pas de la nécessité collective de produire un revenu (assiette de financement du salaire et des autres revenus tels l’allocation de formation) et des richesses réelles de bonne qualité (écologie, santé, ..).
  1. Il faut changer profondément le comportement des entreprises et des banques, leur gestion, dominé par le capital, ses coûts, ses pouvoirs, sa logique. Elles doivent suivre de tout autres critères que la rentabilité financière maximale et le profit – des critères d’efficacité économique, sociale et écologique – c’est-à-dire économiser le capital pour développer les femmes, les hommes et notre niche écologique naturelle, la planète.
  • Pour cela il faut des pouvoirs nouveaux des travailleurs, habitants et usagers sur l’utilisation de l’argent par les entreprises et les banques, et sur la gestion des entreprises et services publics, permettant de les mettre en cohérence avec ce nouveau principe. Des pouvoirs qui soient retirés au capital et à sa logique. Une nouvelle cohérence entre objectifs (SEF + nouvelle production) et moyens, grâce à ces pouvoirs.
  • Par de nouvelles institutions politiques, territoriales et nationale. Des Conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation productive écologique, avec tous les acteurs économiques, sociaux et des représentants des habitants, où se prennent (a) des engagements de production, d’emploi de formation, par les employeurs et les pouvoirs publics  (b) des engagements de financement par les banques (c) avec incitation et pénalisation (d) suivis démocratiquement.
  1. Une régulation nouvelle : face à des baisses d’activité, au lieu du chômage et de l’investissement matériel, avec l’emploi comme solde aléatoire, on répondrait : sécurité d’emploi, RTT et mises en formation ou recherche (donc services publics) pour de nouvelles et meilleures productions. D’où une nouvelle efficacité et une réduction massive du temps de travail pour la vie libre et la participation aux activités sociales.

Cette campagne engage un travail de résistance et de construction de longue haleine.

Elle n’oppose pas « luttes » et « élections », « contenus » et « rassemblement ». Il va nous falloir nous outiller collectivement, organiser à la fois éducation populaire et retour d’expérience afin d’ajuster au fur et à mesure.

Mais, nos anciens qui, comme Rol-Tanguy, ont construit, organisé, la résistance armée à l’occupation nazie et contre Vichy, avaient dû assimiler la technique militaire, la stratégie. Aujourd’hui, où l’économie compte tant et où les banques sont les nouveaux tanks contre les peuples, il nous faut entrer dans cette nouvelle assimilation… La différence est que c’est un mouvement de résistance et de construction en même temps.

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