Les Français ne veulent pas de la réforme Macron sur les retraites !
Il est très difficile de faire croire que l'on peut et que l'on doit réformer notre système de retraites , comme veut le faire le gouvernement. L'agenda législatif serré, l'opposition des syndicats et du Medef , l'impopularité… et le sondage OpinionWay-Square pour « Les Echos » et Radio Classique le démontrent.
Si les Français voient l'intérêt d'une réforme des retraites, ce n'est pas celle de Macron qu'ils veulent, c'est pourquoi ils préfèrent attendre le prochain quinquennat. Les retraites sont un sujet d'inquiétude, mais elles ne sont pas prioritaires.
Après le Covid, sur les sujets économiques, les Français ont la tête ailleurs » selon le vice-président d'Opinionway.
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Priorité à la relance
D'autant que l'opinion est perméable au discours sur le manque de visibilité de la réforme Macron. Elle ne veut pas d'un nouveau recul de l'âge et est « totalement opposée » à des économies sur les pensions.
Les Français jugent que ce sujet majeur ne peut pas être réglé dans les 10 mois qui viennent. Ils n'envisagent pas que l'on se contente d'appliquer la mauvaise réforme initiée par Edouard Philippe.
Plus de la moitié des Français (55 %) estiment que ce gouvernement ne doit pas engager cette réforme. Les plus enthousiastes pour la réforme immédiate sont les sympathisants LR puis LREM, tandis que les forces de gauche et dans une moindre mesure le PS freinent des quatre fers. Fabien Roussel candidat communiste à la présidentielle vient de s'exprimer sur ce sujet sensible.
La priorité du moment, pour 75 % des sondés, c'est la relance de l'activité économique. C'est le sujet numéro un, quelles que soient l'appartenance politique ou la catégorie socioprofessionnelle. Les retraites ne sont donc pas prioritaires.
Sept Français sur dix (69 %) pensent pourtant qu'il est nécessaire de réformer les retraites mais ils ne sont pas convaincus qu'il faille celle de Macron-Philippe arrachée à l'Assemblée avec le 49/3.
Ils sont méfiants d'une réforme fourre-tout. Il est probable que les électeurs de droite la jugent nécessaire, avec une hausse de l'âge de départ (64 ou 65 ans) et d'importantes économies et notamment la baisse des pensions. Pour les électeurs de Macron, les choses sont moins claires même s'ils estiment qu'une réforme est nécessaire. Tout comme les électeurs d'extrême droite qui sont 66% à penser qu'il faut entreprendre cette réforme.
A gauche, le refus de toucher aux retraites et donc aux avantages acquis se confirme tant chez les électeurs communistes que chez ceux de Mélenchon ou de Benoît Hamon.
Des attentes fortes de justice sociale
Il y a donc des attentes de justice sociale. Si les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes à juger une réforme nécessaire (73 % contre 66 %), cela est peut-être du aux écarts de pension homme-femme et le fait qu'elles doivent souvent travailler plus longtemps pour annuler la décote.
De même, les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées notamment les ouvriers et employés semblent en attente d'une réforme que les actifs (69 % la jugent nécessaire, contre 66 % chez les cadres et professions libérales). Ils attendent surtout une réforme qui ramène le droit de chacun à partir plus tôt en retraite (retour aux 60 ans) et revalorise le montant des pensions.
Ce sont surtout ces aspects qui avaient motivé le large et fort mouvement social de 2019-2020. Après la crise covid ils sont toujours là. Vouloir mettre la réforme des retraites dans la campagne de la présidentielle de 2022, c'est remettre le social au centre du débat, ce que ne souhaitent pas forcément Macron, la droite et l'extrême droite.
Les retraités sont les plus fervents partisans d'une réforme des retraites - dès lors que l'on ne touche pas à leurs propres pensions, comme a pu le constater le gouvernement d'Edouard Philippe en 2018 avec la hausse de la CSG.
Si 78 % des plus de 65 ans disent la réforme nécessaire, ils ne sont plus que 60 % des tranches d'âge pleinement engagées dans la carrière, c'est-à-dire entre 25 et 64 ans.
Les jeunes adultes (18-25 ans), pour lesquels la retraite est encore loin, 75 % d'entre eux jugent une réforme nécessaire. Beaucoup veulent savoir où ils vont et comment ils doivent gérer leur propre devenir.
Sources Les Echos