Énergie. Face à Hercule, une opposition survoltée !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Énergie. Face à Hercule, une opposition survoltée !

L’Élysée doit décider du plan de découpe d’EDF. L’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et les députés unis contre la réforme montent au front.

Les allocations chômage, les retraites et, maintenant, l’énergie et l’électricité. Plus un jour ne passe depuis la raclée électorale reçue par la majorité Macroniste sans qu’un sujet de notre quotidien, et pas des moindres, se retrouve suspendu au bon vouloir d’un seul homme, Macron. C’est peut-être cela, une présidence jupitérienne, une autarcie qui ne dit pas son nom.

Après la question de l’avenir de la réforme de l’assurance-chômage, dont un pan entier vient d’être retoqué par le Conseil d’État ; après les ballons d’essai envoyés pour tester l’idée d’un allongement de la vie au travail, donc d’un recul de l’âge légal de départ à la retraite, le projet Hercule de démantèlement d’EDF prend désormais place dans la valse-hésitation du calendrier de réformes putatives de fin de quinquennat d’Emmanuel Macron.

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, en a informé les syndicats du groupe énergéticien unis contre ce plan, lors de leurs dernières bilatérales.

La décision de découper EDF en trois – le nucléaire étatisé d’un côté, les barrages hydroélectriques en quasi-régie publique de l’autre, les énergies renouvelables et la distribution (Enedis) regroupées dans une société au tiers privatisé – est remontée jusqu’au sommet de l’Élysée.

Macron soupèse l’opportunité de passer en force dès cet été, sur l’énergie comme sur les autres sujets.

En jeu, la désintégration d’EDF

« Si la décision est prise dans un sens herculéen, nous repartirons dans la mobilisation à la rentrée. Et à l’automne, du fait de la proximité de la présidentielle, la question deviendra éminemment politique », a prévenu Alexandre Grilla, de la CFE-CGC d’EDF, sous l’assentiment de ses homologues de la CGT, FO et de la CFDT, unis contre le projet Hercule, récemment rebaptisé « Grand EDF » pour amuser la galerie.

Jeudi, les syndicats de l’énergie ont pris la parole pour planter préventivement une banderille dans le flanc gouvernemental, lettre ouverte à l’appui envoyée à Emmanuel Macron pour réaffirmer leur « opposition totale à cette réforme désintégratrice d’EDF ».

Et si le chef de l’État décidait seul d’y aller quand même ?

« Comme toujours, nous nous retournerons vers nos adhérents, qui choisiront les modes d’action », sourit Sébastien ­Menesplier, secrétaire général de la CGT mines-énergie, sûr des forces syndicales, trois semaines après une manifestation parisienne réussie et au bout de deux années d’actions intersyndicales qui ont toujours affiché 30 à 40 % de participation des agents énergéticiens.

Le mur intersyndical n’est pas le seul à avoir été érigé. Lors de la même conférence de presse, l’« interparlementaire » contre Hercule a elle aussi monté les parpaings.

Excepté ceux de la majorité, tous les groupes politiques s’y trouvent depuis l’automne dernier.

« Des cocos aux gaullistes », schématise Sébastien Jumel. Le député communiste prévient :

« Macron doit arbitrer sur l’espace qui lui reste pour passer des réformes, avant de prendre la présidence du Conseil européen. Nous lui signifions aujourd’hui qu’il n’y aura aucun espace pour qu’Hercule passe tranquillement. »

Politiquement aussi, on montre les muscles. La loi climat post-Convention citoyenne offre à l’exécutif de passer par ordonnances, en zappant le Parlement. « Pas question de leur laisser ce chèque en blanc ! » tonne ­Sébastien Jumel.

Les embûches s’amoncellent sur la voie herculéenne.

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