Intervention de Pascal Joly au conseil national du 29 Mai 2021
J’ai relevé deux axes dans la campagne présidentielle que mène Fabien Roussel, déjà bien engagée, et qui fait, entre autres, l’originalité et la raison d’être d’une candidature communiste à cette élection.
La première est cette volonté affirmée, de vouloir mettre le monde du travail au cœur de la campagne, dans la foulée du tour des entreprises engagée maintenant depuis plusieurs mois. De voir la réalité de ce monde du travail au plus près. De regagner de l’influence et implantation parmi celui-ci .
La seconde, est la volonté de vouloir jalonner notre campagne de luttes sociales et politiques, comme l’affirme Fabien. Une invitation à intervenir, sans attendre, une manière de vouloir casser la délégation de pouvoir vers un homme providentiel, et de reflex sociaux et électoraux induits par la 5ème république.
Aussi, si nous voulons conjuguer luttes sociales et politiques, et échéances électorales, nous devons regarder ce qui travaille en profondeur la société.
Et dans ce qui la façonne, il y a la place qu’occupe le syndicalisme et les rapports de force en son sein. Je suppose que comme moi, vous avez été attentifs aux dernières mesures de représentativité parues récemment et qui confirme la CFDT, une nouvelle fois, comme première organisation syndicale, avec un écart qui se creuse avec la CGT.
Cette mesure est issue de la loi de 2008 qui ne calcule cette représentativité qu’uniquement dans le privé. Elle ne prend donc pas en compte les résultats dans le public, mon propos est donc à pondérer. Mais la tendance est réelle. Le résultat précèdent n’est donc pas un accident de l’histoire, avec une CFDT qui confirme sa première place dans le privé. On mesure l’étendue de la bataille idéologique, qu’ont mené conjointement le Medef et le pouvoir , pour laisser penser que la crise actuelle ne serait due qu’a la crise sanitaire, et non que celle-ci trouverait ses racines dans la logique du capitalisme lui-même.
Deuxième remarque, cette mesure repose sur la mobilisation électorale de 38% des salariés concernés, qui vient se superposer à la désaffection croissante des citoyens à l’occasion des échéances électorales politiques, que nous avons l’ambition de combattre, avec des propositions concernant la démocratie sociale et les institutions de la république.
C’est la confirmation, à mon avis, que la crise sociale, économique et politique appelle à une réflexion approfondie de notre part quant aux conséquences de cette crise, qui touche tous les champs. La question de son issue, et des mesures la permettant, est clairement posée.
Notre volonté de nous appuyer sur les luttes, de les susciter ou de les initier est juste. Mais ce que traduit ce résultat montre qu’une partie de salariés semblent s’orienter vers un syndicalisme d’accompagnement, ou d’atténuation des mauvais coups. Une forme de compromis social, qui, in fine a pour résultat d’épargner le pouvoir du capital et de la finance. Sur fond d’affaiblissement de la conscience de classe.
La question des pouvoirs des salariés dans les entreprises, les banques et les services publics est donc une question vitale pour la portée de notre apport. Il nous reste à en mesurer le contenu et l’ampleur.
A mon sens, ils doivent être décisionnels, ne pas se contenter de strapontins dans les conseils d’administrations, et ne pas se limiter au seul droit de veto, si utile soit-il, mais ne permettant d’intervenir qu’a posteriori.
Nous voulons un vrai pouvoir des salariés dans l’entreprise, des usagers dans les services publics, pour contrer le pouvoir patronal et la dictature des dividendes des actionnaires, comme seule boussole de gestion. Nous voulons de vrais droits pour les syndicats, pour les remettre au cœur d’une vraie démocratie sociale. Cela doit faire partie intégrante d’un projet de société qui modifie en profondeur le rapport au travail, qui s’attaque au lien de subordination du salarié vis-à-vis de son employeur, et qui, avec une sécurité d’emploi et de formation (ou de sécurité sociale professionnelle) remette en cause, dans un processus permanent, le marché du travail.
Je pense qu’il est indispensable, à l’occasion de ces campagnes, en tant que communistes, de consacrer du temps et de l’Energie à travailler à ces questions. Sans vouloir remplacer qui que ce soit ou nous immiscer dans les affaires de quiconque.
Mais si nous avons l’ambition de transformer la société, il nous faut prêter attention à tout ce qui peut en être une dynamique ou un frein.