Covid-19 : Funeste pari du Président par Patrick Le Hyaric
Comprenne qui pourra ! Le premier ministre tient une conférence de presse pour expliquer que face à la gravité de la situation épidémique, il est urgent d’attendre. Pourtant, le confinement est renforcé dans plusieurs zones, mais uniquement, comme c’est curieux, durant les périodes hors travail alors que nous vivons sous… la septième version de l’Etat d’urgence.
Alors que le nombre de classes fermées augmente sans cesse, il nous a été expliqué que les enfants ne transmettaient pas le virus. Et voilà que le gouvernement attend pourtant la fin des vacances pour savoir s’il ne faut pas durcir les dispositifs sanitaires.
Ce déni de réalité empêche de prendre, avec les enseignants et les collectivités territoriales, les mesures adéquates de protection des enfants, des personnels et des familles.
Après avoir fanfaronné en bravant les avis des médecins et des scientifiques, le Président de la République, fait joujou avec des Youtubeurs, se pavane en lançant l’idée d’un pass sanitaire alors que le nombre de personnes vaccinées est infime et que l’Union européenne manque cruellement de vaccins. Il a refusé de prendre en compte la note du conseil scientifique du 29 janvier dernier comportant un protocole pour ramener le nombre de contaminations à 5000 par jour pour qu’enfin la stratégie du « tester, tracer, isoler » ne soit plus un slogan vide.
Nous en sommes à 30 000 personnes positives quotidiennement. Et l’Inserm prévient que la moitié, voir les deux tiers des personnes réellement contaminées, ne sont pas détectées. Et voici que désormais des personnes plus jeunes, âgées de 40 à 50 ans, sont hospitalisées.
L’attitude du Président de la République est donc grave. Très grave. Il pourrait un jour avoir de sérieux comptes à rendre. Il fait croire qu’on « gagne du temps ». Mais, quel temps gagnent les 300 à 500 personnes qui meurent chaque jour ? A ces chiffres, il conviendrait d’ajouter la mortalité induite par la surcharge des hôpitaux due à la Covid, laquelle empêche de soigner d’autres maladies : une étude anglaise vient de révéler que les décès directs dus au virus ne représentent que 38% de la totalité de celles et ceux qui perdent la vie à cause de la pandémie.
Faut-il avoir un cœur si sec pour mettre en œuvre un processus qui a plus à voir avec la protection du grand patronat que des besoins de protection sanitaire ? On parle ici de vies humaines, d’hôpitaux saturés, de soignants et de médecins fatigués, épuisés, stressés.
Après les mensonges et les sornettes sur les masques, les respirateurs, voici celles sur les vaccins camouflées derrière moult tableaux et froides courbes médiatisées. La propagande sert à masquer les inégalités grandissantes devant la pandémie, l’affaiblissement de nos systèmes de santé, l’hôpital malmené sous les coups de boutoir de l’austérité bruxelloise, sans parler des déserts médicaux.
Le présidentialisme conduit à la faillite.
Le parlement est mis de côté, à l’instar du gouvernement remplacé par un conseil de défense. Une multitude de comités Théodules,cornaqués par des cabinets étrangers privés, sont activés contre la haute fonction publique sans cesse défiée. Continuer ainsi, c’est laisser se préparer des catastrophes. Il est urgent de tester plus et d’isoler celles et ceux qui ont contracté la maladie. Accélérer la production partout de vaccins sous licence libre et vacciner massivement pour réduire le taux d’infection en cessant de négliger les quartiers populaires.
Au-delà, il est indispensable d’embaucher et former des personnels soignants, mieux les rémunérer tout en portant un considérable effort pour les hôpitaux. La crise sanitaire amplifie encore la crise démocratique et la crise sociale.
Contre l’autocratie, il est temps, aux côtés des professionnels de la santé et des chercheurs, que les populations s’en mêlent.
Editorial de l'Humanité Dimanche du 4 mars