Antilles : Le dialogue est rompu entre les syndicats et le ministre

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Antilles : Le dialogue est rompu entre les syndicats et le ministre

Devant les manifestations spectaculaires de ce week-end le gouvernement a du se résoudre à bouger. Le ministre des Outre-Mer est arrivé sur place dimanche d'autant que depuis quelques jours, la tension est palpable. Le ministre des Outre-Mer est sur place soit pour provoquer ce qui ne sera pas bien perçu soit pour tenter d'apaiser une situation compliquée mais où les exigences sont claires..

Le mouvement social en cours continue de créer une tension rarement vue depuis 2009. La Martinique et la Guadeloupe sont au cœur de l'affrontement avec le pouvoir politique qui voudrait rester impassible. Pourtant il a du tenir compte de la force des mobilisations, pour tenter de faire face à la situation, Sebastien Lecornu, ministre des Outre-Mer est arrivé sur place.

Une première rencontre avec les syndicats a eu lieu en préfecture de Pointe-à-Pitre. Mais à peine dix minutes après, les quatre représentants syndicaux sont ressortis de la sous-préfecture. Le ministre des Outre-Mer a demandé de condamner clairement les actes de violences survenus. Une demande qui s'est soldée par un refus catégorique des syndicalistes qui étaient en train de défiler sous les fenêtres du ministre. De plus, loin de répondre aux enjeux, il a parlé d’« autonomie » pour la Guadeloupe.

En créole, on appelle cela des « sanblés », des rassemblements politiques et culturels. Samedi, les Guadeloupéens se sont mobilisés en masse, à l’appel du Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), dans les deux chefs-lieux de Pointe-à-Pitre, où la manifestation a débuté devant le CHU, et Basse-Terre.

Plusieurs milliers de manifestants ont défilé, en présence des groupes de carnaval. Ces associations constituent le cœur de l’identité guadeloupéenne : le signe que ce mouvement porte en lui de multiples revendications sociales, politiques et culturelles, qui dépassent de beaucoup la question de départ qui a mis le feu aux poudres, à savoir l’obligation vaccinale des personnels soignants et les sanctions à l’encontre des salariés concernés non vaccinés.

« Depuis le début, le gouvernement a essayé de diaboliser le mouvement, de faire passer les revendications pour celles d’une minorité. C’est faux, et nous venons d’en faire la démonstration », s’est félicitée Maïté Hubert-M’Toumo, secrétaire générale de l'UGTG, le principal syndicat de l’archipel et cheville ouvrière du mouvement. Avant de poursuivre : « Nous voulons renforcer la lutte jusqu’à ce qu’il négocie avec nous et réponde à nos revendications. »

Le gouvernement recule en repoussant l’obligation vaccinale

La situation reste tendue. Les couvre-feux décrétés sur les deux territoires de 18 heures à 5 heures ont vidé les rues, et si la nuit a connu une accalmie relative, la fin de semaine a été marquée par plusieurs affrontements et des barrages filtrants.

En Martinique, la préfecture fait état d’ « événements d’une intensité particulière à Schœlcher et Fort-de-France », avec notamment le « vol de gilets pare-balles dans les locaux de la police municipale »,« quatre gendarmes ont été blessés par des tirs de plomb ». Auparavant, dans la nuit du 25 au 26 novembre, des coups de feu ont été tirés en direction de quatre journalistes qui filmaient et photographiaient un barrage en feu.

C’est dans ce contexte que le ministre est – enfin – arrivé dimanche. Avec dans sa besace de maigres réponses aux revendications sanitaires et sociales : un report au 31 décembre de l’obligation vaccinale pour les personnels soignants et les pompiers, et une possibilité de reconversion pour les personnes qui refuseraient la vaccination.

Le ministre a toutefois refusé de surseoir à l’obligation vaccinale : « La loi de la République s’applique dans l’ensemble des départements français », tout en assurant vouloir « un dialogue individuel pour trouver une solution au cas par cas ». Sur le plan social, il a annoncé la création de « 1 000 emplois aidés pour les jeunes » dans les collectivités et les associations, ainsi qu’un « plan d’actions concrètes » à négocier sur place.

Santé, carburant, jeunesse : vers une ouverture des discussions

Le ministre sera mardi en Martinique où le mouvement social a débuté le 22 novembre et des négociations sont déjà entamées. Un accord de méthode a été trouvé avec l’État, les élus locaux et l’intersyndicale, afin d’ouvrir des « discussions sur les principales problématiques : santé, prix des carburants, jeunesse, transports, etc. ».

La surprise du week-end est venue de Sébastien Lecornu avec son plus d’ « autonomie », notamment pour la Guadeloupe, qui ne serait « certainement pas l’indépendance ». Une proposition étayée par un argumentaire condescendant type de la macronie : « D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer elle-même. Ils souhaitent moins d’égalité avec l’Hexagone. » Une sortie en forme de diversion qu’Élie Domota, porte-parole du LKP, a jugée « hors sujet », renvoyant le ministre sur le terrain des « manifestants qui n’ont jamais été entendus ».

Les élus locaux demandent toujours la venue d’une « délégation interministérielle pour régler les problèmes des Guadeloupéens ». Le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure des problèmes que connaissent les Antilles : la relégation sociale et le mépris de l’État.

Répression judiciaire
 
Deux semaines après le début de la mobilisation, la réponse de la justice se distingue par sa rapidité et sa fermeté, fidèle à l'autoritarisme du pouvoir en place depuis 2017. Gabriel Attal, a annoncé « près de 150 interpellations depuis le début de cette situation en Martinique et Guadeloupe ». Plus de 110 personnes ont été arrêtées et présentées devant les deux juridictions guadeloupéennes de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre. Le dispositif sécuritaire comporte hélicoptères, drones et snipers du GIGN.
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